Le label européen Erasmus+ vient d’être accordé au 1er Master européen de Vaccinologie coordonné par les Universités de Lyon. Le projet du Master LIVE est porté par un consortium de cinq universités européennes dont celle de Saint-Etienne et les universités Lyon 1, d’Anvers et de Barcelone. Son ambition : former des vaccinologistes internationaux, de nouveaux professionnels de santé et les préparer à investir un environnement de recherche très dynamique. Entre 20 et 25 vaccinologistes internationaux de très haut niveau sont attendus sur le Campus Santé Innovations à partir de 2017.
Les équipes stéphanoises sont d’autant plus sensibles à cette reconnaissance qu’elles viennent de développer une application de vaccination par voie nasale ; une innovation à mettre à l’actif du laboratoire de la Faculté de Médecine sur l’immunité des muqueuses et agents pathogènes (GIMAP). Cette avancée devrait déboucher sur plusieurs indications thérapeutiques dans des domaines aussi différents que l’infectiologie ou l’allergie*.
Une formation d’excellence
Au terme de six ans de travail en lien avec des partenaires de 22 pays, le projet LIVE a été retenu parmi les 15 lauréats de cet appel d’offres très compétitif. Le Master scientifique LIVE bénéficie d’un budget de 2,41 M€ pour la prise en charge des trois prochaines promotions de Master.
Le programme est basé sur :
1. Une formation approfondie en Immunologie et en Immunopathologie afin de connaître et comprendre les systèmes biologiques de défense immunitaire.
2. Une formation approfondie en Infectiologie et en Epidémiologie pour identifier les agents pathogènes, les maladies infectieuses et être capable de s’adapter aux futures maladies émergentes.
3. Un écosystème international entre les industriels du Vaccin, les acteurs de recherches cliniques et fondamentales, et les organisations liées aux vaccins. Cet écosystème s’est organisé patiemment et volontairement grâce à ce projet LIVE dans un partenariat exceptionnel et participatif au-delà des aspects économiques concurrentiels, en rassemblant tous les partenaires de la chaîne vaccinale.
4. Une anticipation des futurs vaccins notamment contre les cancers. Ces pathologies représentent environ 60 % des études en cours sur les nouveaux vaccins. Les vaccinologistes formés par Live devront en mesure de réorienter l’action du système immunitaire contre les cellules cancéreuses.
5. La formation à la communication sur les vaccins, pour comprendre et conseiller efficacement les populations et les politiques de santé. Un point essentiel à l’heure où les campagnes vaccinales publiques se heurtent au septicisme voire à la crainte du public qui redoute leurs effets secondaires. L’enjeu sera de regagner la confiance en rappelant notamment la contribution des vaccins au maintien de la santé humaine et animale.
Une formation d’excellence pour des vaccinologistes internationaux
Le programme LIVE sélectionnera des étudiants européens internationaux (maximum trois étudiants de même nationalité par promotion) brillants et motivés, avec un très bon niveau d’anglais et au moins titulaires d’une licence universitaire (ou équivalent). Les étudiants se déplaceront dans au moins trois pays différents au cours de leur formation qui les préparera à des carrières internationales dans les secteurs suivants :
– Grandes entreprises pharmaceutiques du vaccin
– Petites et moyennes entreprises spécialisées dans la R&D des vaccins, en recherche de développement international
– Organismes publics nationaux et internationaux chargés de la politique de santé publique, des études cliniques ou des recherches fondamentales vaccinales
– Recherche académique
Ce programme va accroitre fortement l’attractivité de la vaccinologie stéphanoise au niveau régional et la visibilité internationale de ses promoteurs. Il va mobiliser localement l’axe Vaccinologie du Centre d’investigation Clinique dirigé par le Pr Frédéric Lucht, du laboratoire d’Immunologie dirigé par le Pr Christian Génin et le groupe de recherche GIMAP dirigé par le Pr Bruno Pozzetto. La coordination et la communication de LIVE seront assurées par le Dr Stéphane Paul avec l’aide du Dr Nicolas Rochereau.
*Vers une vaccination par voie nasale
Le Dr Nicolas Rochereau, chercheur post-doctorant dans l’équipe du Dr Stéphane PAUL, de retour d’Oxford, a été le premier à décrire une stratégie de vaccination par voie nasale applicable chez l’homme et qui apporte des bénéfices significatifs en termes d’efficacité de certains vaccins anti-infectieux (HIV, Staphylococcus auréus, grippe…) et de sureté d’utilisation.
Cette stratégie vaccinale est basée sur un ciblage particulier du vaccin dans le tissu lymphoïde associé à la muqueuse nasale. L’équipe a pu évaluer cette stratégie dans le contexte d’une infection par le VIH selon un modèle préclinique. L’étude a démontré que l’administration d’un vaccin ciblé par voie nasale – qui ne nécessite donc pas d’injection-, était très efficace en terme de réponse immunitaire et de protection. Ces travaux ouvrent la voie à de nouvelles possibilités de vaccination notamment contre certaines allergies respiratoires. Ces pistes prometteuses sont présentées dans un article publié dans la prestigieuse revue Journal of Allergy and Clinical Immunology**.
**Nicolas Rochereau, Vincent Pavot, Bernard Verrier, Agathe Ensinas, Christian Genin, Blaise Corthésy, Stéphane Paul. Delivery of antigen to NALT M cells via secretory IgA targets local dendritic cells and promote partially protective immunity. J Allergy Clin Immunol. (2015) Sep 20. pii: S0091-6749(15)01105-7. doi: 10.1016/j.jaci.2015.07.042
Face à l’explosion des demandes de PMA, les CECOS dans l’inquiétude
Depuis la promulgation de la loi de bioéthique il y trois ans, les demandes d’aide à la procréation médicalisée ont explosé. En face de cette dynamique, le nombre de donneurs de spermatozoïdes, lui, est en baisse. Un constat aussi valable pour le don d’ovocytes et qui inquiète les professionnels des Centres d’études et de conservation des œufs et du sperme humain. Ces derniers n’ont que quelques mois pour reconstituer leurs banques de gamètes, désormais régies par la levée de l’anonymat des donneurs. Reportage au CHRU de Tours.