La survie des patients atteints d’un mélanome n’a guère progressé depuis trente ans. Si, en cas de tumeur cutanée primitive, le taux de survie à cinq ans est de 80 % à 90 %, ce taux chute à 35 % en cas de relais ganglionnaire touché et à 12 % en cas de métastase.
C’est précisément à ces deux derniers stades que les nouveaux traitements développés à Nantes par vaccination et par thérapie cellulaire sont particulièrement destinés, là où les résultats jusque-là produits par les traitements classiques de chimiothérapie sont limités.
La recherche contre le mélanome est extrêmement active. À Nantes, plusieurs nouveaux traitements sont proposés aux patients dans l’unité de dermato-cancérologie dirigée par le Pr Brigitte Dréno.
Fondés sur la stimulation du système immunitaire, ces protocoles innovants ont pu être développés grâce au savoir-faire acquis depuis une dizaine d’années par l’unité de thérapie cellulaire et génique. Ils présentent des résultats très encourageants.
« La peau est à elle seule un véritable système immunitaire, un peu similaire à la moelle ou au thymus. Elle tient le coup jusqu’au jour où, épuisé ou trop sollicité par le soleil ou par des facteurs chimiques, le système devient déficitaire et la tumeur se met en route. D’où une logique d’immunothérapie à mettre en place pour restimuler le système immunitaire », explique Brigitte Dréno.
Actuellement, quatre nouveaux traitements sont proposés aux patients dont l’immunothérapie adoptive par TIL (Tumor infiltrated lymphocytes). Innovation prometteuse qui, fin 2005, s’est vu décerner une Victoire de la Médecine.
Ce protocole consiste à injecter au patient des cellules immunitaires stimulées in-vitro. Les résultats confirment aujourd’hui que les TIL prélevés dans la tumeur et réinjectés au patient après culture et expansion ex-vivo ont un effet direct sur les cellules cancéreuses.
Concrètement, le médecin repère un ganglion à l’examen clinique ou à l’échographie. Le chirurgien effectue alors un curage ganglionnaire qui est ensuite envoyé de manière stérile à l’Unité de thérapie cellulaire et génique (UTCG). La technicienne de dermatologie accompagnée de l’ingénieur de l’unité prélève un fragment du
ganglion. Après confirmation de l’anatomo-pathologiste, le fragment est placé en culture. Les lymphocytes sortent de la tumeur et se déposent au fond d’une plaque. Ils sont ensuite collectés et, pendant cinq semaines, placés dans un liquide particulier, ils se multiplient jusqu’à plusieurs milliards.
L’étape suivante consiste à les réinjecter au patient en deux fois à un mois d’intervalle. Parmi ces milliards de cellules, certaines sont spécifiques du mélanome et détruisent les cellules malignes.
Pour les patients bénéficiaires de ce traitement, on observe déjà, sur un suivi de cinq ans, une augmentation de survie globale de plus de trois ans, ce qui est considérable. En outre, les effets secondaires sont quasiment inexistants pour le patient.
Et Brigitte Dréno de conclure : « L’immunothérapie adoptive par TIL est vraiment un espoir. C’est l’un des seuls protocoles de phase 3 en thérapie cellulaire. Si l’on confirme cette phase 3, le procédé pourra alors sortir de la recherche clinique et être appliqué n’importe où en France comme à l’étranger. »
Le mélanome est un cancer qui se développe aux dépens des cellules pigmentaires de la peau que l’on appelle mélanocytes. D’où le nom de mélanome. En France, 8 500 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.