Sécurité renforcée des traitements, innovation et évolutivité sont les qualités exigées par le CHU pour son nouvel accélérateur de particules. Le choix s’est porté sur un équipement Oncor Siemens Médical Solutions, premier accélérateur de ce type installé en France. Cette technique offre la possibilité de développer de nouvelles techniques d’irradiation en modulation d´intensité (IMRT)ou couplées à un asservissement respiratoire ou encore de radiothérapie guidée par l´image (IGRT).
Sécurité et qualité des soins Depuis 3 ans, le CHU a adopté le système de dosimétrie in vivo. Ce disposif permet d’identifier instantanément les erreurs et de limiter ainsi les risques de surdosage. Cette sécurité a été complétée par des techniques améliorant la précision et le contrôle du rayonnement : collimateurs multilames, contrôle par imagerie portale, systèmes de planification de traitement, systèmes de vérification et d’enregistrement des données.
La radiothérapie consiste à exposer les patients à des rayonnements de haute énergie (rayons X, électrons, photons) destinés à détruire les cellules cancéreuses. La sensibilité aux radiations variant selon les tissus et les différents types de cellules, l’irradiation vise à détruire la tumeur en protégeant au maximum les tissus sains voisins.
La radiothérapie est utilisée seule ou en association aux autres méthodes. Le choix dépend de la localisation et du stade de la tumeur, ainsi que de l’état général du patient.Le médecin radiothérapeute va dans un premier temps repérer la tumeur, afin de mieux la « cibler » et adapter les champs d’irradiation à sa forme. Grâce aux progrès de l’imagerie médicale, le ciblage est de plus en plus précis.
Au cours de chaque séance, une dose précise de rayonnement est délivrée, comme pour un médicament. On ne délivre à chaque fois qu’une partie de la dose totale prévue, de façon à atténuer le plus possible les effets secondaires. Les séances seront répétées à un rythme rigoureusement établi, qu’il est important de respecter, et pour un nombre précis de séances.
Information technique
L´irradiation en modulation d´intensité (IMRT)
Elle représente actuellement la technique de pointe. Elle n’existe pas en routine au niveau mondial. Elle reste une technique développée dans quelques centres bénéficiant d’une aide logistique conséquente en informatique.
Actuellement, la priorité du physicien d’hôpital et du radiothérapeute est d’être certain que le faisceau sortant de l’accélérateur est parfaitement homogène. Plus concrètement, l’intensité, le débit et l’énergie délivrés doivent être les plus uniformes possibles sur toute la surface couverte par le champ d’irradiation, un peu comme la pluie sur un champ ! Cette homogénéité est indispensable pour la bonne validité des plans de traitement et d’étude de distribution de dose issue des consoles. Ces dernières considèrent que, par définition, chaque faisceau est parfaitement homogène. Toute tumeur, quels que soient sa forme et son volume, reçoit par chaque angle de tir une « pluie » homogène. Ramenée à notre champ, la quantité de pluie reçue ne tient pas compte des besoins spécifiques des différentes cultures dans le même champ.
C’est cette anomalie que tente de corriger l’IMRT. Partant du principe que toute tumeur est, à l’échelle humaine, un champ avec des cultures aux besoins en eau de pluie différents, la dose nécessaire pour « arroser » une « planche de culture » dépend des besoins de cette planche. Le faisceau primaire (sortant de l’accélérateur) doit donc être inhomogène. La radiothérapie en modulation d´intensité permet ainsi d´intensifier les doses de radiothérapie tout en protégeant le tissu sain de façon plus efficace qu´avec une radiothérapie conventionnelle.
Ses principaux domaines d´application seront essentiellement les tumeurs de la prostate, ORL, et du médiastin.
Pour mettre en place cette technique, le CHU de Brest a acquis un collimateur de 160 lames (le standard étant de 80 voir 120 maximum), premier à être installé en France.
L´asservissement respiratoire
Les techniques d’asservissement respiratoire (Respiration-gated radiotherapy) représentent un progrès important pour le traitement des tumeurs mobiles avec la respiration, comme les cancers pulmonaires, mammaires et hépatiques. Ces techniques permettent de mieux adapter les champs d’irradiation à la tumeur et ainsi de protéger certains organes critiques (le poumon, le coeur…), tout en augmentant le contrôle tumoral. Il s’agit d’un outil d’optimisation des méthodes thérapeutiques complémentaires des autres techniques innovantes actuellement mises en place en radiothérapie (radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité – IMRT). Le déclenchement des différents appareils s’effectue automatiquement à un niveau respiratoire donné. Cette approche consiste à suivre les mouvements respiratoires en temps réel grâce à différents types de capteurs et à déclencher le scanneur ou l´accélérateur linéaire à un niveau, toujours identique, du cycle respiratoire. Ces techniques commencent à être utilisées en routine dans plusieurs centres dans le monde. Les premiers résultats chez des patients traités pour un cancer du poumon ou un cancer du foie sont très prometteurs. Cependant, ces études cliniques sont encore rares.
La radiothérapie guidée par l´image (IGRT)
Cette technique permettra pour la première fois dans l´histoire de la radiothérapie de visualiser de façon directe l´organe irradié. Ceci a une importance considérable dans la détermination du volume cible. Accroître la qualité de la mise en place permet de réduire les marges de sécurité utilisées pour traiter une tumeur et ainsi diminuer les effets secondaires du traitement. Le CHU de Brest va ainsi être un des rares centres en France possédant cette technique.
Une démarche globale de prise en charge de la maladie cancéreuse
Cette acquisition s’incrit dans le cadre de la rénovation du service de radiothérapie, au sein de l’Institut de Cancérologie et d’Hématologie. Ce centre développe des activités de traitement et de recherche pour une prise en charge globale de la maladie cancéreuse sur le plan clinique comme scientifique avec l’intégration du département dans des unités de recherche INSERM.
Cet institut comprend une jeune unité de cancérologie gynécologique qui a adopté de nouvelles méthodes chirurgicales. Même effort d’innovation dans les techniques opératoires du service ORL : microchirurgie laser endoscopique moins traumatisantes pour le patient. Ces progrès améliorent le pronostic et la qualité de vie des patients.
Enfin, dans un souci d’accueil, de traitement et de suivi « global » du patient l’Institut de Cancérologie et d’Hématologie renforce sa collaboration avec services d’urologie, de gastroentérologie, de neurochirurgie, de chirurgie générale, d’orthopédie et tous les autres acteurs participant au diagnostic.