L’annonce de la fermeture de l’unité d’oncologie pédiatrique de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine) suite au départ à la retraite de la pédiatre cancérologue Nicole Delépine a provoqué l’ire des parents regroupés au sein de l’association Ametist. Le 29 avril 2014 ils ont déposé une plainte contre X devant le tribunal de grande instance de Nanterre pour « délaissement ». Dans un communiqué du 30 avril, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris(AP-HP) fait connaître les motifs qui ont déterminé la décision de transfert de cette unité vers l’hôpital Ambroise-Paré (Boulogne-sur-Seine) et répond aux inquiétudes des familles.
Un souci : le respect de recommandations de bonnes pratiques
L’AP-HP tient à ce que les patients traités dans ses services pour des cancers le soient conformément aux recommandations de bonnes pratiques, établies par la Haute autorité de santé, l’Institut national du cancer et les sociétés savantes, et dans le cadre des autorités délivrées par les autorités de santé, ou, lorsqu’il s’agit d’essais thérapeutiques pour de nouveaux traitements, selon des protocoles évalués et placés sous le contrôle d’un comité éthique et d’une supervision scientifique.
La manière dont sont pris en charge les patients dans l’unité d’oncologie pédiatrique de l’hôpital Raymond-Poincaré, sous la responsabilité du Dr Delépine, fait l’objet de controverses depuis plusieurs années. Si des associations et des familles ont marqué leur attachement aux conditions dans lesquelles ses patients sont pris en charge dans cette unité, pour des raisons que l’AP-HP respecte, il s’avère que :
– L’unité prend en charge des adultes alors qu’il n’en a pas l’autorisation ;
– Les recommandations de bonne pratique ne sont pas respectées sur deux points majeurs : L’équipe médicale d’oncologie pédiatrique fait état de résultats chiffrés très favorables (80 %) concernant la survie à 5 ans d’enfants traités selon un protocole original, différent des traitements habituellement utilisés par les équipes françaises et européennes. Ce protocole n’a jamais été soumis à une évaluation par les pairs ou par un CPP (Comité de protection des personnes) avant sa mise en place. Les résultats affichés ne sont étayés par aucune évaluation ayant fait l’objet d’une analyse objective et/ou d’une publication dans les dix dernières années (référence PubMed et interrogation de la Société française des cancers de l’enfant).
Par ailleurs, la tenue d’une réunion de concertation pluridisciplinaire interrégionale (RCPI) pour chaque patient pris en charge pour une maladie oncologique n’est pas appliquée. Malgré les recommandations de l’Institut national du cancer de 2010, l’unité d’onco-pédiatrie n’a présenté aucun dossier depuis 2010 lors de l’une de ces réunions.
Le départ à la retraite du Dr Delépine conduit à ne pas laisser subsister, une unité qui ne respecterait pas les bonnes pratiques, au moment même où l’AP-HP affirme, dans son plan stratégique, son engagement d’appliquer les recommandations du « Plan Cancer III ».
Une continuité des soins proposée à l’hôpital Ambroise-Paré
Pour mener à bien ce transfert et afin de répondre aux attentes des parents et aux besoins des patients, le groupe hospitalier hôpitaux universitaires Paris Ile-de-France Ouest et l’AP-HP s’inscrivent dans une démarche en quatre points :
– L’unité d’oncologie de l’hôpital Ambroise-Paré assurera la continuité des soins pour tous les enfants dont la famille le souhaiterait ; il dispose de l’expertise, des moyens médicaux et paramédicaux pour prendre en charge les enfants (une trentaine actuellement) suivis à l’hôpital Raymond-Poincaré dans les mêmes conditions que les enfants qu’il suit actuellement ; il pourra si nécessaire les adresser vers d’autres services avec lesquels il a l’habitude d’avoir des collaborations.
– Le service d’oncologie adulte de l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif accueillera les adultes, actuellement suivis à l’hôpital Ambroise-Paré.
– Chaque patient bénéficiera donc d’une continuité des soins fondée sur la qualité, la sécurité et le respect des bonnes pratiques, quelle que soit la structure d’oncologie qui prendra le patient en charge. Ainsi, l’information sur la fermeture progressive de l’unité de Garches et sur les dispositions permettant d’assurer la poursuite des soins sera donnée par écrit et lors d’un entretien avec chacune des familles. Le groupe hospitalier facilitera toutes les démarches : la recherche de la structure d’oncologie optimale, la transmission de dossiers, la prise de contact initiale avec l’équipe médicale qui prendra le relais et le lien entre les médecins.
L’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris rappelle enfin que chaque famille est libre de choisir, en lien avec les médecins en charge des patients, la structure d’oncologie pédiatrique qui assurera la poursuite de la prise en charge.