Chaque euro dépensé directement par les 6 CHRU du GCS Grand Est (GGEST) et l’Institut de Cancérologie de Lorraine (ICL), entraîne le reversement de 1,85 € dans l’économie de l’Intérrégion Est. Ainsi, en 2016, les 4 milliards d’euros de dépenses de santé affectés au budget de fonctionnement de ces établissements ont généré 7,4 milliards d’euros de retombées pour l’économie locale soit quasiment deux fois le financement de départ. Tel est le résultat marquant de l’analyse réalisée sur l’année 2016 par les CHU de Besançon, Dijon Bourgogne, Nancy, Reims, Strasbourg, le CHR de Metz-Thionville et l’Institut de Cancérologie de Lorraine. Cette étude met en évidence la puissance de l’effet de levier de ces hôpitaux et leur contribution à l’éco-système local et au développement économique des technopoles de Bourgogne-Franche-Comté et du Grand Est.
Présenté à la presse ce 31 mai dans le cadre de la Paris Healthcare Week, le rapport fournit des chiffres précis sur l’impact économique global des sept établissements.
S’inspirant de la démarche conduite par les Hôpitaux Universitaires du Grand Ouest (HUGO) en 2016, l’étude précise le montant des impacts direct, indirect et global pour l’ensemble des établissements et par structure. Revue de détail.
« Etablissements de soin, de recherche et d’enseignement, les Centres Hospitaliers Universitaires, les Centres de Lutte Contre le Cancer, les Centres Hospitaliers Régionaux, sont dans leurs régions, et parfois au-delà, des acteurs économiques, sociaux, territoriaux majeurs. Leur fonctionnement, la réalisation de leurs missions mobilisent des moyens considérables qui irriguent et dynamisent les territoires d’implantation.» Bernard Dupont, administrateur du GCS Groupement du Grand Est, directeur général du CHRU de Nancy;
Impact direct
Un impact direct national de plus de 4 milliards d’euros correspondant à leur budget de fonctionnel annuel. Cet impact direct interrégion est de 2,5 milliards. Les 2,5 milliards d’euros réinjectés dans l’économie de l’Est correspondent aux retombées liées aux salaires (2,2 milliards d’euros), aux commandes passées aux entreprises ou fournisseurs de l’interrégion (293 M€) sur un total de 1,4 milliard d’euros de commandes annuelles et aux impôts locaux (6,95 M€) distribués par ces établissements.
1er employeur de l’Interrégion Est avec plus de 47 000 agents soit 43 187 équivalents temps plein.
Le principal poste de dépense de plus de 2,2 milliards d’euros correspond aux salaires versés aux plus de 47 000 personnes employées par les établissements ou leurs prestataires représentant au total de 43 187 emplois équivalents temps plein (ETP). Ils correspondent à 1,7% des emplois salariés de l’Interrégion Est (INSEE). Une fois déduits les impôts, cotisations et taxes et la part consacrée à l’épargne, ces revenus profitent essentiellement à l’économie locale. Ainsi, par le pouvoir d’achat qu’ils distribuent, les biens et services qu’ils acquièrent, les investissements qu’ils réalisent les CHU-CHR-CLCC irriguent les départements où ils sont implantés. Ils contribuent, en outre, par leurs impôts et cotisations, à la solidarité collective nationale et locale.
Le territoire tire profit de la dynamique impulsée par les grands établissements de santé
Impact indirect cumulés de 175,6 millions d’euros
Dans ce poste, on retrouve les dépenses effectuées par les patients et leurs accompagnants résidant en dehors du bassin d’attraction de l’établissement. Ces personnes déboursent en moyenne 80 € à chaque visite pour des frais d’hébergement et des achats divers. Le calcul s’établit de la manière suivante : le nombre de contacts est de 1 322 250 x 80€ = 105,8 M€.
A ces dépenses effectuées par les patients s’ajoutent celle des étudiants s’installant à proximité de l’établissement pour réaliser leurs études. Leur budget annuel moyen est estimé à 8 000 €.
Sur les 7 812 étudiants en médecine et pharmacie, 2 419 étaient originaires d’un autre département et parmi les 4 732 étudiants non médicaux, 882 provenaient d’un autre département. On obtient 2 419 + 882 = 3 301 élèves et étudiants x 8 000€ = 26,4 M€.
Les déplacements professionnels font partie de l’impact indirect. Ces transports effectués au titre des formations professionnelles ont généré respectivement 43,4 M€.
L’impact économique indirect total = somme de 3 paramètres
Impact patients (105,8 M€)
+ Impact étudiants (26,4 M€)
+ Impact déplacements (43,4 M€)
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Impact économique indirect total (175,6 M€)
Impact induit
L’impact induit de près de 5 Md€ s’obtient en additionnant impact économique direct total et l’impact économique indirect total x coefficient multiplicateur qui représente l’effet d’entrainement des dépenses des établissements sur l’économie locale = (2 291,2 M€ + 175,6 M€) x 2 = 4 935 M€.
Impact direct total (2 291,9 M€)
+ Impact indirect total (175,6 M€)
X 2
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= Impact induit (4 935 M€)
Résultat : un impact économique global de 7,4 Md€ qui additionne les différentes formes d’impact,
impact direct (2 291,2 M€)
+ impact indirect (175,6 M€)
+ impact induit (4 935 M€)
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Impact économique global 7 402,5 M€
Enfin, l’impact social direct total se calcule en additionnant les emplois temps plein des établissements, 42 876, et ceux des entreprises ayant une activité sur les sites des sept établissements, correspondant à 316 emplois équivalents temps plein.
L’impact social direct total s’élève donc à 43 192 emplois équivalents temps plein soit l’équivalent d’une métropole de la taille de Thionville !
« Au-delà de la mesure de l’impact économique des 6 CHRU et du CLCC, cette étude fournit un support d’information et de dialogue à destination des partenaires et des usagers des établissements, soulignent ses auteurs. Cet outil de référence va permettre aux publics de mieux appréhender les dimensions structurantes et les dynamiques impulsées par les pôles d’activité que sont les établissements de santé ».
Mieux appréhender le rôle clé des établissements de santé dans l’économie
L’étude menée dans le Groupement du Grand Est tend vers les mêmes conclusions que les travaux conduits voici deux ans par les membres du GCS HUGO : 1€ dépensé dans les grands établissements de santé génère 1,85 € dans l’économie locale. [AD1] Dans le cas du GCS Grand Est, les données de chacun des 7 établissements ont été recueillies via un formulaire d’enquête ciblant l’activité, la masse salariale, les dépenses d’investissements et d’achats, ainsi que les impôts et taxes. L’analyse des réponses puis la vérification des résultats ont été assurées par les établissements et par la coordination du GCS Grand Est.
En savoir plus sur le GCS Grand Est
Le GCS Groupement du Grand Est a été créé en 2005 par les CHU de Besançon, Dijon Bourgogne, Nancy, Reims et Strasbourg et le CHR de Metz-Thionville afin de faciliter l’émergence de projets communs. La création de ce groupement a notamment pour but de favoriser la collaboration portant sur les trois thèmes structurants pour les établissements, à savoir : l’enseignement, les activités de points en soin et la recherche. Au premier janvier 2016, l’interrégion Est compte 8 361 379 habitants, ce qui représente 12,5% de la population nationale.
Décryptage
L’impact économique est composé de la somme de l’impact direct, de l’impact indirect et de l’impact induit.
L’impact direct correspond aux retombées économiques sur le territoire créées par les établissements de santé eux-mêmes et par les entreprises ayant une activité sur le site. Ces retombées sont constituées par les salaires, les achats, les investissements et les impôts locaux.
L’impact indirect quantifie les retombées économiques induites par les patients, les familles et les étudiants des instituts de formation et écoles des établissements de santé. Seules les personnes qui ne résident pas dans les départements d’implantation des établissements de santé sont prises en compte pour mesurer l’attractivité. Ces retombées sont les différentes dépenses locales réalisées (logement, hôtellerie, restauration, achats divers, etc.)
L’impact induit est un effet d’entrainement provenant des flux monétaires que les impacts directs et indirect injectent dans l’économie du territoire de localisation de l’établissement de santé. Cet impact estime la diffusion dans le temps des flux monétaires. Cette diffusion se fait à la manière d’une spirale vertueuse selon laquelle toute retombée économique est en partie génératrice de nouvelles retombées pour l’économie locale. Cet effet implique un coefficient multiplicateur. Au regard des études semblables réalisées, des territoires, du contexte, ce coefficient multiplicateur est fixé à deux pour cette étude.
L’impact social correspond aux équivalents emplois créés par les établissements. Il s’agit des emplois directs des établissements ainsi que des équivalents emplois créés par les flux monétaires générés par les dépenses des établissements de santé. Sont pris en compte dans ces emplois directs, les salariés des établissements, fonctionnaires et contractuels, ainsi que les internes en activité dans les établissements. Les étudiants médicaux et non-médicaux ne sont pas pris en compte dans l’impact social direct. Leur participation aux retombées est évaluée dans l’impact indirect lorsque ces personnes sont originaires d’autres départements que celui d’implantation des établissements de santé.