Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Troubles bipolaires : 10 ans entre les premiers symptômes et un traitement adapté !

Auteur /Etablissement :
Le service Psychiatrie et psychologie clinique du CHU de Nancy est l’un des 8 centres experts français dans la prise en charge des troubles bipolaires. Au cœur de ses missions : améliorer le diagnostic et le suivi des patients qui en sont atteints et contribuer à accélérer la recherche en psychiatrie. Depuis sa labellisation en septembre 2011, le centre expert lorrain a réalisé 182 pré-évaluations avec 44 % des patients confirmés bipolaires, 43 % non bipolaires (pour lesquels sont diagnostiqués par exemple une dépression unipolaire, un trouble de la personnalité ou schizoaffectif) et 13 % en attente. En ligne de mire des spécialistes, le retard diagnostique qui sépare l’apparition des premiers symptômes et le choix d’un traitement adapté, en moyenne 10 ans !

Le service Psychiatrie et psychologie clinique du CHU de Nancy est l’un des 8 centres experts français dans la prise en charge des troubles bipolaires. Au cœur de ses missions : améliorer le diagnostic et le suivi des patients qui en sont atteints et contribuer à accélérer la recherche en psychiatrie. Depuis sa labellisation en septembre 2011, le centre expert lorrain a réalisé 182 pré-évaluations avec 44 % des patients confirmés bipolaires, 43 % non bipolaires (pour lesquels sont diagnostiqués par exemple une dépression unipolaire, un trouble de la personnalité ou schizoaffectif) et 13 % en attente. En ligne de mire des spécialistes, le retard diagnostique qui sépare l’apparition des premiers symptômes et le choix d’un traitement adapté, en moyenne 10 ans ! Une période durant laquelle la maladie évolue et peut avoir des conséquences dévastatrices pour le patient et son entourage. Rencontre avec le Pr Jean-Pierre Kahn, responsable du centre expert lorrain.
« Ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que l’âge médian d’entrée dans la maladie est de 17 ans et demi, explique le Pr Kahn, chef du service Psychiatrie et psychologie clinique du CHU de Nancy. Les statistiques montrent également, qu’en moyenne, le patient est correctement diagnostiqué et traité de manière adaptée seulement à l’âge de 27 ans. Un retard considérable et préjudiciable pour lui sur tous les plans : études ratées, désinsertion professionnelle et sociale, difficultés affectives ou crises familiales. » La première mission du centre expert du CHU de Nancy est donc de contribuer à raccourcir ce délai, pour proposer, le plus précocement possible, une prise en charge adaptée. « Car aujourd’hui il y a des maladies mentales qui se soignent très bien, tient à rappeler le Pr Kahn qui fait le parallèle avec les cancers, plus on s’en occupe tôt, meilleur est le pronostic.»

Officiellement labellisé centre expert en 2011 par la fondation FondaMental, le CHU de Nancy travaille depuis plusieurs années sur les troubles de l’humeur et de la bipolarité, en étroite collaboration avec l’équipe des Hôpitaux Universitaires Henri Mondor de Créteil qui relèvent de l’AP-HP. « Le centre expert est une structure de recours, autrement dit il ne se substitue pas au suivi psychiatrique de proximité, souligne le Pr Kahn. Il propose une aide au diagnostic pour des patients qui lui sont adressés par un psychiatre libéral ou hospitalier ou par un médecin généraliste. »
Une consultation dite de « screening » permet tout d’abord de confirmer ou d’écarter le diagnostic de bipolarité. Durant une heure d’entretien, le médecin repère, avec le patient, les antécédents familiaux et personnels qui caractérisent un trouble bipolaire. Les patients confirmés ou qui présentent un doute fort, sont vus en hôpital de jour, en phase intercritique. 2 journées pour des évaluations psychiatrique, psychologique, neuropsychologique complètes et des bilans imagerie, biologique, social.
Les patients bipolaires, autant d’hommes que de femmes, relèvent principalement de 2 catégories :
– de type 1 : constitué des personnes vivant des épisodes maniaques francs à l’origine d’une procédure d’hospitalisation, le plus souvent sous contrainte. Ces états d’agitation qui modifient émotions, comportements, perceptions sensorielles, pensées et motivations, peuvent prendre diverses formes. « La constante de ces comportements c’est la disproportion, comme par exemple l’achat de 500 couvertures pour l’hiver, des rapports sexuels non protégés, une conduite automobile à 250km/h, de la toxicophilie (consommation de produits addictifs) ou encore une insomnie sans fatigue », illustre le Pr Kahn.
– de type 2 : des patients plus difficiles à diagnostiquer car les périodes d’exaltation ne sont pas suffisamment intenses pour inquiéter l’entourage. « Les malades pensent à un bien-être retrouvé : retour de la libido, de l’envie d’entreprendre, des idées qui foisonnent. En phase euthymique, c’est-à-dire d’humeur normale, ils ont la nostalgie de ces épisodes où ils se « sentent bien ». L’objectif ici est, avec l’aide des proches, de faire le distinguo entre le comportement habituel du patient et les périodes où il est deux ou trois crans au-dessus. »
Un intérêt tout particulier est également porté aux pathologies associées, psychiatriques (dépression, anxiété, addictions) et somatiques (cardio-vasculaires, diabète, etc.) pour lesquelles il existe une importante surmorbidité. « Être bipolaire, c’est par exemple avoir deux fois plus de risque de mourir d’un infarctus, résume le Pr Kahn. Les problèmes somatiques sont trop souvent négligés dans la prise en charge psychiatrique et vice versa pour les problèmes psy. Le rôle du centre expert est de favoriser les échanges et la coordination entre tous les spécialistes concernés par les pathologies du patient. Nos comptes-rendus détaillés avec recommandations aident à l’élaboration d’un projet de soins personnalisé, complet et de qualité. » Le patient est ensuite revu au centre expert tous les 6 mois pour analyser l’évolution et l’impact des différentes stratégies thérapeutiques mises en place avec son psychiatre ou son médecin traitant.
Afin de diminuer le taux de rechutes et pour une meilleure adhésion au traitement médicamenteux, l’équipe du CHU de Nancy utilise la psychoéducation : cette thérapie innovante incite le malade à devenir expert de sa maladie et à développer des stratégies de gestion au quotidien. Le programme baptisé « Fondamental Campus » avec la participation de l’équipe de Créteil, se déroule sur 12 séances. En groupes et à travers des échanges, jeux de rôles et exercices à domicile, les patients, accompagnés s’ils le souhaitent d’un proche, apprennent à mieux connaître leur maladie, les traitements, à repérer les signes précoces de rechute (mauvais sommeil, irritabilité) et à intégrer l’importance de suivre en permanence un traitement adapté.
Le réseau des centres experts contribue également à accélérer la recherche sur les maladies mentales en constituant une cohorte nationale de patients bipolaires avec des évaluations exhaustives et objectivées de leurs troubles. Les équipes de chaque centre alimentent une base de données informatique nationale (e-bipolar) et assurent un rôle support à des programmes de recherche clinique et fondamentale multicentriques. Parmi les thématiques abordées à Nancy : la recherche d’indicateurs de vulnérabilité génétique de la schizophrénie et de la maladie maniaco-dépressive, la génétique moléculaire des conduites suicidaires et l’étude des facteurs génétiques et environnementaux de vulnérabilité aux troubles bipolaires.
Enfin, dans le cadre de sa mission de formation des professionnels de santé, le centre expert du CHU de Nancy travaille à la mise en place d’un Réseau Lorrain des Troubles Bipolaires (BIPOLOR). Dépistage et connaissance des facteurs de risque des maladies mentales, formation à la psychoéducation : l’objectif est de « mailler » le territoire grâce à des référents formés pour développer une offre de soins de proximité en matière de troubles bipolaires.
Contact :
Centre Psychothérapique de Nancy : 03 83 92 50 50

Sur le même sujet

Concours de l’internat : la Conférence des doyens de médecine défend une réforme “favorable”

Dans un contexte de polémique suscitée par les nouvelles modalités de choix de spécialités pour les internes en médecine, qui dénoncent une forme d’injustice, la Conférence des doyens de médecine a pris la plume. Dans un communiqué publié le 28 août, celle-ci tente de rassurer en affirmant que “l’équité est bien respectée” et que la baisse actuelle du nombre d’internes n’empêchera pas le fonctionnement global de l’hôpital “d’être bien assuré”.

Scully, premier chien dentiste de France : “ on amène de l’humain en amenant du canin”

Depuis novembre 2023, le service d’odontologie de l’Hôpital Morvan (CHU de Brest) a accueilli dans son équipe Scully, une chienne Golden Retriever qui apporte de la sérénité aux patients, en particulier ceux atteints de handicap ou phobiques. Nous avons rencontré le Dr Camille Bossard, cheffe de clinique et propriétaire de Scully. Elle a accepté de revenir sur ce dispositif centré autour de la médiation animale.

JO 2024 : Les HCL à l’heure olympique 

C’est devant les yeux du monde entier que Paris a lancé le 26 juillet dernier la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Un événement international majeur dont les CHU français prennent part jusqu’au 11 août prochain. Illustration avec les Hospices Civils de Lyon, qui ont communiqué sur leur implication dans la coordination du dispositif prudentiel lié aux Situations Sanitaires Exceptionnelles (SSE) des matchs de football qui se jouent au Groupama Stadium, troisième plus gros stade de l’hexagone. Un certain nombre de professionnels de santé assurent par ailleurs l’encadrement médical des épreuves.

A Bordeaux, un nouvel IHU pour mieux prévenir les AVC

Le 11 juillet a eu lieu à Bordeaux le lancement de l’Institut hospitalo-universitaire Vascular Brain Health Institute (VBHI), premier des douze nouveaux IHU annoncés l’an dernier par Emmanuel Macron dans le cadre de France 2030. En réunissant chercheurs, cliniciens et partenaires industriels, cette nouvelle institution souhaite créer un nouveau paradigme dans la prévention des maladies vasculaires cérébrales.