Fin avril, le Premier Ministre a présenté le plan de déconfinement. L’actualité a également été marquée par les polémiques sur la disponibilité des moyens de protection et les premières propositions de revalorisation des salaires des soignants.
Le 28 avril, les députés ont voté le plan de déconfinement présenté par le premier ministre, Edouard Philippe, à 368 voix pour, 100 contre et 103 abstentions. « Le premier ministre a détaillé les modalités du déconfinement en France, à partir du 11 mai : tests massifs, réouverture progressive des écoles, des commerces – à l’exception des cafés et des restaurants –, masque obligatoire dans les transports publics et poursuite du télétravail autant que possible. Tout l’enjeu est de faire repartir l’économie sans provoquer une deuxième vague de l’épidémie, ralentie mais pas stoppée par quarante-deux jours de confinement », note Le Monde.
Sur France Bleu, si la cheffe des urgences de l’hôpital de Montélimar salue un plan de déconfinement progressif, elle estime, cependant, que le masque devrait être rendu obligatoire. « Les mesures annoncées sont vraiment un déconfinement progressif et ça me semble aller dans le bon sens » (…). Pour Catherine Busseuil, c’est une bonne chose de ne pas avoir de déconfinement trop rapide car elle craint que la situation dégénère à nouveau. « La hantise actuelle, c’est d’avoir à la fois un nouvel afflux de patients ‘Covid’ potentiellement graves qui pourraient bloquer nos services de réanimation et d’avoir l’arriéré de tous nos patients que nous n’avons pas vu jusqu’à présent et qui commencent à revenir de façon importante et de façon grave« , explique-t-elle.
Le lendemain du discours d’Edouard Philippe, l’Humanité a choisi d’interroger la capacité des hôpitaux à faire face à un rebond de l’épidémie : « Tout laisse à penser qu’il va y avoir une seconde vague », craint Anne Geffroy-Wernet, présidente du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi aux autres spécialités (Snphare). « Tout d’abord, les services de réanimation sont encore débordés, avec plus de 4 000 patients Covid et au moins 2 000 non-Covid. On voit arriver toutes les personnes qui ne sont pas venues ces dernières semaines pour des infarctus, des AVC, dans un état dégradé. D’autre part, nous ne sommes pas prêts, partout, en termes de protections (masques, blouses, médicaments, etc.). » Sans parler de la fatigue des équipes soignantes… relève le Quotidien.
Combien de soignants malades ou décédés ?
Parmi les questions posées en ce mois d’avril figure celle du nombre de soignants contaminés par le Covid-19. L’information devrait être bientôt disponible. Comme l’explique France Inter le 27 avril : « Récemment, et sur la base du volontariat, un outil a été mis en place par Santé Publique France. Il est fonctionnel depuis peu« , annonce la DGS. Ce nouveau mode de recensement « permettra donc au niveau national et de façon uniforme une remontée des signalements des cas« . Ce recensement réalisé par Santé Publique France n’est pas accessible sur son site officiel, mais sur celui du Geres. « Il s’intéresse au nombre de professionnels de santé et autres salariés des établissements de santé publics ou privés, contaminés ou décédés« , nous décrit Anne Berger-Carbonne, responsable de l’unité Infections associées aux soins et résistance aux antibiotiques à la Direction maladies infectieuses de Santé Publique France. (…) « C’est la moindre des choses de connaître leur contribution à la maladie, comme l’ont fait les italiens, note Anne Berger-Carbonne, c’est ce qu’on doit aux soignants. » Reste la question des tests. À ce jour, la DGS n’est pas en mesure de nous indiquer combien de personnels soignants y ont eu accès, conlut le journaliste.
Où sont les masques ?
Le mois d’avril a également été marqué par la polémique liée au manque d’équipements de protection, au premier rang desquels les masques. Dans son Billet du 24 avril, Gilles Noussenbaum écrit : « Brexit ou pas, des deux côtés du Channel, les soignants dénoncent le retard et l’impréparation en matière de stocks de matériels de protection. À qui la faute ? Dans le beau portrait que lui consacre ce jour Libération, William Dab, ancien directeur général de la santé désigne Bercy, lieu de pouvoir éminent, comme Le responsable et coupable de la situation. On aimerait aujourd’hui entendre les arguments du haut fonctionnaire qui a alors pris la décision en 2013 de ne plus faire de stocks de masques… A-t-il ce jour-là pris une décision de bon père de famille ? »
Quelques jours plus tard, le 27 avril, Libération enfonce le clou : « Contrairement à ce qu’affirme l’exécutif depuis le début de la crise, la doctrine visant à détenir un stock stratégique d’un milliard de masques était inchangée depuis dix ans. Alerté dès 2018 sur la pénurie, le ministère de la Santé n’a pas réagi. »
Tandis que Le Monde interroge l’efficacité des masques artisanaux : « Les masques artisanaux en tissu ne sont pas équivalents aux masques utilisés en milieu médical. Il n’existe même aucune preuve scientifique de leur utilité. Pourtant, certains spécialistes les recommandent… faute de mieux. Alors que l’on manque de masques en France, certains spécialistes considèrent que ces protections faciales valent mieux que rien. »
Témoigner
A lire également, les récits des soignants qui vivent l’épidémie au quotidien comme celui de Rossella proposé par L’Express le 26 avril : « Dix-septième volet du journal d’une interne en médecine d’origine italienne, qui exerce dans l’unité Covid-19 d’un hôpital parisien ».
Pendant ce temps, des députés travaillent sur des propositions d’après-crise. Comme le relate Le Quotidien du médecin le 27 avril « Salaires à l’hôpital : +5 % par an pendant cinq ans, les députés LR proposent de desserrer les cordons de la bourse ». « Les élus LR réclament « d’ici à la fin de l’année » une loi de programmation en santé pour cinq ans – sur le modèle des lois de programmation militaire – reposant sur trois piliers : un plan d’investissement « massif » (mais non chiffré) dans les hôpitaux et établissements de santé ; un « rapprochement » entre les établissements privés ; et surtout une « revue intégrale des grilles salariales, autour du principe d’une hausse de 5 % par an des salaires pendant 5 ans ». (…) Toujours à l’hôpital, les primes distribuées aux personnels doivent être financées par l’État et récompenser les soignants « quel que soit leur statut et leur fonction » – fonctionnaires et contractuels. La reconnaissance passe aussi par un « droit au répit ». Parmi les autres propositions notables, le gel « sans délai » et pour une durée d’un an de « toutes les fermetures de lits, de services et d’établissements sanitaires et médico-sociaux ». Le groupe LR suggère de donner aux directeurs d’établissements une autorisation « immédiate et dérogatoire » afin qu’ils puissent procéder à « toutes les créations de lits, de postes ou de spécialités rendues nécessaires par la sortie de crise sans habilitation préalable des agences régionales de santé », cantonnées au rôle de financeurs (via les FIR).
Terminons enfin par une bonne nouvelle : pour lutter contre le coronavirus, une nouvelle piste thérapeutique est présentée dans Le Parisien du 27 avril : « Médicament contre le coronavirus : «Le tocilizumab, c’est un espoir certain» déclare Gilles Pialoux, chef de service de l’unité des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon à Paris, qui « se félicite des premiers résultats de ce médicament sur les patients atteints du Covid. »