Dans le cadre des mesures liées à l’organisation devant être mise en place par les hôpitaux pour faire face à une éventuelle pandémie grippale, le CHRU de Tours a élaboré une stratégie destinée à apporter une réponse adaptée, cohérente et rapide à tout afflux de patients. Ce travail a donné lieu à la rédaction d’un document élaboré en interne par la direction et les équipes médicales et soignantes concernées. Il prévoit la création d’une cellule de crise qui serait activée en cas de besoin. Ce dispositif repose sur une organisation précise et impose une coordination rigoureuse. Il est décliné à travers les réponses que les médecins du service des maladies infectieuses apportent aux questions suivantes.
1- Qu’est ce qu’une pandémie ?
Une pandémie grippale est une épidémie caractérisée par une diffusion géographiquement très étendue (plusieurs continents ou monde), à l’occasion de l’apparition d’un nouveau soustype de virus résultant d’une modification génétique. Le virus possédant des caractéristiques nouvelles, l’immunité de la population est faible ou nulle. Il peut en résulter un nombre important de personnes infectées, voire de cas graves et de décès.
L’apparition d’une pandémie peut résulter d’une recombinaison génétique entre des virus animaux et humains ou de mutations progressives d’un virus animal, permettant une adaptation à l’homme
2- La grippe pandémique A (H1N1)v est-elle plus sévère que la grippe saisonnière ?
La grippe pandémique A (H1N1)v n’est pas plus sévère que la grippe saisonnière, mais plus contagieuse. Elle devrait toucher 10 à 15% de la population lors du pic pandémique. Il y aura donc beaucoup plus de personnes malades, et l’on peut s’attendre à un afflux plus conséquent de patients à hospitaliser sur une période de 2 à 3 semaines
3- Quels sont les symptômes de la grippe A H1N1 et à qui
s’adresser ?
Les signes de la grippe A(H1N1)v sont principalement :
> Une fièvre supérieure à 38°C ou des courbatures ou une grande fatigue
> Accompagnée de signes respiratoires : toux ou difficultés respiratoires
Si vous, ou l’un de vos proches, présentez des symptômes grippaux, consultez votre médecin traitant. Celui-ci décidera pour chaque cas de la conduite à tenir en fonction des recommandations nationales et éventuellement en concertation avec les médecins hospitaliers référents.
Pour toute personne grippée, il est recommandé de rester au domicile en évitant les contacts rapprochés avec les personnes de son entourage, en portant un masque chirurgical (ordonnance délivrée par le médecin traitant) en présence d’autres personnes et en se lavant régulièrement les mains au savon ou en les désinfectant avec un produit hydro-alcoolique.
En cas d’aggravation de l’état du malade, il est recommandé d’appeler le 15 qui prend en charge les cas les plus graves.
4 Quelles sont les personnes les plus exposées ?
> Les études réalisées dans certains pays montrent que le virus de la grippe A(H1N1)v touche particulièrement les personnes entre 5 et 55 ans, qui le plus souvent ne présentent pas de facteur de risque particulier.
> 1/3 des personnes nées avant 1957 sont immunisées contre le virus de la grippe A(H1N1)v.
> Des personnes à risque ont été identifiées :
– nourrissons de moins de 1 an
– femmes enceintes (2ème et 3ème trimestre)
– personnes souffrant de polypathologies (insuffisants cardiaques, insuffisants respiratoires, …).
5- Comment éviter la transmission du virus ?>
Des masques sont à disposition :
– masques chirurgicaux pour les patients,
– masques FFP2 pour les professionnels au contact des patients.
Il est par ailleurs important de se laver très régulièrement les mains et de les désinfecter avec une solution hydro-alcoolique.
6- Pourquoi faut-il se faire vacciner ?
C’est le meilleur moyen pour enrayer la pandémie et se protéger contre la grippe A (H1N1). Cette vaccination n’est pas obligatoire mais fortement recommandée. En milieu hospitalier, la vaccination anti-grippale sert à éviter que le personnel soit malade et qu’il contamine les autres (collègues, patients). Les professionnels de santé ne doivent pas être un vecteur de transmission du virus.
Il existe 2 vaccins distincts, contre le virus de la grippe saisonnière et contre le virus A (H1N1). En effet, le vaccin contre la grippe saisonnière ne protège pas contre la grippeA (H1N1) car il n’a pas été fabriqué avec le même virus. Trois semaines d’intervalle au minimum doivent être respectées entre les deux vaccinations.
8- Le vaccin est-il sans danger ?
Trois vaccins grippaux monovalents inactivés contre le virus grippal A (H1N1)v ont bénéficié récemment d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). Ils remplissent tous les critères requis en terme de tolérance et d’efficacité.
9- Où se faire vacciner si l’on n’est pas agent du CHRU ?
Les vaccins contre le virus A (H1N1)v sont livrés au fur et à mesure de leur production par les laboratoires pharmaceutiques.
Les professionnels de santé étant les plus exposés ils sont vaccinés en priorité. La campagne de vaccination des personnels du CHRU a débuté le 19 octobre.
Les autorités sanitaires finalisent actuellement l’organisation qui sera mise en oeuvre pour permettre une vaccination de la population dans les meilleures conditions. Une campagne d’information sera largement diffusée afin de permettre à chacun de connaître ces modalités d’organisation et de bénéficier de cette vaccination.
10- Comment le CHRU est-il organisé en cas de pandémie ?
En cas de pandémie, l’établissement devra faire face à un afflux important de patients grippés, qui présenteront pour certains des signes de gravité et devront être hospitalisés. Le CHRU s’organise donc en conséquence. Les grands principes du dispositif sont les suivants :
– une cellule de crise institutionnelle sera activée et jugera au jour le jour, au vu du nombre de patients grippés hospitalisés (notamment ceux nécessitant une intubation / ventilation) et du taux d’absentéisme du personnel (grippé lui aussi), de l’organisation à mettre en place et de son évolution.
– il pourrait notamment être décidé de déclencher le Plan Blanc, de déprogrammer certaines consultations ou hospitalisation pouvant être différées ou d’envisager un rappel de personnel ;
– l’établissement sera sectorisé, avec des circuits identifiés et des lieux de prise en charge dédiés aux patients grippés. Des paliers d’organisation ont été définis en fonction du nombre de patients grippés qui devront être pris en charge.
– l’objectif est également de protéger les patients fragilisés qui sont hospitalisés dans des services sensibles.
11- L’accueil de patients grippés en grand nombre aura-t-il des conséquences sur l’organisation des soins ?
Pendant la période pandémique, afin de limiter la circulation du virus et de protéger les patients hospitalisés, les visites seront limitées à un membre de la famille ou un proche ; les enfants ne seront pas autorisés. Les visites seront strictement réglementées dans les services dédiés à l’hospitalisation des patients grippés : désinfection des mains avec une solution hydroalcoolique avant et après la visite et port d’un masque avant d’entrer dans le secteur dédié. Afin de pouvoir prendre en charge un grand nombre de patients grippés, tout en faisant face à l’absentéisme des professionnels du CHRU qui seront eux-même grippés, il se peut que nous soyons contraints de déprogrammer une partie des hospitalisations ou consultations programmées qui pourront être différées.
12- Le CHRU dispose-t-il des équipements et fournitures nécessaires pour faire face à un tel afflux de patients ?
Le CHRU dispose de stocks de masques chirurgicaux (pour les patients) et FFP2 (pour les professionnels de santé), de traitements antiviraux, de solutions hydro-alcooliques et de kits de prélèvements naso-pharyngés.
Afin de pouvoir prendre en charge un nombre important de patients grippés nécessitant d’être intubés / ventilés, l’établissement s’est également organisé pour disposer de suffisamment de respirateurs.