Lieu emblématique des valeurs d’égalité, de fraternité et d’hospitalité, les hôpitaux sont aussi en prise avec la société et… avec ses travers discriminatoires notamment sexistes, liés à l’âge ou aux origines. Tels sont les enseignements d’une enquête originale menée auprès des responsables administratifs hospitaliers par l’Association des Directrices et des Directeurs d’Hôpital (ADH). Avez-vous personnellement été témoin – ou personnellement victime- d’une discrimination ? Des questions rarement abordées de manière aussi directes qui ont obtenu des réponses tout aussi sincères.
Les résultats montrent que les discriminations existent en effet. Mais les personnels hospitaliers et les usagers ne sont pas concernés de la même façon. La misogynie mais aussi la misandrie (version masculine de la misogynie) impactent plus souvent la vie des professionnels que celle des usagers 54% de cas cités pour les hospitaliers et seulement 13% pour les patients, l’âge est aussi discriminatoire dans 47% pour les professionnels et dans une moindre mesure 33% pour les personnes malades. L’origine ethnique joue davantage en défaveur des usagers 62% que des professionnels 39%. Quant à l’apparence physique, elle peut être aussi discriminatoire pour les professionnels 26% comme pour les patients 30%. La grossesse-maternité se révèle discriminante pour les hospitaliers (33%) et rarement pour les clientes de l’hôpital (3,5). Par contre les préjugés liés au handicap interfèrent dans respectivement (23%) des situations professionnelles et (25%) des situations de soins. Viennent ensuite les convictions religieuses, les orientations sexuelles…. Surprenant enfin dans un lieu dédié aux soins, l’état de santé peut être discriminatoire pour les personnels (20%) – performance oblige – comme pour les patients (16%)
Personnels, usagers les principaux critères de discrimination – ADH – Groupe de travail Egalité des chances – Enquête nationale 2015
Il est aussi intéressant de noter qu’un tiers des répondants et surtout des répondantes (40% des femmes et 21% des hommes) déclare avoir été victime d’une discrimination dans sa carrière, le plus souvent par leur supérieur direct ou par la tutelle. Mais la discrimination est parfois difficile à prouver et les personnes concernées manquent de preuve ou ont peur de mal se faire voir. Le sentiment que cela n’aurait rien changé explique aussi l’absence de réaction.
Que faire ?
Les directeurs constatent qu’aucune action spécifique n’a été mise en place dans leur établissement pour lutter contre les discriminations. Pour corriger les situations de discrimination, le dialogue est privilégié ainsi que l’intervention auprès de personnes ressources pour aider les victimes : d’abord la direction puis l’encadrement et les syndicats.
Cependant, la majorité des responsables reconnaît la nécessité d’un travail de pédagogie auprès des équipes et l’intérêt d’élaborer des chartes ou des labels, d’organiser des formations et des colloques pour construire une culture « anti préjugés ». En effet "les discriminations ne sont pas toujours conscientes, c’est pourquoi il me parait très important d’initier le maximum de réflexions et de formations à ce sujet" déclare un répondant.
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Méthodologie
Après plusieurs années consacrées à la promotion de l’égalité hommes/femmes chez les directeurs d’hôpital, l’ADH a élargi le périmètre d’action du groupe de travail « Egalité des chances »( à l’étude de l’ensemble des risques de discrimination. 1ère étape du plan d’action, le lancement en juin 2015 d’une enquête nationale, visant à établir un état des lieux sur l’égalité à l’Hôpital Public. Après 3 semaines d’exploitation, l’enquête a recueilli plus
de 450 réponses, permettant de disposer d’un échantillon national représentatif et de données fiables, révélant les tendances et les ressentis qui traversent l’hôpital et son management en matière d’égalité.
Le groupe de travail « Egalité des chances » de l’ADH
Sollicité en début d’année 2015 sous l’impulsion de Frédéric Boiron, directeur général du CHU de Saint-Etienne et Président de l’ADH et du Bureau national de l’ADH, le groupe de travail est piloté par Christine Girier Diebolt et Sophie Beaupère, vice-présidentes de l’Association. Un appel à participation lancé auprès de l’ensemble des adhérents a permis de constituer un groupe de travail comprenant plus de 20 membres actifs, représentatifs de la profession dans toute sa diversité. Le groupe est conseillé et soutenu dans cette démarche par Maryvonne Lyazid, ancienne Conseillère santé de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et ancienne Adjointe du Défenseur des droits en charge de la lutte contre les discriminations et promotion de l’égalité des droits.
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