Au palmarès des sujets hospitaliers les plus médiatisés de ce mois : les dépassements d’honoraires dans le public, les 30 ans d’Amandine et deux rapports, l’un sur la fin de vie, l’autre sur la sexualité des adolescents…
« Ces chirurgiens qui nous matraquent » titre 60 millions de consommateurs sur sa couverture !
Se fondant sur le tarif de base remboursé par la Sécu, Erwan Le Fur a mené un minutieux travail de recensement des dépassements sur 10 actes fréquemment pratiqués dans 11 CHU. Au final des motants « indécents » selon l’AFP du 22 fév, « abusifs » pour France Soir du 23 fév, des qualificatifs repris dans toute la presse et largement commentés par les chroniqueurs. En effet des taux supérieurs à 1 000% ont été enregistrés échappant totalement aux principes du « tact et mesure » – expression du Code de la Santé publique que les journalistes manient avec ironie (le taux moyen se situant entre 68% et 408%). L’exemple emblématique est celui de la prothèse facturée dans les « 4.500 euros alors que le prix remboursé par la Sécu se limite à 460 euros soit près de dix fois plus. En moyenne, ce sont « près de 700 euros qui sont facturés aux patients en plus du tarif de la convention » note le journaliste. Ce montant peut être à la charge des complémentaires mais dans les faits, il est principalement supporté par les patients.
Ce constat – même s’il heurte – mérité d’être pondéré car ces dépassements demeurent peu fréquents. Sur les 80 000 praticiens hospitaliers, un peu plus de la moitié (45 000) pourraient, au regard de leur statut, prétendre à une activité libérale. Or seuls 5% d’entre eux (4 525 ) exerçaient en 2010 une activité privée à l’hôpital public (pas plus de deux demi-jourrnées) et sur ce nombre 1 862 étaient inscrits en secteur 2 avec honoraires libres soit 2,3% de l’ensemble de la communauté médicale hospitalière. « Les plus gourmands améliorent leurs revenus de l’ordre de 70 000 euros par an » insiste Daniel Rosenweg dans le Parisien du 23 fév.
Autre enseignement : la moyenne des dépassements du public dépasse celle du privé, une dérive pointée par l’Igas en 2007. Quant à la transparence, elle n’est pas encore généralisée malgré les dispositions du code de la santé publique.
La réaction ministérielle ne s’est pas faite attendre. Sur France 5, dans l’émission « revu et corrigé » de samedi 25 fév, Xavier Bertrand a demandé à l’Assurance-maladie et au Conseil de l’Ordre de « mettre un terme » à ces dépassements d’honoraires « excessifs » qui doivent être « sanctionnés ».
Les 10 actes retenus : la cataracte, la prothèse de hanche, le canal carpien, l’ablation de la thyroïde, l’ablation de la vésicule biliaire, la prothèse de genou, l’adénome de la prostate, le calcul de luretère, l’ablation d’une tumeur du sein, l’ablation de la prostate. Son enquête a porté sur les hôpitaux universitaires implantés dans
Les 11 CHU-étapes du Tour de France : Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Nice, Paris, Rennes, Strasbourg, Toulouse.
Les 30 ans d’Amandine
Peu d’anniversaires sont aussi médiatisés que ceux d’Amandine, 30 ans en 2012. Premier bébé- éprouvette français, elle a vu le jour quatre ans après Louise Brown bébé né de la fécondation in vitro (FIV) mondiale. En France, l’exploit est signé par le biologiste Jacques Testart, et le Docteur René Frydman à l’hôpital Antoine Béclère à Clamart (AP-HP), son parrain*. Un événement que la presse écrite relaie volontiers soulignant à l’occasion que cette avancée a été suivie par beaucoup d’autres dans ce service de gynécologie précurseurà qui l’on doit les premières naissances après congélation d’embryon en 1986, après diagnostic préimplantatoire (DPI) en 2000, après maturation in vitro en 2003, après congélation d’ovules en 2010. A ce sujet, le Pr Frydman regrette d’avoir recours à une technique moins performante que la congélation ultra rapide (la vitrification) utilisée à l’étranger « au prétexte que toute innovation est assimilée à de la recherche sur l’embryon ». Enfin en janvier 2011, naissait à Clamart pour la première fois en France un « bébé du double espoir », dont le sang du cordon ombilical a permis de faire une greffe de moelle à sa soeur malade. » notait l’AFP dans sa dépêche du 20 février. Le lendemain France 2 diffusait un documentaire « un bébé nommé désir »
Rapport sur la sexualité des adolescents
Commandé par Jeannette Bougrab, secrétaire d’Etat à la jeunesse, un rapport sur la sexualité des adolescents cosigné par Israël Nisand, chef du service de gynécologie au CHU de Strasbourg, interpelle sur l’augmentation des interruptions volontaires de grossesse (IVG) chez les mineures, leur taux est passé de 1% à 5% en 25 ans soit 11 930 chez les 15-17 ans en 2009. Dans le même temps leurs grossesses ont tendance à diminuer légèrement : 4 500 en 2010. Des contradictions sont pointées du doigt notamment la gratuité et la confidentialité des IVG ou de la pilule du lendemain mais pas la contraception régulière sauf si elle est délivrée par des associations comme le Planning familial – inégalement implanté sur le territoire. Quant à l’information sur la sexualité à l’école, elle est obligatoire depuis juillet 2001 mais pas dans les faits et le sujet reste tabou. Dans Libération du 16 février, Ondine Millot souligne que la proposition phare du rapport « est la confidentialité et la gratuité de la contraception pour les mineures » pour 80 euros par an et par jeune fille. Dépense qui serait compensée par la baisse des IVG qui reviennent à 500 euros.
Rapport sur la fin de vie
Le premier rapport de l’Observatoire national de la fin de vie dévoilé le 15 février a fait couler beaucoup d’encre. Que révèle-t-il ? Il rappelle des données qui interrogent toujours les hospitaliers et le public : « L’hôpital est le premier lieu de fin de vie ». En France sur les 540 000 personnes qui décèdent chaque année, plus de la moitié meurt à l’hôpital: 58%, plus que dans le reste de l’Europe . Les deux tiers d’entre elles – soit près 320 000 personnes par an dont la moitié sont atteintes d’un cancer – relèveraient de soins palliatifs plus ou moins complexes or à l’hôpital, seule la moitié d’entre elles ont accès à cette prise en charge. Aux urgences, 64% des personnes qui décèdent nécessiteraient des soins palliatifs et seuls 7,5% en bénéficient
Autres constats sur l’accompagnement de la mort à l’hôpital. D’abord, la méconnaissance de la loi Leonetti qui exclut l’acharnement thérapeutique et autorise l’arrêt des traitements quand le patient le demande, selon la formule « Laisser mourir sans faire mourir ». Or seuls 2,6% des médecins généralistes ont pu bénéficier de formation à l’accompagnement de la fin de vie.
En France, il est difficile d’aborder le sujet comme le confimer Régis Aubry président del’Observatoire et chef du servicede soins palliatifs du CHU de Besançon, cité dans Le Monde du 16 fév par Laaétitia Clavreul «(…) dans les pays du nord de l’Europe, culturellement et historiquement, la question de la mort et de la fin de vie est moins taboue »
Est-ce seulement un rapport de plus ? Dans Libération, Eric Favereau estime que l’on fait « du surplace » à dresser chaque année le même état des lieux pour tirer ensuite « un seul enseignement, à savoir le manque de moyens »et évoque clairement la demande d’euthanasie des patients qui persiste « en dépit d’une prise en charge en soins palliatifs » selon l’étude d’Edouard Ferrand, responsable des soins palliatifs à l’hôpital Foch. Car en filigrane, c’est bien cette question qui qui s’invite au débat de la présidentielle.
Les hôpitaux les plus écolos
Le tableau d’honneur des hôpitaux les plus écolos paru dans les colonnes de l’Express, le 20 fév. Signe des temps : un hôpital comme une entreprise ne se définit pas seulement en fonction de la qualité de ses prestations mais aussi en fonction de ses engagements citoyens notamment en matière de développement durable. La sélection tient compte des actions clés engagées pour protéger les patients des produits toxiques, construire des bâtiments écologiques, économiser l’énergie, trier et recycler les déchets. Au tableau d’honneur, on retrouver près de la moitié des CHU.
Savoir choisir les bons et éviter les pires
Avant la saison des palmarès des hôpitaux les lecteurs apprécieront l’analyse critique de Caroline Tourbe dans Sciences et vie de février. Elle dénonce les classements des magazines qui ne s’intéressent qu’aux 50 ou 60 meilleurs établissements de soins et ne permettent pas d’éviter les pires. Cette évaluation partielle laisse dans l’ombre les autres hôpitaux et cliniques « qui traitent pourtant la grande majorité des cas ». Or il est possible de connaître précisément leurs mérites, il suffit pour cela de se connecter aux sites www.has-sante.fr. La journaliste décode les scores et critères en ligne et commente les précieuses informations qu’ils véhiculent.
Marie-Georges Fayn
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