En décembre 2009, l’équipe de Médecine Polyvalente – Gériatrie de l’hôpital Saint julien à l’origine de la création d’ateliers thérapeutiques a remporté le 1er prix du concours régional Normandie – Bretagne et Pays de Loire organisé par les laboratoires Janssen-Cilag « Trésor de Mémoire ». Un chèque de 5 000 € vient encourager cette nouvelle activité qui comprend des séances de gym douce, de toucher, de réminiscence et de travail cognitif. En réveillant une sensibilité enfouie, l’équipe redonne des repères aux patients perdus dans un univers « pas vraiment hospitalier ».
Les ateliers thérapeutiques apportent une réponse non médicamenteuse aux personnes âgées en rupture du lien social en tentant de renforcer leur estime de soi. Une amélioration a été enregistrée au bout de 6 mois avec une diminution de la déambulation et de l’agressivité. Cette activité bénéfique pour les patients soulage aussi la tâche des soignants dans les services au moment où ils sont le moins nombreux en journée. La distinction obtenue est vécue comme un encouragement à développer d’autres séances de ressourcement et de bien-être : musicothérapie passive, massages….
Le projet
Parmi les personnes admises en services de court séjour gériatrique, on retrouve souvent des personnes présentant des syndromes cognitivo-mnésiques (syndromes démentiels, maladies neurodégénératives, psychoses vieillies…etc.). Ces personnes faisant preuve d’une plus grande fragilité face aux changements peuvent présenter des troubles du comportement durant leur hospitalisation. Ces troubles sont du type déambulations, agressivité verbale ou physique, cris, comportements de préhension et de dépendance environnementale… Ils sont souvent l’expression d’une angoisse psychique difficilement verbalisable et liée à la perte des repères spatiaux et temporaux. Les services de court séjour gériatrique ainsi que leur mode de fonctionnement ne permettent pas habituellement de donner une réponse « douce » (non médicamenteuse) à ces troubles qui gênent le fonctionnement et augmentent la charge de travail du service. Les réponses proposées sont souvent des contentions physiques ou des « camisoles chimiques » (les neuroleptiques) qui augmentent le taux de grabatisation et le risque de chute.
L’équipe soignante de l’hôpital Saint-Julien a voulu essayer d’apporter un autre type de réponse, relayés par les psychologues, l’ergothérapeute et les soignants qui animent des ateliers thérapeutiques. Ces ateliers ont un double objectif institutionnel et personnel, celui de soulager les soignants dans les services au moment où ils sont le moins nombreux en journée, et apporter une réponse la plus adaptée possible à des personnes en rupture du lien social, en souffrance, en tentant de renforcer l’estime de soi. Ces ateliers ont lieux 2 fois par semaine les après-midi durant 1h30 et incluent les personnes qui perturbent les services de médecine par leurs troubles du comportement.
Les ateliers thérapeutiques
Trois types d’activité sont proposées :
– Des séances de gym douce (échauffement puis mouvements des bras avec et sans bâtons, jeux de balle et « défoulement moteur » (sous entendu de l’agressivité). Ces séances permettent de développer et de maintenir le schéma corporel (lié à son ressenti proprioceptif) ainsi que l’image corporelle (liée aux capacités reconnues du corps sur l’environnement), les décharges motrices et émotionnelles.
– Des séances consacrées au toucher et aux souvenirs sur des thèmes (saisons, fabrications, fêtes, métiers, etc.). Ces séances ont pour vocation de mettre en jeu les différentes mémoires (sémantique, épisodique, autobiographique, émotionnelle), la mémoire sensorielle, les émotions, les procédures, les compétences sur-apprises, etc.
– Des séances de travail cognitif du type « atelier mémoire ». Ces séances sont destinées à faire travailler la mémoire et les fonctions exécutives en général…
Dans l’ensemble, ces activités thérapeutiques ont pour vocation de redonner aux patients un repère qui leur manque dès qu’ils arrivent dans un univers hospitalier qui devient inquiétant (« inhospitalier »), de renforcer l’estime de soi, d’entretenir les modes de socialisation, et de préserver le plus longtemps possible les fonctions instrumentales et exécutives pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées démentes.
Impact des ateliers
Une étude réalisée sur 6 mois montre un impact significatif sur les troubles du comportement durant les ateliers et qui persiste dans les services, avec une diminution de la déambulation, et de l’agressivité.
Perspectives
Les services de l’hôpital Saint Julien n’ont pas de moyens financiers pour cette activité qui est basée sur la bonne volonté de chacun, ainsi que sur du matériel de récupération. D’autant qu’ils souhaiteraient développer une activité de musicothérapie passive, des massages…. Ce prix va permettre de solliciter d’autres partenaires.
Le concours »Trésor de Mémoire » a pour ambition d’aider les établissements de santé à réaliser un projet pouvant améliorer ou prévenir la prise en charge concernant les troubles du comportement des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. 150 établissements ont été sélectionnés par Janssen-Cilag et ont participé à ce concours du 1er mars 2009 au 30 juin 2009. 32 projets ont été présentés.
La participation était ouverte à tous les membres du personnel des établissements hospitaliers : médecins, infirmiers, soignants, administratifs et personnels de service, en première ligne du soutien et de l’accompagnement des patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
Le jury du concours, composé d’un neurologue, d’un gériatre, d’une neuro-psychologue, d’un psychiatre et d’un cadre de santé, s’est réuni fin septembre 2009 pour sélectionner 11 dossiers selon les critères suivants : utilité du projet pour les patients, originalité, sens pratique, faisabilité.
L’analyse des propositions a fait apparaître les préoccupations communes aux établissements :
– Améliorer la prise en charge des troubles du comportement
– Créer un espace similaire ou se rapprochant de leur vie quotidienne antérieure
– Offrir la possibilité aux personnes âgées de manifester leur autonomie et leur redonner du plaisir
Tous les projets proposés ont fait ressortir, de multiples manières, l’importance de la stimulation régulière des capacités mentales, physiques et sociales des patients permettant d’optimiser la prise en charge – notamment médicamenteuse – de la maladie d’Alzheimer. Chaque animation, chaque initiative dans le déroulement des activités, chaque possibilité d’échanges participent à l’amélioration de l’état du patient. Les conditions de travail du personnel et la qualité de vie même des familles de patients en bénéficient.