Le service d’Urologie du CHU de Saint-Etienne a toujours marqué un intérêt particulier pour le cancer du rein. Sa base de données, une des plus importantes en France, comporte plus de 800 cas qui ont été incorporés dans une base internationale issue de prestigieuses universités Européennes et Nord-Américaines. Le service du Pr Jacques Tostain bénéficie donc d’une compétence reconnue en matière de diagnostic et de traitement du cancer du rein. Son équipe mène une recherche* prometteuse sur les marqueurs tumoraux.
L’arrivée du Dr Guorong Li dans le service il y a dix ans a marqué un virage important. Son intérêt pour la recherche de marqueurs du cancer du rein, menée en collaboration avec le laboratoire d’Immunologie du Pr Christian Genin, en fait un des rares chercheurs français compétent en ce domaine et le seul à avoir pu l’appliquer en pratique clinique.
Le Dr Guorong Li est parti d’un marqueur d’hypoxie cellulaire (manque d’oxygène) – l’anhydrase carbonique 9 (CA9), découverte par une autre équipe en 1986 – qui s’est avéré être un excellent marqueur du cancer du rein ! Les premières recherches dans le service ont été effectuées à partir de cultures cellulaires avant d’être étendues à des tissus humains prélevés sur des pièces d’intervention chirurgicale puis, dans le cadre d’un PHRC national, par ponction avant une éventuelle intervention. Ainsi le service d’Urologie du CHU de Saint-Etienne a été parmi les premiers à avoir réalisé une application diagnostique chez l’Homme.
Aujourd’hui, une nouvelle étape a été franchie en mettant au point la recherche de ce marqueur sur un simple prélèvement sanguin. Le dosage sanguin présente un grand intérêt car il est toujours difficile de connaitre la nature exacte des petites tumeurs trouvées lors d’une IRM ou d’un scanner. On ne sait pas si elles sont cancéreuses ou non. Le dosage permettrait d’éviter une intervention qui ne serait pas nécessaire. L’équipe du Pr Jacques Tostain s’est également aperçue que le marqueur disparaissait lorsque le cancer était guéri et réapparaissait en cas de récidive.
Les résultats de ces travaux permettraient à la fois de diagnostiquer plus facilement les cancers du rein et d’en assurer plus efficacement le suivi. Cette découverte est d’autant plus importante que 8 000 à 9 000 nouveaux cas de cancer du rein sont diagnostiqués chaque année en France.
Le cancer du rein est un cancer grave et plutôt silencieux (30 % des patients présentent des métastases lors du diagnostic et 30 % ont un stade déjà avancé) d’où l’intérêt de le diagnostiquer le plus tôt possible.
Le service d’Urologie du CHU de Saint-Etienne est le seul en France en mesure de faire ce dosage sanguin puisque l’application est encore au stade de la recherche. Un brevet est en cours de dépôt et les travaux sont menés en collaboration avec le laboratoire Biomérieux en vue d’industrialiser l’application. Le parcours va encore prendre quelques années avant qu’une utilisation soit possible en pratique quotidienne. Une validation des travaux par la communauté médicale sera également nécessaire.
* Les travaux ont pu être menés grâce au soutien du comité Loire de la ligue contre le cancer, du CHU de Saint-Etienne et du cancéropôle CLARA.
L’Association française d’urologie a décerné au Pr Guorong Li le prix de la meilleure communication scientifique en 2002 pour ses travaux sur le cancer du rein