Alors que la pandémie causée par le COVD-19 recule doucement, certains enseignements sont déjà à en tirer sur le plan des ressources humaines. L’analyse de Maître Guillaume Champenois, avocat associé du Cabinet Houdart et Associés…
Pour être honnête, la crise sanitaire n’a pas révélé grand-chose pour le professionnel de terrain. Avant, le dialogue social était difficile voire impossible dans certains établissements. Les cadres sont au cœur du fonctionnement de l’établissement mais souffrent d’un déficit d’accompagnement et de formation sur le terrain du management et du droit statutaire, les relations entre le corps médical et la direction des établissements sont rendues difficiles par des textes inadaptés et par une défiance des uns envers les autres … Mais dès lors, comment tirer parti de cette crise sanitaire pour aller de l’avant et tenter de résoudre ces difficultés ?
Sans faire une revue exhaustive de tous les sujets et hypothèses de travail, deux « nécessités immédiates » se font jour : l’accompagnement des cadres et cadres supérieurs dans leur exercice quotidien et le dialogue social.
Prendre en considération les cadres et le leur faire savoir
Tout d’abord, il y a une nécessité immédiate à ce que les directions des établissements s’occupent bien plus des cadres et cadres supérieurs et une nécessité de le leur faire savoir. Il existe une forte attente sur ce terrain et la prise en considération de cette attente par une direction est un signal fort en cette période de l’après covid-19. Le droit est ici montré comme un outil du quotidien (qu’est-ce qu’un entretien de recadrage ? Pourquoi il n’a aucun aspect disciplinaire ? Comment le mener ? Quelle suite à y donner ?). Il est tout à la fois un levier et une source de repères pour les professionnels de terrain.
Profiter de la crise pour renouer le dialogue
Il y a ensuite la nécessité de profiter de la crise sanitaire pour tendre vers un renouveau du dialogue social. Si l’organisation syndicale majoritaire dans la fonction publique s’enferme toujours plus dans une logique de rapport de force et confrontation, très souvent de manière outrancière et irrespectueuse, le dialogue social est intrinsèquement et avant toute chose une question d’équilibre. C’est, par définition, l’expression d’un compromis entre des intérêts qui sont potentiellement contraires.
Or, cette crise sanitaire a permis de démontrer qu’un dialogue social de qualité était possible notamment au motif que les uns comme les autres ont été contraints d’abandonner pendant un temps une certaine forme de posture. D’ailleurs, lorsqu’un représentant syndical dans un échange informel avec le directeur des ressources humaines reconnait que la direction de l’établissement a plutôt bien géré la période de crise mais que dès la semaine prochaine chacun reprend son rôle, tout est dit.
Ne pas confondre dialogue social et revendication
Un renouveau du dialogue social est possible à partir du moment où l’on tirera de cette crise l’enseignement que les organisations syndicales ont des revendications légitimes sur nombre de points et qu’il faut donc savoir réellement les écouter et savoir y apporter des réponses. A l’inverse, lesdites organisations syndicales, et tout spécialement l’organisation syndicale majoritaire à l’hôpital, doivent comprendre que le dialogue social ne se confond pas avec la notion de revendication professionnelle qui n’en constitue que l’amorce et que se mettre autour d’une table avec l’employeur ce n’est pas se compromettre.
Cette crise a montré que lorsque les uns et les autres abandonnent leur posture respective, la discussion est plus directe et beaucoup moins dogmatique. C’est déjà ici le début du compromis et donc c’est l’amorce d’un dialogue social réussi.
Maître Guillaume Champenois, Cabinet Houdart et Associés