Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

L’IHU toulousain dédié au vieillissement officiellement lancé

Auteur /Etablissement :
L’Institut Hospitalo-Universitaire HealthAge a officiellement été lancé le 2 avril à Toulouse. Porté par le CHU, l’Inserm et l’Université Toulouse III - Paul Sabatier, cet IHU, le seul exclusivement dédié au vieillissement en France, se donne pour ambition de contribuer au vieillissement en bonne santé des populations et de devenir le centre de référence européen en Géroscience.

« Je te vois venir vieillesse… » chantait Claude Nougaro. Deux décennies après la disparition du chanteur, ses mots font toujours écho dans la ville rose, qui vient de lancer le consortium HealthAge. Labellisé Institut Hospitalo-Universitaire en 2023, il est le seul en France à se consacrer entièrement à la question du vieillissement, enjeu majeur à l’échelle de notre pays et du continent européen dans les années à venir. 

« Nous allons vivre en moyenne 30 % de notre vie après 60 ans. Les sociétés n’ont jamais été confrontées à ce phénomène.« , annonce le Pr Bruno Vellas, Président fondateur de l’IHU HealthAge, pour qui la fin de vie ne doit pas être synonyme d’âge triste ou de crépuscule. « Cela ne doit pas être vu comme un problème mais une chance. A condition d’éviter la dépendance car le vieillissement est une sorte d’escalier : en haut, on est robuste et en bas, on est fragile. Notre mission est d’aider à repérer quand on descend une marche et ensuite de développer les connaissances, les traitements et les outils pour prévenir et accompagner, à grande échelle, la perte de fonctions. », poursuit-il. 

Crédit Photo : CHU de Toulouse

Référence en France sur le sujet du bien vieillir, notion « qui ne se limite pas à l’absence de maladie mais qui vise le maintien des fonctions pour que chacun puisse continuer à faire ce qui est important pour lui », l’IHU se positionne désormais comme un accélérateur du triptyque recherche, soins, prévention. 

Trois piliers et une ambition

Mettant en oeuvre l’approche novatrice de la Géroscience, « une discipline encore émergente mais en plein essor, qui va nous permettre, notamment, de mieux appréhender la notion d’âge biologique qui est différent de l’âge chronologique » selon le Pr Bruno Vellas, l’IHU déploie un plan d’action en trois étapes. 

La première consiste à évaluer, à l’aide de simples tests, le maintien des six fonctions  essentielles que sont la locomotion, l’état nutritionnel, la santé mentale, la cognition, l’audition et la vision. La deuxième à déployer à grande échelle le programme ICOPE (qui vise à surveiller le maintien des fonctions essentielles chez les personnes âgées et à dépister la fragilité et la perte d’autonomie) pour avoir une action massive de prévention. Un travail déjà bien engagé selon le président de l’IHU avec la mise en place et le suivi d’une cohorte de plus de 50000 seniors. Le troisième pilier consiste à comprendre et intervenir sur le processus biologique du vieillissement. « Comprendre la biologie du vieillissement va nous permettre de mesurer le vieillissement et donc définir l’âge biologique et mieux appréhender les pathologie du vieillissement. Nous avons ainsi observé chez la souris âgée, que si l’on détruit les cellules sénescentes dans le pancréas, elle ne développe plus de diabète lié à l’âge. Cette meilleure compréhension des mécanismes moléculaires et biologiques nous permettra ensuite de développer des médicaments.« , conclut le Pr Bruno Vellas.

HealthAge centre donc son programme sur la compréhension et la prévention du déclin des fonctions liées au vieillissement. Et si les objectifs affichés, « l’amélioration de la qualité de vie des séniors et une réduction du coût des soins de santé et de la perte de productivité« , apparaissent comme ambitieux, c’est parce que l’IHU sait qu’il peut s’appuyer sur un vivier d’ expertises locales de haut niveau de l’environnement toulousain. 

Une école toulousaine du vieillissement

Et cette expertise remonte en effet à plusieurs années. Dès 2007, la capitale de la Haute-Garonne accueillait le premier Gérontopôle de France, sous l’impulsion du Pr Bruno Vellas, chef de service du département de médecine interne et de gériatrie du CHU de Toulouse. Choisie parce qu’elle concentrait un vivier de compétences et présentait une forte activité de soin et de recherche sur le vieillissement, Toulouse allait devenir un épicentre sur la maladie d’Alzheimer et au-delà un centre pionnier de la prise en charge du vieillissement et le dépistage de la fragilité liée à l’âge.

Crédit Photo : CHU de Toulouse

L’école toulousaine du vieillissement, dont sont issues de nombreuses publications scientifiques remarquées et des avancées médicales remarquables, était née. Devenu centre collaborateur de l’OMS dix ans plus tard, le Gérontopôle de Toulouse aura été pionnier dans le déploiement du programme ICOPE.. Fin 2022, une étude-pilote publiée dans The Lancet Longevity démontre la faisabilité et la pertinence de ce suivi sur la plus grande cohorte européenne. Cette dernière s’intègre dans l’ambitieux programme de recherche toulousain INSPIRE, lancé en 2019 et dédié à la biologie du vieillissement. 

A ces atouts, s’en sont ajoutés d’autres comme l’expérience des équipes dans la réalisation de larges essais prévention en population âgée, des cohortes animales (1456 souris, 326 poissons Africans Killifish) et humaine (1088 individus), le soutien d’industriels de la santé de premier plan et d’entreprise de biotechnologie etc. 

Du laboratoire au lit du patient

Moins d’un an après la prise de parole d’Emmanuel Macron, qui avait annoncé en mai 2023 la création d’un pôle d’excellence dédié au vieillissement en bonne santé parmi douze nouveaux IHU, nombreux sont ceux qui ont affiché leur enthousiasme ce 2 avril. A commencer par les différents partenaires de l’IHU. Ainsi, pour le Pr Didier Samuel, le Président-directeur général de l’inserm, ce nouveau centre « sera un atout supplémentaire dans l’impulsion nationale de la recherche sur le vieillissement, thématique scientifique prioritaire et enjeu crucial pour la santé de tous. » Côté CHU, Jean-François Lefebvre, le Directeur Général, et le Pr Fati Nourhashemi, Présidente de la Commission médicale d’établissement, saluent une labellisation qui « constitue une reconnaissance du travail et des résultats des équipes toulousaines de recherche sur le vieillissement », un domaine qui fait l’objet d’une « compétition mondiale », dans laquelle « Toulouse pourra faire rayonner la France. »

Crédit Photo : CHU de Toulouse

Et dans cette prise de paroles des partenaires, la Présidente de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier (et professeur de médecine interne au CHU) Odile Rauzy, et  le Pr Olivier Lairez ,Vice-Président innovation & Partenariats, unissent leur voix pour affirmer que l’IHU « a vocation à faire de la recherche qui soit rapidement transférable au soin mais aussi à emporter les autres disciplines – sciences humaines et sociales, philosophie, économie…-du site toulousain et la population pour mener une réflexion sur le mieux-vieillir. » Enfin, même son de cloche du côté de la Direction régionale de l’Inserm Occitanie Pyrénées qui partage, avec ce nouvel IHU, l’idée d’une science à impact, en la faisant transiter « du laboratoire au lit du patient. » 

La rédaction

Le vieillissement en chiffres 

(source DREES)

  • 1 milliard de personnes de + de 60 ans le monde en 2020 et 2.1 milliards en 2050

  • En moyenne, un être humain vivra 30 % de sa vie après 60 ans

  • En France, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans est de 12,6 ans pour les femmes et 11,3 ans pour les hommes, en 2021

Sur le même sujet

Pour préserver sa fertilité, on lui déplace l’utérus au niveau du nombril

Dans le cadre de la prise en charge d’une patiente atteinte d’un sarcome d’Ewing au niveau de la cloison recto-vaginale, le Pr Cherif Akladios, chef du pôle de gynécologie, obstétrique et fertilité aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, a réalisé un geste spectaculaire et inédit en France. En déplaçant son utérus au niveau de son ombilic, le chirurgien et son équipe ont sans doute permis à la jeune femme de préserver sa fertilité.

« Développer la chirurgie robotique, c’est faire face à beaucoup d’embûches »

A l’occasion d’une série de reportages au CHU de Nice, nous avons suivi le Pr Matthieu Durand, chef du service d’urologie, andrologie et transplantation rénale. Ce dernier a accepté de partager sa vision sur le développement de la chirurgie robotique au bloc opératoire. Dans son service, une attention particulière est donnée à l’enseignement avec 100% d’internes formés à la robotique. Un entretien au carrefour de la formation et de l’innovation.

Dossier : le diabète

Le 14 novembre était la journée mondiale du diabète. Une maladie répandue mais complexe. Environ 537 millions d’adultes vivent avec le diabète dans le monde. En France en 2020, plus de 4,2 millions de personnes vivent avec un diabète, soit 6,1 % de la population. Le diabète est plus fréquent chez les hommes que chez les femmes, à l’exception des territoires ultra-marins où les femmes sont les plus touchées.

Face à l’explosion des demandes de PMA, les CECOS dans l’inquiétude

Depuis la promulgation de la loi de bioéthique il y trois ans, les demandes d’aide à la procréation médicalisée ont explosé. En face de cette dynamique, le nombre de donneurs de spermatozoïdes, lui, est en baisse. Un constat aussi valable pour le don d’ovocytes et qui inquiète les professionnels des Centres d’études et de conservation des œufs et du sperme humain. Ces derniers n’ont que quelques mois pour reconstituer leurs banques de gamètes, désormais régies par la levée de l’anonymat des donneurs. Reportage au CHRU de Tours.