3 patients de l’AP-HM ont bénéficié d’une reconstitution de la cornée selon une technique chirurgicale de pointe très complexe appelée ostéo-odonto-kératoprothèse. Ces personnes âgées entre 50 et 60 ans souffraient de cécité cornéenne bilatérale et avaient reçu une greffe cornée sans succès du fait d’une atteinte trop sévère de la surface oculaire. Ils étaient alors éligibles à cette nouvelle intervention que seule une dizaine de centres au monde réalise dont le service d’ophtalmologie de l’AP-HM.
Aujourd’hui les patients opérés ont recouvré partiellement la vue. 2 autres patients seront opérés selon ce protocole dans les prochains mois. Cette intervention hors du commun a été conduite par le Pr Louis Hoffart, service d’ophtalmologie de la Timone et du Pr Laurent Guyot, service maxillo-faciale de l’hôpital Nord.
L’opération qui a duré 2 fois 3 heures a permis à 2 patients de passer de la seule perception de la lumière à une acuité visuelle de 1/10eme. Certaines publications rapportent qu’une acuité visuelle de 7/10eme peut être atteinte. Grâce à l’implication des praticiens et à leur vocation hospitalo-universitaire, cette procédure chirurgicale donne un nouvel espoir aux patients ayant connu plusieurs échecs de greffes.
Technique de pointe de la reconstruction de la cornée, l’ostéo-odonto-kératoprothèse est un traitement lourd, réservé aux équipes hospitalo-universitaire. Pratiquée pour la première fois dans les années 1970, cette intervention a énormément évolué ces dernières années grâce aux progrès de la microchirurgie en ophtalmologie.
Opération de la dernière chance pour rendre la vue, elle est utilisée dans les cas de cécité cornéenne bilatérale après échec d’une transplantation de greffons humains. L’ostéo-odonto-kératoprothèse (OOKP) est une prothèse mixte os-dent-plexiglas. L’idée est d’utiliser le tissu dentaire du patient pour soutenir une prothèse artificielle oculaire (Un cylindre en plexiglas faisant office de lentille à focale fixe) qui permet à la lumière d’atteindre la rétine et de rendre la vue. La dent est un tissu qui ne se résorbe pas. Cette propriété lui confère une meilleure stabilité dans le temps et lui permet de soutenir la prothèse.
Dans le premier temps chirurgical, la dent retenue – en règle générale une canine – est prélevée avec une bande osseuse maxillaire, par un chirurgien maxillo-facial. La dent prélevée est préparée de façon à obtenir un côté plat. Par la suite le plexiglas faisant office de lentille est alors inséré dans la dent. La prothèse mixte est ensuite provisoirement implantée pour trois mois au niveau de la joue pour favoriser la vascularisation et la fibrose.
Trois mois plus tard, la prothèse est extraite de son emplacement provisoire et l’œil est préparé pour la recevoir.
La mise au point en CHU de ce traitement de pointe représente un espoir pour les patients qui ont accès aux dernières innovations thérapeutiques. A l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille, les équipes médicales et soignantes adoptent au quotidien des traitements de pointe qui les placent aujourd’hui à l’avant-garde de domaines très prometteurs comme la chirurgie opthalmologique.