Accidents vasculaires cérébraux, hypertension artérielle, diabète, myopathies, cancer, infarctus, le traitement de ces pathologies peut être lié à la réactivité des artères de résistance. Tels sont les nouveaux axes de recherche définis dans le cadre du huitième symposium qui s’est déroulé à Angers du 21 au 23 juin. Cette rencontre internationale a été organisée sous la présidence du Docteur Daniel Henrion, Directeur de Recherche à l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), récemment arrivé à Angers pour créer une unité de recherche du CNRS (UMR 6188). Elle travaille en étroite collaboration avec plusieurs services du Centre Hospitalier Universitaire d’Angers (laboratoire d’explorations vasculaires, chirurgie vasculaire et services de médecine…).
Il y a encore une dizaine d’années, les artères de résistance n’inspiraient que quelques chercheurs isolés. Aujourd’hui, 150 scientifiques venus de toute l’Europe, des USA, du Canada ou encore du Japon, de Chine et d’Australie ont mis en commun les résultats de leur recherche fondamentale ou clinique. Priorité a été donnée aux découvertes dans le domaine de la biologie moléculaire ou cellulaire, appliquées à la microcirculation et apportant des éclairages nouveaux sur les pathologies humaines. Les nouvelles technologies d’investigation étaient aussi à l’honneur puisque les artères de résistance ont pour particularité d’être infiniment petite et invisible à l’oeil nu (les plus grosses font 1 à 2 dixièmes de millimètre). Aussi, leur exploration fait-elle appel à des techniques d’investigations in vivo très spécifiques comme la microscopie intravitale [1] ou la débit-métrie Doppler [2].
Les pathologies humaines révélant leur aspect vasculaire sont de plus en plus nombreuses. Aussi, en établissant une synthèse des dernières découvertes et des besoins imposés par ces pathologies, les grands axes de recherche futurs ont pu être abordés.
– Les accidents vasculaires cérébraux sont toujours aussi mystérieux quant à leur origine réelle.
– L’Hypertension artérielle, pourtant étudiée depuis 50 ans n’est correctement traitée que chez 50% des hypertendus, et là, seule l’étude des vraies cibles (les artères de résistances !) apportera des solutions.
– Le diabète provoque des lésions graves et handicapantes par ces effets sur les artères de résistance. La mise au point de modèles d’étude fiable permet de débuter des études encourageantes.
– Un mauvais développement des artères de résistance vient d’être découvert dans les myopathies. Un nouveau champ d’investigation s’ouvre.
– Les artères de résistance irriguant les tumeurs devraient devenir des cibles privilégiées dans la lutte contre le cancer
– A l’opposé de l’exemple précédent, dans les pathologies ischémiques (typiquement, l’infarctus du myocarde) pousser les artères de résistance à recoloniser l’organe atteint est un but prioritaire de nombre de chercheurs.
Les artères de résistances modulent leur diamètre
Les artères de résistance sont situées entre les capillaires et les artères de gros calibres dites artères de compliance. Elles jouent un rôle essentiel dans la perfusion de tous les tissus et un rôle critique dans les organes « sensibles » comme le cerveau, le coeur ou les reins. Elles sont donc au premier rang dans les pathologies à composante vasculaire (Hypertension, accidents vasculaires cérébraux, insuffisance rénale, infarctus ou diabète).
Méconnues du grand public, elles représentent néanmoins la majorité des artères (on parle d’au moins 1 km d’artères de résistance chez un adulte).
Ainsi, contrôlent-elles les débits sanguins locaux [3]. Ce contrôle est dû à la capacité de ces artères à moduler leur diamètre en fonction des conditions hémodynamiques et neuro-humorales locales.
Le fait que leur diamètre soit modulable a plusieurs conséquences – Dans l’effort, il faut augmenter le débit sanguin vers les muscles et le coeur et le diminuer dans les intestins.
– Dans le cerveau, le débit sanguin varie dans chaque partie des hémisphères cérébraux en fonction de l’activité (vigilance, calcul, sommeil&)
– A long terme, le diamètre peut changer définitivement (on parle alors de remodelage) si le débit sanguin change durablement (augmentation chez un sportif, baisse dans un muscle ischémié comme un coeur après infarctus)
– La densité des artères de résistance peut aussi changer (baisse dans l’hypertension, ce qui va en aggraver les conséquences)
Il est donc important, pour prendre en charge certaines pathologies, de connaître la physiologie exacte et le fonctionnement de ces artères de résistance.
Des artères aux réactivités insoupçonnées
Ces techniques ont permis de découvrir l’incroyable diversité de réactivité et de structure des artères de résistance. Cette diversité dépend des conditions physiopathologiques, des organes et des espèces considérés.
Cette diversité et la taille réduite des prélèvements disponibles rendent particulièrement délicate l’étude des artères de résistance. Sous l’impulsion de pionniers dans l’étude des artères de résistance, la nécessité est apparue d’organiser des symposiums spécifiquement consacrés à ces artères. Ces rencontres sont à l’origine des rapides progrès et une compréhension accrue de la physiologie de la microcirculation ainsi que la découverte de pistes inattendues dans la pathophysiologie de maladies majeures comme l’hypertension artérielle, le diabète, le vasospasme cérébral ou les pathologies ischémiques.
Un nouvel essor
De nouvelles technologies [4] permettent une dissection fine des mécanismes mis en jeu dans l’homéostasie vasculaire locale [5]. De plus la biologie moléculaire, grâce à de nombreuses améliorations techniques, devient réalisable à partir des prélèvements invisibles à l’oeil nu, comme c’est le cas des artères de résistance.
Ces techniques s’appliquent à des artérioles [6] provenant aussi bien de souris transgéniques que de sujets sains ou de patients souffrants de pathologies à composante microvasculaire.
Pour en savoir plus
Dr Daniel Henrion
Directeur de Recherche de l’INSERM
CNRS – UMR 6188
Faculté de Médecine
Tel. 02 41 73 58 78
Daniel.Henrion@med.univ-angers.fr
Tel. 02 41 73 58 45 (secrétariat)
Pr Georges Lefthériotis
Laboratoire EFV CHU-Angers
Laboratoire de Physiologie Angers
Tel. 02 41 35 36 89
Geleftheriotis@chu-angers.fr