200 millions de doses de vaccins Pfizer ont été commandées par le gouvernement avant même que l’Agence européenne des Médicaments (AEM) n’ait donné son autorisation de mise sur le marché. Pour le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé et responsable de la campagne de vaccination, la priorité est aujourd’hui de fournir aux Français les informations les plus exhaustives afin qu’ils disposent du meilleur éclairage possible sur les vaccins.
Le Pr Salomon a été auditionné ce 10 décembre, par l’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECTS), sur les différents aspects de la campagne vaccinale à venir. Il en a profité pour éclaircir certaines zones d’ombre, en commençant par rappeler que «les travaux vaccinés ont été lancés par plusieurs laboratoires français».
52 candidats vaccins en phase d’évaluation clinique
« Actuellement 52 candidats-vaccins sont en phase d’évaluation clinique, informe le directeur général de Santé. Certains laboratoires ont déjà lancé la production». Une diversité selon lui d’autant nécessaire que «le milieu médical avance toujours dans une sorte de flou». Or, différents types et différentes générations de médicaments offrent une plus grande capacité d’adaptation vis-à-vis de l’infection.
Evoquant la livraison en janvier des premiers millions de lots du laboratoire américain Pfizer, Jérôme Salomon a toutefois tenu à exposer les inconvénients de ce vaccin. A savoir qu’il nécessite deux injections espacées ainsi que de vastes moyens de réfrigération, ne pouvant être conservé «que quelques heures après sa sortie du froid et dans une boîte spécifique».
Une pédagogie indispensable
Plusieurs parlementaires ont par ailleurs évoqué la méfiance grandissante de l’opinion publique concernant cette campagne de vaccination et notamment les potentiels effets secondaires du produit. Le Pr Salomon a rappelé qu’elle sera gratuite et basée sur la non-obligation. Il se montre cependant confiant vis-à-vis du vaccin qui «comme tout produit de santé, a forcément des effets secondaires». Et de préciser que plusieurs types de suivi seront mis en place afin de surveiller ces effets.
Le directeur général de la Santé estime du reste que «Si la logistique nationale va être primordiale en termes de distribution, de conservation des vaccins, la réussite de l’opération va dépendre de l’implication des acteurs locaux». La confiance et le lien de proximité des élus locaux ainsi que des médecins traitants s’avérant selon lui essentiels.
Revenant sur la méfiance des Français à l’égard du vaccin (la moitié de la population affiche sa réticence à se faire vacciner), il insiste sur le rôle pédagogique à jouer par les professionnels de santé qui les côtoient régulièrement (médecins de ville) pour vulgariser au mieux les informations relatives aux enjeux de la vaccination et aux garanties de sécurité qui l’accompagnent.
Eviter la désinformation
Au niveau national, Jérôme Salomon compte sur le porte-parole de la campagne de vaccination, Alain Fischer, professeur en immunologie pédiatrique . Le Pr Fischer aura entre autres missions celle de se rendre sur les plateaux des chaînes d’information afin de répondre aux interrogations et éviter toute désinformation qui pourrait enflammer les réseaux sociaux. Comme c’est le cas actuellement sur les questions de l’immunité (sur laquelle les données actuelles ne permettent pas une réponse déterminée) ou encore du port du masque, qui refait débat depuis l’annonce de l’arrivée imminente du vaccin. Ce qui n’est pas le cas pour l’instant. Le Pr Salomon rappelle à cet effet que le vaccin de Pfizer est «non stérilisant» et insiste sur l’importance de bien préparer le début de cette campagne de vaccination. «Les premiers jours et les premières semaines seront très symboliques» et, selon lui, «donneront le ton».
Pour l’heure , l’OPECTS termine ses auditions et s’apprête à livrer ses conclusions en vuedes débats parlementaires le 16 décembre à l’Assemblée nationale et le 17 au Sénat.
Titouan De Sousa