Pour améliorer leurs performances, certains sportifs utilisent des substances interdites, c’est pourquoi des antennes médicales de prévention du dopage ont été créées. Chaque antenne est forcément hospitalière, et au CHU de Nancy, elle est portée par le service de médecine du sport dirigé par le Pr Bruno Chenuel (Service des Examens de la Fonction Respiratoire et de l’Aptitude à l’Exercice – Brabois adultes). C’est dans le cadre d’un partenariat passé entre le Ministère des sports, de la jeunesse et de la cohésion sociale et le CHU de Nancy que cette antenne médicale de prévention a vu le jour en 1991 et se traduit par un accueil des sportifs, élargi à une prise en charge plus générale. Explications.
L’Antenne médicale de prévention du Dopage de Lorraine prend en charge les personnes convaincues de dopage (positives à un contrôle anti-dopage), mais agit beaucoup en amont en insistant sur la prévention, car cette conduite dangereuse visant à améliorer les performances, peut s’étendre au milieu du travail ou à l’école. Depuis 1991, elle vise à lutter contre ces pratiques mais surtout à mettre en place des campagnes de prévention, principalement à destination des jeunes sportifs scolarisés. L’intervention dans les milieux institutionnels et dans les pôles sportifs de Lorraine qu’ils soient Espoir ou France, permet aux professionnels de l’établissement d’être au contact des entraîneurs et de ceux qui encadrent les jeunes pour les sensibiliser en permanence à la dangerosité de ces pratiques.
Le dopage sportif, qui vise à l’amélioration des performances sportives à travers l’utilisation de produits interdits dont la liste est publiée chaque année par l’AMA (Agence Mondiale Antidopage), s’inscrit dans le problème plus général des conduites dopantes, qui peuvent conduire aux addictions. Les conduites dopantes n’utilisent pas forcément de drogues illicites, mais elles reposent sur le fait qu’une personne consomme une substance chimique ou un médicament pour affronter un obstacle, réel ou ressenti, et/ou pour améliorer ses performances, qu’elles soient physiques, intellectuelles, artistiques, etc.
La consommation d’un litre de café chaque matin pour réussir à travailler n’est pas répréhensible par la loi, tout comme la prise d’antalgiques pour un sportif, mais elle contribue à développer une conduite dopante et source de dépendance. La recherche d’amélioration de performance par la prise de produits pas forcément illicites, liée au stress professionnel ou scolaire par exemple, est clairement une conduite dopante et potentiellement addictive.
La prévention déployée par l’antenne du CHU a pour vocation de diminuer les cas de dopages effectifs : « En sachant que lorsque quelqu’un commence avec un produit dopant anodin, il y a de grandes chances que cela se termine avec un produit beaucoup plus incisif » précise le Pr Bruno Chenuel. L’enjeu de l’antenne réside donc dans sa prise de position et son engagement à lutter contre ces pratiques qui peuvent parfois engager le pronostic vital du sportif, en particulier en accentuant le risque de mort subite.
Au-delà des risques sanitaires, c’est bien entendu l’arrêt de la carrière sportive qui est aussi en jeu. Parmi les missions de l’antenne médicale de prévention du dopage, il y a le suivi médical obligatoire pour les sportifs détectés positifs au contrôle anti-dopage. Comprendre pourquoi l’athlète a mis le doigt dans cet engrenage et essayer de l’en sortir pour éviter les complications : « Le plus gros du travail se fait par l’écoute et le conseil. Au quotidien, nous avons surtout des questions de personnes qui veulent prendre un médicament pour une raison x ou y, comme un rhume par exemple, et qui se demandent si une substance interdite par le code du sport y serait présente, explique Bruno Chenuel, car pour le coup ils seraient considérés comme dopés en cas de contrôle ». Une mission qui vise à rendre les sportifs beaucoup plus méfiants vis-à-vis de l’automédication et de ce qui entoure l’amélioration des performances (compléments alimentaires, hydratation, etc).
L’antenne de prévention du dopage du CHU de Nancy, financée directement par le ministère des sports et s’appuyant sur le maillage régional, permet de travailler main dans la main avec les médecins des fédérations sportives. Elle peut aussi plus facilement aider les sportifs à s’en sortir, sans sanction, car la lutte médicale contre le dopage ne s’inscrit pas dans une trajectoire coercitive. « Nous ne pouvons empêcher complètement les sportifs de prendre des produits illicites, c’est une structure d’aide, précise le Pr Bruno Chenuel, le dopage a toujours existé, malheureusement il existera probablement toujours, mais des règles de conduite ont été édictées pour qu’il y en ait le moins possible ».
Aucun chiffre ne permet à ce jour d’évaluer si le phénomène est en hausse au niveau national car la probabilité de subir un contrôle antidopage est faible : 15 millions de licences sportives délivrées pour moins de 8 000 contrôles par an.
Des travaux de recherche déposés conjointement par le CHU lorrain et la direction régionale jeunesse, sport et cohésion sociale de Lorraine sont menés pour améliorer la formation des médecins dans ce domaine, notamment avec les jeunes sportifs en devenir. L’environnement de l’athlète, de même que l’intégrité des valeurs du sport contre la pratique éthiquement répréhensible du dopage, synonyme de triche, doivent être pris en compte pour mieux préserver sa santé. Une lutte pour le pousser à reprendre confiance en lui et dire « le dopage, je n’en ai pas besoin ! »
Contact :
Guide des consultations adultes du CHU de Nancy, rubrique Addiction – www.chu-nancy.fr,
Écoute dopage : 0 800 15 2000
www.ecoutedopage.fr