Selon l’OMS, le nationalisme vaccinal pourrait coûter jusqu’à 9200 milliards de dollars à l’économie mondiale

Auteur /Etablissement :
Le manque d’équité concernant l’accès aux vaccins constituerait non seulement «un échec moral catastrophique mais également un échec économique» alerte l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Alors qu'une cinquantaine de pays ont commencé leur campagne vaccinale contre la COVID-19, elle en appelle aux régions développées pour soutenir le reste du monde.

Le manque d’équité concernant l’accès aux vaccins constituerait non seulement «un échec moral catastrophique mais également un échec économique» alerte l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Alors qu’une cinquantaine de pays ont commencé leur campagne vaccinale contre la COVID-19, elle en appelle aux régions développées pour soutenir le reste du monde.
Avec près de 100 millions de cas de COVID-19 signalés dans le monde, l’OMS a appelé tous les pays à entamé leur campagne de vaccination dès les premiers mois de l’année 2021. A cette date, seule une cinquantaine a répondu à l’appel, faute de moyens pour la majorité des autres de vacciner leur population. Lors du dernier point sur la pandémie, le 25 janvier, le Dr Tedros, directeur de l’organisation mondiale pointe cet «échec moral catastrophique» et le lourd impact qu’il pourrait avoir sur l’économie mondiale.
Et de fait, selon l’Organisation internationale du travail (OIT), c’est 8.8 % du travail mondial qui a été perdu, durant l’année 2020. Une diminution qui a entrainé «une baisse des revenus mondiaux du travail équivalent à 3 700 milliards de dollars ». Pour envisager un rétablissement économique et une reprise du marché mondial du travail durant le second semestre 2021, l’OMS insiste sur le nécessaire soutien international à la vaccination dans les pays aux revenus faibles ou intermédiaires.
« La santé et l’économie sont étroitement liées »
Cette analyse est étayée par une étude commandée par la Fondation pour la recherche de la Chambre du commerce international (ICC) qui rappelle que les différentes économies sont «interconnectées par des liens commerciaux et des liens de productions».
« Même si l’on parvient à une vaccination universelle dans les économies avancées, il subsistera un énorme impact sur le secteur des échanges, puisque ces économies avancées sont largement connectées aux échanges internationaux», détaille Sebnem Kalemli-Özcan, coauteure du rapport et professeur d’économie à l’université du Maryland. Non seulement ces économies avancées vont sentir cet impact, mais elles vont devoir en supporter la moitié ».
Cette étude montre en l’occurrence qu’a défaut d’une cohésion internationale dans le déploiement de la vaccination, la juxtaposition de campagnes vaccinales nationales, pourrait coûter jusqu’à 9200 milliards de dollars à l’économie mondiale. De plus, près de la moitié de ce coût – 4 500 milliards – serait reporté sur les économies les plus riches. Pour John Denton, secrétaire général de la ICC, cela ne revient pas à un acte de charité : «c’est du bon sens économique!».

Une alternative solidaire et gagnante

Une initiative internationale a déjà été lancée fin avril 2020 dans ce sens, même si trop modeste à ce stade pour supporter une campagne vaccinale de cette ampleur. ACT, pour Access to Covid-19 Tools, est un dispositif destiné à fournir du matériel médical aux pays à faibles revenus. L’enjeu étant d’accélérer la rapidité de diagnostics, de traitements et de vaccins contre le virus.
Le directeur général de l’OMS souligne qu’en comparaison aux potentiels 9200 milliards de perte mondiale, «le déficit de financement du dispositif s’élève à 26 milliards de dollars». De plus, l’étude de l’ICC établit que si ce dispositif était entièrement financé, «l’accélérateur ACT rapporterait jusqu’à 166 dollars pour chaque dollar investi».
Pour en savoir plus : Point de situation COVID-19 de l’OMS-25 janvier 2021
 Titouan De Sousa et Betty Mamane

À lire également

Première mondiale : Le CHRU de Tours annonce l’administration chez l’homme d’un vaccin nasal contre la COVID-19

Une étape majeure dans le développement du vaccin nasal contre la COVID-19 vient d’être franchie : le CHRU de Tours et l’ANRS – Maladies infectieuses émergentes sont autorisés à débuter l’essai clinique MUCOBOOST. Ce candidat vaccin, administré sous forme de spray nasal et développé par la start-up tourangelle Lovaltech, pourrait révolutionner la prévention des infections respiratoires, positionnant la France comme pionnière dans la vaccination nouvelle génération.

Un espoir inattendu dans le traitement de la sclérose en plaques

Le 10 mars 2015 a été publiée dans The Journal of the American Médical Association (JAMA) une étude dirigée par le Pr Eric Thouvenot, chef du service de neurologie du CHU de Nîmes. Celle-ci tend à mettre en exergue l’efficacité de l’utilisation de la vitamine D dans le traitement de la sclérose en plaques. Une avancée dans les promesses de traitement de cette maladie dont les causes ne sont toujours pas entièrement comprises.

Maladies rares : lancement de deux projets de recherche pour mieux comprendre les hépatites auto-immunes

A l’occasion de la journée internationale des maladies rares, l’équipe de l’Institut des Maladies de l’Appareil Digestif du CHU de Nantes, en étroite collaboration avec les chercheurs du Centre de Recherche en Transplantation et Immunologie Translationnelle, lance actuellement deux projets de recherche afin de mieux comprendre les mécanismes immunitaires mis en jeu dans les hépatites auto-immunes, des origines jusqu’au suivi clinique des patients.