Le 3 septembre 2019, Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, a lancé le Grenelle consacré à la lutte contre les violences conjugales. Dans ce cadre, le CHU de Lille a signé à l’Hôtel de Ville de Loos un Contrat Local contre les violences conjugales, sexistes et sexuelles, associant les communes de Loos, Haubourdin et Emmerin, la préfecture du Nord, le TGI de Lille, le Conseil départemental, l’Académie de Lille, la fédération nationale Solidarités Femmes et l’union départementales de CIDFF. Ce Contrat vise à mettre en place une organisation en réseau favorisant le repérage en amont des victimes et l’optimisation de leur prise en charge par une meilleure coordination. Les équipes médicales et soignantes du CHU de Lille sont en outre pleinement engagées dans l’accompagnement des victimes, à travers plusieurs dispositifs.
Les initiatives du CHU de Lille, dont certaines sont inédites en France, ont été présentées par Frédéric Boiron, Directeur Général lors d’une visite au CHU le 3 septembre, en présence de Martine Aubry, Présidente du Conseil de Surveillance du CHU de Lille, et des professionnels de santé impliqués : le Dr Brigitte Nelken, Vice-Présidente de la Commission Médicale d’Etablissement, le Dr Patrick Goldstein, Chef du pôle de l’urgence, le Pr Valéry Hédouin, Responsable de l’Unité Médico-Judiciaire (UMJ), le Dr Frédérique Warembourg, psychiatre, le Dr Yann Dalannoy, médecin légiste, et Dr Tiphaine Séguret, Responsable de l’Unité Régionale pour les Soins aux Auteurs de Violences Sexuelles (URSAVS), aux acteurs suivants : Michel Lalande, Préfet de la région Hauts-de-France, Préfet du Nord, Thierry Pocquet du Haut Jusse, Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Lille, Valérie Cabuil, Rectrice de la région académique Hauts-de-France, Caroline Plesnage, Directrice régionale aux Droits des Femmes, Nathalie Thibaut, Déléguée Départementale aux Droits des Femmes du Nord, Sandrine Balonnet, Référente départementale de l’Etat pour l’arrondissement de Lille.
L’expertise reconnue du CHU de Lille
En novembre 2018, le CHU de Lille a été désigné lauréat, conjointement avec l’AP-HP, pour coordonner et héberger le Centre National de Ressources et de Résilience, dont le siège a été fixé à Lille, sous le pilotage scientifique du Professeur Guillaume Vaiva (CHU de Lille) et du Professeur Thierry Baubet (AP-HP). Ce centre est financé à hauteur de 1,2 million d’euros par an. Offrant un cadre innovant, ambitieux et multidisciplinaire pour approfondir la connaissance du psychotraumatisme en France et en Europe, il accorde une place déterminante aux sciences humaines et sociales avec un consortium académique composé d’anthropologues, de sociologues, de géographes et d’historiens. S’appuyant sur des réseaux de professionnels de santé présents sur l’ensemble du territoire français et sur le soutien de ses partenaires, le projet ambitionne de structurer et d’animer un Réseau d’excellence autour de la recherche, de la formation et de la diffusion large des connaissances et des bonnes pratiques sur le psychotraumatisme et sa résilience. Les professionnels de santé sont souvent les premiers interlocuteurs des femmes victimes de violences. Aux urgences du CHU de Lille, un protocole médical de prise en charge vise à améliorer le parcours patient en uniformisant la prise en charge des victimes de violences conjugales, et en favorisant la transmission des informations entre les différents professionnels concernés. Ce protocole permet également de détecter les conséquences et complications pour la victime et les enfants. Ainsi, dès lors qu’une situation de violence conjugale est repérée, l’infirmière coordinatrice de l’équipe de psychiatrie guide la patiente et les équipes afin de faciliter une prise en charge globale : médicale, psychologique, sociale, et médico-légale.
Vers un observatoire médico-légal des violences
Dotée d’une plateforme de victimologie au service d’une prise en charge pluridisciplinaire, l’Unité Médico Judiciaire de Lille travaille en partenariat quotidien avec les services de psychiatrie – pédopsychiatrie, les urgences, et la pédiatrie pour proposer aux victimes une évaluation de leur santé physique et psychique.
L’amélioration des pratiques, l’enseignement aux futurs médecins de la Faculté de Médecine de l’Université de Lille, et un projet de création d’un observatoire médico-légal des violences, permettront de renforcer cette mobilisation contre les violences faites aux femmes.
Par ailleurs, un dispositif initié par l’association « La voix de l’enfant » et le Parquet de Lille a été mis en place au sein du CHU de Lille. Celui-ci a pour objet de faciliter, pour les mineurs victimes de violences, le déroulement de l’enquête, en leur donnant la possibilité d’être auditionnés et examinés dans un seul et même endroit, à l’hôpital
L’Unité médico-judiciaire, c’est :
– 5 salles de consultations pour les examens médico-légaux dont 1 salle spécifique à la prise en charge des victimes d’agression sexuelle ;
– des victimes reçues par les médecins légistes, 2 infirmières, 1 cadre de santé et 1 psychologue.
En moyenne, plus de 10% des femmes victimes de violences conjugales reçues aux Urgences, sont vues par la psychologue de l’UMJ. Cela représente plus de 6 200 consultations en 2018.
Prévenir et suivre les comportements violents
L’URSAVS (unité régionale pour les soins aux auteurs de violences sexuelles) a pour mission d’améliorer la prévention, la compréhension, et la prise en charge des violences sexuelles sur les bases d’une réflexion éthique et pratique. Cette plateforme hospitalo-universitaire participe, grâce à son expertise, au développement de la prévention de la récidive, et anime le maillage Santé-Justice dans l’objectif d’une collaboration étroite des champs santé, justice, et accompagnement social. L’URSAVS apporte par ailleurs son appui aux soins à la demande des secteurs de psychiatrie notamment grâce à son équipe mobile.
L’URSAVS, c’est :
– une file active de plus de 500 hommes, femmes, adolescents et enfants aux comportements sexuels problématiques ;
– plus de 100 formations par an avec près de 2 000 participants aux formations ;
– un centre de documentation comprenant plusieurs milliers de supports et ;
– une dizaine de recherches en cours pour objet de faciliter, pour les mineurs victimes de violences, le déroulement de l’enquête, en leur donnant la possibilité d’être auditionnés et examinés dans un seul et même endroit, à l’hôpital.
Un CHU engagé
Le CHU de Lille en tant qu’employeur est résolument engagé dans la prévention, la protection et l’accompagnement des agents victimes de violences. Comptant plus de 11 000 femmes parmi ses 16 000 professionnels, il est nécessairement concerné par leur protection. A ce titre, le CHU a mis en place une politique de « tolérance zéro » pour les faits d’agression sexuelle au sein de l’établissement. Le cas échéant, les victimes reçoivent le soutien immédiat du CHU, qui engage les procédures disciplinaires et judiciaires nécessaires, chaque fois que cela se justifie. Un engagement et un accompagnement essentiel pour permettre de libérer la parole des femmes concernées.
Dans son Projet social 2018-2022, il a fait de l’attention portée à ses professionnels l’une de ses priorités, et la prévention et la protection des professionnels victimes de violences sexuelles et sexistes, l’une de ses actions. Organisation de journées de sensibilisation sur les violences faites aux femmes, permanences de soutien psychologique en partenariat avec le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles, mise à disposition de chambres réservées à l’accueil de professionnelles confrontés à une situation sociale extrême, sont autant d’actions développées par le CHU de Lille en soutien de ses professionnels en difficulté. Des actions qui mobilisent une pluralité d’acteurs du CHU : services sociaux, juridiques, professionnels de la prévention des risques, ou encore médecins du travail. Pour aller plus loin dans la réflexion sur les violences sexuelles et sexistes, le CHU ambitionne de confier un plan d’action à un groupe de travail pluridisciplinaire dans les semaines à venir afin de poursuivre son engagement dans la prévention et la lutte contre ces violences.