Si la poursuite de la grève dans les services d’urgence a épisodiquement retenu l’attention des médias, l’actualité des deux dernières semaines d’août a surtout été marquée par la publication, toujours très attendue, du Palmarès du Point. La presse a aussi retenu l’aggravation de la pénurie de médicaments, les nouveaux textes réglementaires relatifs à la pratique avancée infirmière, une cyberattaque hospitalière et les nouvelles menaces sur l’Aide médicale de l’Etat.
Le classement du Point
Evénement toujours très attendu, l’hebdomadaire le Point a publié le 22 août son Palmarès 2019 des hôpitaux et cliniques.
Bordeaux, Lille, Toulouse, les trois CHU habitués du podium se retrouvent une nouvelle fois dans le Top 3 des meilleurs hôpitaux de France mais l’ordre diffère un peu du classement 2018 qui avait consacré Toulouse, Bordeaux, Lille. Et Réseau CHU de poursuivre « Pour les hôpitaux, la liste se poursuit avec les CHU de Strasbourg (4e), Montpellier (5e), Nantes (6e), la Pitié-Salpêtrière AP-HP (7e), Nancy (8e), Rennes (9e), Grenoble (10e), Tours, Amiens, Nice, Dijon, Rouen, Clermont-Ferrand, Lyon Est (HCL), Angers, Caen, La Timone (AP-HM), Poitiers, Saint-Etienne, Besançon, Lyon-Sud (HCL), Nîmes, Reims, Brest, Hôpital Européen Georges Pompidou (AP-HP), Limoges, Necker (AP-HP), Cochin (AP-HP)… Au total les CHU occupent 38 places sur les 50 du tableau d’honneur ».
Suite à cette publication 8 CHU ont exprimé leur fierté et remercié leurs équipes. Des satisfecit largement repris dans la presse nationale et régionale
Bordeaux : 1er au palmarès 2019 des hôpitaux
Le CHU de Lille : 2ème meilleur hôpital de France
Toulouse : pour la 22e fois sur le podium au Palmarès 2019 du Point
Le CHU de Montpellier 5ème au palmarès 2019
Le CHU Amiens-Picardie 12e et fier de ses équipes !
Palmarès : le CHU Dijon Bourgogne 14e meilleur hôpital de France
Le CHU de Clermont-Ferrand 16e meilleur hôpital de France
Le CHU de Saint-Etienne classé 22e meilleur établissement de santé en France
Grèves
Le mois d’août a vu se poursuivre la grève des urgences. « Ce jeudi 1er août 2019, 213 services d’Urgences sur 600 étaient en grève en France », titre Top Santé. « Débutée le 18 mars dernier après des agressions contre le personnel de l’hôpital Saint-Antoine (75), la grève des Urgences ne s’essouffle pas : si 101 services d’Urgences étaient en grève le 11 juin 2019, ils étaient 111 le 14 juin, 130 le 19 juin et 213 ce jeudi 1er août 2019. En visite à Verneuil-sur-Seine (78), Agnès Buzyn a reconnu » une crise qui persiste » : » il faudra trouver des solutions sur mesure sur le territoire. (…) Il y a une nécessité de repenser l’organisation des systèmes de santé « . La ministre de la santé a ajouté : » d’un site à l’autre, en fait, les problèmes sont différents. Et donc, il n’y a pas une solution unique qui s’adapterait à tous les services d’urgences de France « . Un peu plus de deux semaines plus tard, le 19 août, la tonalité reste la même sur le site Doctissimo : « Près de 5 mois après le début du mouvement de grève des urgences, le mouvement social ne faiblit pas. Près d’un tiers des services d’urgence y participe. La ministre de la Santé Agnès Buzyn devrait annoncer de nouvelles mesures dès la rentrée. » Et Le Figaro de titrer le 22 août : À l’hôpital, la crise des urgences s’enracine. A la veille de la rentrée, François Béguin relève dans Le Monde que « Ni la nouvelle « prime forfaitaire de risque » mensuelle de 100 euros net accordée en juin ni les aides exceptionnelles pour les établissements les plus en difficulté n’auront suffi à mettre un terme à l’un des plus importants conflits sociaux à l’hôpital public depuis des années ». Dans sa lettre du 29 août, Décision santé avance les chiffres de 195 services d’urgences en grève selon le ministère contre 223 pour le collectif Inter-Urgences.
Rappelons qu’en France, 497 services sont autorisés à disposer d’un service d’accueil et de traitement des urgences. Sur l’ensemble de ces services, plus de la moitié, 277, cherchent à recruter des médecins urgentistes titulaires. Au total 800 postes sont déclarés vacants selon les données du Centre national de gestion reprises par le Point du 22 août.
Pénurie de médicaments
L’autre préoccupation de l’été a concerné la pénurie de médicaments. Dans une tribune publiée le 17 août 2019 dans Le Journal du Dimanche, le professeur Jean-Paul Vernant et un collectif de médecins hospitaliers ont appelé à rapatrier en Europe la production des principes actifs pour lutter contre les pénuries de médicaments qui se multiplient. « Il y a dans la fabrication d’un médicament plusieurs intervenants. D’une part des laboratoires de chimie qui produisent le principe actif, d’autres part des laboratoires pharmaceutiques qui font le travail de façonniers et qui, après l’ajout d’excipients, fournissent le produit fini au dosage requis sous forme de gélules, de comprimés ou d’ampoules. Alors que ces laboratoires pharmaceutiques résident pour la plupart en Occident, la production des principes actifs de 80% des médicaments passés dans le domaine public a été depuis plusieurs années, pour des raisons de moindre coût, délocalisée en Inde et en Chine. Ces différents intervenants peuvent être à l’origine de ruptures d’approvisionnement. Une malfaçon du principe actif peut être à l’origine d’une pénurie qui sera d’autant plus grave et prolongée que le laboratoire en cause en est le seul producteur. Mais le plus souvent les ruptures d’approvisionnement sont liées à une incapacité plus ou moins prolongée de production des laboratoires pharmaceutiques -qu’ils soient eux-mêmes façonniers ou qu’ils aient confié cette tâche à des sous-traitants- souvent médiocrement intéressés par la fabrication de médicaments de faible rentabilité. Dans la plupart des cas, après des semaines ou des mois de pénurie, les médicaments réapparaissent sur le marché avec des augmentations non contrôlées des prix », écrivent-ils notamment.
Pratique avancée infirmière
Côté réglementaire, cinq nouveaux textes, parus au Journal Officiel les 12 et 13 août, sont venus encadrer la pratique avancée infirmière. Un décret et un arrêté parus le 12 août étendent et définissent le champ d’activité et de compétences de l’infirmier en pratique avancée dans le domaine d’intervention « psychiatrie et santé mentale ». Le décret vise « également à encadrer l’exercice des étudiants en formation au diplôme d’Etat d’infirmier en pratique avancée lors de leurs stages », décrypte Infirmiers.com
Cyberattaque
France 3 Régions a également relaté la cyberattaque qui a visé l’hôpital privé Clairval, dans le 9ème arrondissement de Marseille le 10 août et plus largement les 120 hôpitaux du groupe Ramsay. « L’attaque malveillante a bloqué tout le système informatique. On ignore en revanche s’il y a eu un vol de données sensibles, souligne la journaliste Emma Derome. Selon le groupe, « la continuité et la sécurité des soins n’ont pas été affectées ». Des opérations programmées et des prises en charge ont toutefois bien été annulées et reportées, sans conséquence pour les patients, selon nos sources. Au niveau administratif, depuis l’attaque, les rapports sur les actes médicaux se font à l’ancienne, au papier et au stylo. « Nous avons mis en place une procédure de crise très réglementée« , a commenté le groupe ».
AME : retour des inquiétudes
Enfin, le Télégramme fait état le 11 août d’une possible réforme de l’Aide médicale de l’État qui permet aux étrangers en situation irrégulière, résidant en France depuis plus de trois mois, de bénéficier d’un accès aux soins : « Perspective catastrophique » pour les uns, manœuvre symbolique pour les autres : plusieurs associations évoquent leurs « grandes inquiétudes » concernant une possible réforme de l’Aide médicale d’État (AME) pour les sans-papiers, dispositif qu’ils craignent de voir disparaître sur l’autel « d’un durcissement de la politique migratoire ». Les craintes de plusieurs associations sont liées au lancement d’une mission confiée à l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Inspection générale des finances (IGF), qui doivent rendre leur rapport au gouvernement, fin septembre-début octobre
L’AME représente un budget de quelque 943 millions d’euros et dont bénéficient plus de 300 000 personnes. Mais le journal rappelle aussi que « la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s’est toujours prononcée en faveur du maintien en l’état de cette aide, affirmant même que la raboter coûterait, in fine, plus cher. C’est aussi ce qu’affirment les organisations auditionnées, expliquant qu’en cas de réforme, les soins vont se reporter sur les urgences, engendrant des impayés pour les hôpitaux. »