Développé initialement au Portugal en 2010 et depuis cette date dans quelques établissements français, un traitement innovant de l’hypertrophie bénigne de la prostate par embolisation de l’artère prostatique fait dorénavant partie de l’arsenal thérapeutique des équipes du CHU de Toulouse, seul établissement de santé d’Occitanie ouest à proposer cette thérapeutique.
Le traitement innovant de l’hypertrophie bénigne de la prostate, disponible au CHU de Toulouse, consiste à injecter, à partir d’un cathéter placé dans l’artère fémorale, des microbilles dans les vaisseaux sanguins qui alimentent la prostate pour diminuer la quantité de sang qu’elle reçoit et ainsi la faire diminuer de volume.
Une maladie qui altère la qualité de vie
L’hypertrophie bénigne de la prostate ou adénome prostatique, est une augmentation de volume de la prostate, très fréquente chez l’homme. La prostate en grossissant peut venir comprimer l’urètre. Le rétrécissement de l’urètre entraîne des troubles urinaires qui peuvent altérer la qualité de vie : besoin fréquent d’uriner, vidange incomplète de la vessie…
En première intention, le traitement proposé est médical, il ne devient chirurgical qu’en cas d’échec des médicaments prescrits soit dans 10 % des cas. Le traitement chirurgical peut également être indiqué en cas de complications : infections urinaires fréquentes, calculs vésicaux, rétention urinaire chronique….
L’embolisation de l’artère prostatique
« Ce nouveau traitement proposé au CHU de Toulouse, explique le Docteur Marie-Charlotte Delchier-Bellec, élargit l’arsenal thérapeutique. Il peut être prescrit en première intention, en alternative aux traitements médicamenteux ou lorsque ceux-ci ont échoué. La décision thérapeutique est prise lors de la consultation avec le médecin urologue, étape primordiale dans le suivi du patient. Les avantages sont nombreux : intervention minime avec un temps post-opératoire simple, sans aucun impact sur la fonction sexuelle. »
L’intervention est réalisée au décours d’une courte hospitalisation par l’équipe du secteur interventionnel d’imagerie (1) après un parcours patient codifié en collaboration avec l’équipe du département d’urologie (2). Elle consiste en l’injection de microbilles dans les artères prostatiques, gauche et droite, qui vont obstruer les capillaires à l’intérieur de la prostate.
Les chiffres clés de l’adénome prostatique
– 50 % des hommes sont touchés par cette pathologie entre 60 et 70 ans et plus.
– 90 % des hommes de 70 ans et au-delà
La procédure en schémas
Comparaison prostate normale et prostate hypertrophiée
1. Sondage vésical par l’introduction dans l’urètre d’une sonde de Foley (un fin tube stérile).
2. Introduction d’un cathéter dans l’artère fémorale en haut de la cuisse droite.
3. Injection d’un produit de contraste pour visualiser les artères qui nourrissent la prostate.
4. Injection de microsphères (comme des microbilles) dans les vaisseaux sanguins qui alimentent la prostate pour diminuer la quantité de sang qu’elle reçoit permettant une réduction du volume de la partie traitée.
5. Le cathéter est ensuite repositionné sur la partie controlatérale de la prostate, à partir du même point de ponction, et le traitement est poursuivi selon les mêmes modalités.
Au final, le volume de la prostate diminue, le canal de l’urètre se normalise et le patient voit sa qualité de vie nettement améliorée.
Notes
1 – Pr Hervé Rousseau – Dr Marie-Charlotte Delchier – Dr Séverine Lagarde – Secteur Interventionnel d’Imagerie – Hôpital Rangueil.
2- Pr Michel Soulié – Pr Xavier Gamé – Département d’Urologie de Transplantation Rénale et Andrologie Hôpital Rangueil