Les infirmiers souffrent d’un manque de reconnaissance au regard des compétences et des responsabilités qui sont les leurs. Manque de moyens, de ressources humaines, faible rétribution… Trente-trois organisations se sont unies pour faire entendre leur voix ce 1er octobre 2020.
"Au printemps dernier, lors de la crise sanitaire, les professionnels infirmiers ont répondu présents avec efficacité et exemplarité, malgré les manques. Notre profession s’est donnée sans compter, comme elle le fait en temps ordinaire en accompagnant les patients et leurs proches. Notre expertise et nos domaines de compétences sont au service de nos concitoyens. Aujourd’hui, les infirmier.e.s libéraux.ales subissent de plein fouet les retombées économiques de la crise COVID19 et la Caisse Nationale d’Assurance Maladie s’apprête à réviser leurs rémunérations à la baisse", écrivent les 33 organisations dans un communiqué.
Déçues par un Ségur de la santé, qui n’a, selon elles, pas rempli ses objectifs, les organisations infirmières continuent de dénoncer le manque de lits, le manque de postes et des salaires toujours inférieurs à la moyenne européenne. Et de poursuivre : "Les compétences et expertises des 700.000 professionnels infirmiers sont bridées par la règlementation. Le décret de compétences n’a pas été réactualisé depuis 2004, alors que les techniques de soins et l’accompagnement des parcours de santé évoluent. Des exercices infirmiers spécifiques tardent à être reconnus : Infirmier.e de l’Education Nationale, Infirmier.e en Santé au travail, Infirmier.e. coordinateur.trice. Le référentiel de formation des IBODE (Infirmier.e.s de Bloc Opératoire Diplômé.e.s d’Etat) et des IPDE (Infirmier.e.s Puériculteurs.trices Diplômé.e.s d’Etat) n’est toujours pas réactualisé, malgré les engagements ministériels, année après année."
Etre constructifs
Malgré la déception, la profession affiche la volonté de se battre et de présenter des propositions aux « Etats Généraux Infirmiers » qui se déroule ce 1er octobre. La journée s’organise autour de 5 tables rondes : Formation, premiers recours, consultation infirmière, e-santé, prévention et promotion de la santé. Les organisations infirmières rencontreront ensuite les parlementaires dans leurs circonscriptions afin de leur présenter leurs propositions et de les inviter à déposer des amendements en ce sens.
Quatre grandes orientations ont pour l’heure été travaillées.
1) L’augmentation du niveau d’autonomie et de responsabilité
• La participation à la gouvernance.
• L’accès au premier recours.
• La reconnaissance et la valorisation de la consultation infirmière.
• L’officialisation et la valorisation des activités déjà pratiquées par les infirmier.e.s qui ne bénéficient pas d’une reconnaissance.
• Le renforcement et la mise en place de recherche en soins infirmiers réalisé par des infirmier.e.s dans tous les secteurs d’activité.
• Le statut de salarié protégé pour les infirmier.e.s en santé au travail comme pour les médecins du travail.
2) L’arrêt immédiat d’un système médico-centré pour l’adoption d’un système centré sur le patient
• L’association des infirmier.e.s et des usager.e.s aux prises de décisions concernant le parcours de soins du patient, la coordination de ce parcours, prenant en compte l’intégralité de son contexte de vie, en passant par les structures de soins et jusqu’à son retour au domicile.
• L’abrogation des termes d’auxiliaires médicaux et paramédicaux au profit du terme de professionnels de santé infirmiers.
• La modification de la structure du code de la Santé publique afin que toutes les professions de santé bénéficient d’une reconnaissance équivalente à leur degré de compétences.
3) La revalorisation des niveaux de rémunération sans contrepartie
• Une hausse significative des salaires (conforme au salaire infirmier moyen européen).
• Une hausse significative des honoraires.
4) L’amélioration significative des conditions de travail (matériel, ressources humaines et formations) qui contribuera à prévenir l’épuisement des professionnels et sera propice à l’encadrement des étudiant.e.s infirmier.e.s
• Etablir un ratio patients ou lits / soignant qui garantira la sécurité des patients tant sur le plan des soins à prodiguer, que sur le plan physique et psychique.
• Reconnaitre et avoir une meilleure prise en compte des soins infirmiers réalisés à partir de leurs compétences (soins techniques, écoute, observations, accompagnement, surveillance, relation d’aide, et d’éducation thérapeutique notamment…).
• Définir les besoins en santé d’un bassin de population afin de mettre en adéquation la réponse de l’offre de soins dans les territoires concernés.
"Nous sommes une profession unie, dont chacune des spécialités est une force vive qui œuvre au quotidien, animés par un seul objectif : consolider la qualité et la sécurité des soins. Avec ces Etats Généraux, nous exprimons tout notre engagement au service des patients dans un contexte où plus que jamais nous avons notre rôle à tenir", concluent-elles.