Fort d\'une expérience reconnue internationalement dans le domaine du traitement des maladies des valves cardiaques, l\'équipe médico-chirurgicale du CHU de Rennes a débuté, depuis plus d\'un an, un nouveau programme de traitement par cathéter des fuites tricuspides.
La valve tricuspide, située entre l’oreillette et le ventricule droits, est une des quatre valves cardiaques, dont l\’analyse est particulièrement complexe et le traitement, en cas de fuite, difficile. Les fuites de la valve tricuspide peuvent être de deux origines : « primitive » lorsque la valve est elle-même malade, ou le plus souvent « secondaire ». Par exemple, chez des patients ayant une longue histoire d’arythmie, les cavités cardiaques se dilatent avec le temps, entrainant un élargissement de l’anneau sur lequel les valves sont implantées ; dès lors même si les valves sont en elles-mêmes normales, elles vont s’écarter et ne plus être continentes.
Jusqu’ici, la prise en charge des fuites tricuspides reposait essentiellement sur un traitement médicamenteux seul, soulageant les symptômes de façon transitoire, mais avec un pronostic souvent défavorable à moyen et long terme.
Une innovation rendue possible grâce à l’expertise des équipes rennaises
Au cours des dernières années, l\’expérience accumulée dans le traitement de l’insuffisance mitrale (autre valve située entre l’oreillette et le ventricule gauches) par technique percutanée, à l\’aide de clips rapprochant les bords de la valve, a permis de développer une technique similaire pour la valve tricuspide. L’objectif de cette stratégie par clip est une suture bord-à-bord des feuillets valvulaires, afin de rapprocher les feuillets et réduire la fuite. Le dispositif « Triclip » est positionné sans ouvrir le thorax, uniquement en passant par une veine au niveau du pli de l’aine : une opération peu invasive et un avantage indéniable en termes de récupération pour le patient !
Cette nouvelle technique employée au CHU s’adresse à des patients souffrant d’une fuite tricuspide sévère , non éligibles à un traitement chirurgical, toujours symptomatiques malgré un traitement médical optimal et avec un pronostic vital supérieur à 1 an. Depuis plus d’un an, plus d\’une vingtaine de patients ont ainsi pu être traités au CHU de Rennes pour une fuite tricuspide, avec des résultats très encourageants. Ce nouveau traitement s’inscrit dans la dynamique de l’établissement dans le champ des technologies innovantes en cardiologie. Depuis quelques semaines, un dispositif dédié est même disponible, quatre patients ont déjà pu en bénéficier.
Une étude nationale pilotée par le CHU
Un essai national initié « Tri.fr » piloté par le CHU de Rennes (investigateur principal Pr Erwan Donal) va, par ailleurs, débuter cet automne afin d\’évaluer le bénéfice de cette technique. Elle étudiera l’intérêt du dispositif Triclip, en plus d’un traitement médical optimal, auprès de 300 patients souffrant d’une fuite tricuspide sévère symptomatique.