Cancer des ganglions (lymphomes) et fertilité masculine : effet délétère variable des traitements sur la spermatogenèse

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Le Pr Louis Bujan* du CHU de Toulouse a étudié les conséquences des traitements sur la fertilité de 75 patients atteints de lymphome hodgkinien ou non hodgkinien en comparant leur sperme à celui d’un groupe contrôle composé de 257 hommes fertiles. L’étude révèle qu’après traitement, le taux de spermatozoïdes, le nombre total de spermatozoïdes, leur mobilité et leur vitalité ont diminué...

Le Pr Louis Bujan* du CHU de Toulouse a étudié les conséquences des traitements sur la fertilité de 75 patients atteints de lymphome hodgkinien ou non hodgkinien en comparant leur sperme à celui d’un groupe contrôle composé de  257 hommes fertiles.  Bien que le sperme des patients apparaisse déjà altéré avant le traitement, « sans facteur de risque identifiable », indiquent les auteurs, l’étude révèle qu’après traitement, le taux de spermatozoïdes, le nombre total de spermatozoïdes, leur mobilité et leur vitalité ont diminué, avec un minimum à trois mois et six mois.
La récupération de la production de spermatozoïdes varie en fonction du type de traitement mis en place et non pas du type de lymphome. Ainsi, le taux de spermatozoïdes était revenu à une valeur pré-thérapeutique 12 mois après un régime de chimiothérapie ABVD associé ou non à une radiothérapie, mais pas après une chimiothérapie CHOP ou MOPP. Alors qu’aucun patient n’avait une absence de spermatozoïdes avant traitement il est important de noter qu’à 24 mois 7% des patients présentaient une azoospermie. Une analyse statistique suggère que plus de 90% des patients devraient retrouver un taux de spermatozoïdes normal après traitement par ABVD ou ABVD + radiothérapie, contre 61% des patients après traitement par CHOP.
Les altérations de la chromatine et la fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes étaient plus importantes chez les patients avant traitement que dans le groupe contrôle traduisant un effet de la maladie elle-même. Elles diminuaient à partir de six mois et trois mois après traitement, respectivement, mais restaient plus élevées que dans le groupe contrôle.
Pour cette étude les CECOS de Caen, Clermont-Ferrand, Grenoble, Marseille, Paris Cochin, Paris Tenon, Rouen et Toulouse ont collecté des échantillons chez des hommes atteints d’une maladie de Hodgkin ou d’un lymphome malin non Hodgkinien, avant tout traitement puis ensuite à 3, 6, 12, 24 mois de la fin du traitement.
L’article paru en juin 2014 a fait l’objet d’un éditorial (« The Burden is upon Us » – en français : « Le fardeau est sur nous », de R.E. Brannigan) dans la revue Fertility and Sterility. Quant aux résultats concernant les anomalies des chromosomes du spermatozoïde après traitement, ils seront publiés prochainement indique le Pr Bujan.
« Cette étude qu’il convient de poursuivre souligne l’importance de la préservation de la fertilité et du suivi après les traitements tout en apportant des informations pertinentes afin de conseiller les patients souhaitant avoir des enfants », concluent les auteurs. Une recherche qui s’intègre totalement dans les objectifs du Plan Cancer III.
* Professeur Louis Bujan – praticien hospitalier au CHU de Toulouse, directeur du groupe de Recherche en Fertilité Humaine (Toulouse III) et président de la Fédération Française des Centre d’Étude et de Conservation des OEufs et du Sperme humain (CECOS)

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