Le Centre Hospitalier Lyon-Sud (CHU de Lyon) vient d’être labellisé centre d’essais cliniques de phase précoce en cancérologie par l’INCa (Institut National du Cancer). Cette labellisation va permettre à plusieurs centaines de patients atteints de cancer d’accéder à de nouvelles molécules, non encore commercialisées, dans le cadre d’essais cliniques.
La plateforme d’essais cliniques de phase I en cancérologie du CHU de Lyon, située au Centre Hospitalier Lyon-Sud (CHLS), fait partie des 16 centres d’essais cliniques de phase précoce labellisés par l’INCa (Institut National du Cancer) au niveau national. Cette reconnaissance apporte aux équipes d’hématologie clinique (Prs Bertrand Coiffier et Gilles Salles) et d’oncologie médicale (Prs Véronique Trillet-Lenoir et Gilles Freyer) une meilleure visibilité nationale et internationale, qui permettra de proposer davantage de médicaments anticancéreux innovants aux malades.
Une chance supplémentaire pour les malades
Les essais cliniques sont une étape obligatoire et systématique du développement d’un médicament. Dans leur phase précoce, ils visent à tester, chez des patients volontaires, de nouvelles molécules dont l’efficacité a été démontrée en laboratoire, mais dont on ne connaît pas encore précisément l’efficacité ni la toxicité chez l’homme.
Au CHLS, ces essais sont proposés aux volontaires atteints de cancer dans deux cas
– Malades souffrant de pathologies fréquentes, pour lesquels les molécules commercialisées et référencées n’ont pas donné de résultats satisfaisants. Tous les types de cancers sont concernés, tant en hématologie (leucémie, lymphome) que pour les tumeurs solides (cancers du sein, côlon, pancréas, cancers urologiques…)
– Malades atteints de pathologies cancéreuses orphelines (cancers rares), pour lesquelles il n’existe pas ou peu de traitements. A noter dans ce domaine, la complémentarité avec les centres de référence « cancers rares » du CHU de Lyon, également labellisés par l’Inca (par exemple, le Centre de Référence des tumeurs rares du péritoine).
En tant que centre labellisé, le CHLS va bénéficier d’une enveloppe de 250 000 ? sur 4 ans pour renforcer les essais cliniques précoces. Le nombre de patients ayant accès aux agents anticancéreux innovants devrait ainsi passer de quelques dizaines à quelques centaines.
Tester des traitements anticancéreux jusqu’ici disponibles seulement aux Etats-Unis
La labellisation donne aux chercheurs du CHLS la possibilité de répondre aux appels d’offre du National Cancer Institute américain, dans le cadre d’un accord de collaboration avec l’Inca. « Jusqu’ici, les patients européens étaient pénalisés, car les laboratoires pharmaceutiques d’Amérique du Nord privilégiaient les centres d’essais proches géographiquement », explique Véronique Trillet-Lenoir, Chef du service d’Oncologie médicale au CHLS. « La demande des patients est très supérieure à l’offre de nouveaux médicaments anticancéreux. Il est donc essentiel de pouvoir développer de nouvelles molécules qui ne sont pas disponibles en Europe. »
Les biomathématiques contre le cancer
La plateforme d’essais cliniques du CHLS a acquis une expertise dans le développement de stratégies de modélisation, reconnue au niveau international. Les chercheurs étudient à la fois le dosage des médicaments dans l’organisme (pharmacocinétique) et leurs effets sur la tumeur (pharmacodynamique) par différentes techniques de biologie et d’imagerie. Ces données nombreuses et complexes sont intégrées dans des programmes informatiques sophistiqués et élaborés en collaboration avec les biomathématiciens. L’analyse de ces données permettra ultérieurement d’aider à prédire les effets des drogues et à améliorer la manière de les administrer la plus efficace et la mieux tolérée possible.