Alors que progresse autant que possible le déploiement de la vaccination, toujours pas d’embellie sur le font de la lutte contre la Covid-19 en ce début d’année 2021. Fin janvier, les nouveaux variants du virus gagnent du terrain et les Français se préparent à un troisième confinement.
«Malgré tous nos efforts, les variants circulent activement en France.» C’est le constat dressé par le ministre de la Santé Olivier Véran, jeudi 28 janvier, lors d’une conférence de presse consacrée à un point sur la situation sanitaire dans le pays. Selon le ministre, au début du mois de janvier, les variants touchaient 500 Français par jour contre "plus de 2 000 patients par jour actuellement". «Le gouvernement veut préparer le terrain et les esprits à des mesures sanitaires plus strictes, dont un possible troisième confinement, après avoir acté que le couvre-feu à 18 heures "ne freine pas suffisamment" l’épidémie de Covid-19», indique France Info le 28 janvier.
Le 24 janvier, Europe 1 rappelle que le Coronavirus a fait 73.049 morts en France. «A l’hôpital, la tension s’accroît, à cause d’une hausse des hospitalisations et des réanimations par rapport au dernier bilan. Le nombre de patients hospitalisés pour cause de Covid-19 a franchi dimanche (24/01/2021) la barre des 26.000, au plus haut depuis décembre, dont près de 3.000 sont dans un service de réanimation, un chiffre qui refuse de baisser depuis plusieurs jours, selon les données de Santé publique France (…). Sur les dernières 24 heures, 918 personnes sont entrées à l’hôpital. Dans les services de réanimation, qui accueillent les cas les plus graves, on comptait 2.965 malades (dont 175 transférés ces dernières 24 heures), soit 69 patients en plus en 24 heures. Ils étaient 2.766 malades en réa il y a une semaine ». Même tonalité dans Libération qui titre «l’hôpital retient son souffle». Dans une interview au Parisien, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a semblé temporiser, indiquant attendre «d’être fixé sur les effets du couvre-feu» (en vigueur à partir de 18 heures depuis le 2 janvier dans 15 départements, puis partout en France depuis le 16 janvier). «On le sera la semaine prochaine», juge-t-il, tout en prévenant: «Si ça ne baisse pas et si les variants commencent à se diffuser partout», le gouvernement «prendra des mesures supplémentaires […]. Et cela s’appelle le confinement». Une perspective pour l’heure écartée.
Vaccination, la polémique
Jean Castex a annoncé sur Twitter, samedi 23 janvier, que la France avait vacciné un million de personnes contre le Covid-19. «A tous nos soignants, à tous nos élus, à tous les personnels et agents des préfectures, des ARS et des établissements de santé, à toutes celles et tous ceux qui unissent leurs forces à cette exceptionnelle campagne de vaccination : merci !, a ajouté le Premier ministre », relate France Info.
Mais l’annonce ne suffit pas à calmer les polémiques. Le 23 janvier, Les Echos indiquent que «les retards de livraison de vaccins font monter l’inquiétude en Europe :
Concert d’inquiétudes au sein de l’Union européenne alors que les laboratoires Pfizer et AstraZeneca ont annoncé des délais dans la disponibilité de leurs vaccins contre la Covid-19. Certains pays prévoiraient jusqu’à 80 % de livraisons en moins qu’attendues». Pour le médecin urgentiste Patrick Pelloux, «La situation est explosive ». Comme le rapporte Ouest-France le 24 janvier, «Patrick Pelloux a critiqué, ce dimanche 24 janvier, sur BFMTV, les modalités de vaccination. Il s’inquiète des pénuries de doses et estime que «l’on n’est pas à l’abri d’émeutes pour se faire vacciner».
A retenir également dans l’actualité une initiative innovante relayée par 20 minutes le 24 janvier : «Un simulateur calcule votre place dans la file d’attente pour se faire vacciner contre le Covid-19. Deux chercheurs ont développé un simulateur permettant à chaque individu, en fonction de son âge, son état de santé ou encore sa profession, de découvrir précisément sa place dans la queue vaccinale».
Regain de violence?
Dans ce contexte de grande tension, différents faits de violence à l’encontre du personnel hospitalier sont également relatés dans la presse. Le 22 janvier, Le Parisien décrit un «Drôle de "spectacle" au Centre hospitalier universitaire de Nantes (CHU) ». La nuit précédente, «un groupe de plusieurs personnes s’y est infiltré pour y libérer un jeune homme de 23 ans qui avait été arrêté quelques heures plus tôt par les forces de l’ordre (…). Plus tard, vers 1 heure du matin, des individus sont entrés dans le même hôpital et y ont pris à partie des membres du personnel ainsi que les policiers qui surveillaient le conducteur. Ce dernier a pu être "libéré" et s’enfuir. À l’extérieur, "une quinzaine individus ont protégé la fuite" de cet homme, précise la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de Loire-Atlantique. Une seule personne – un jeune homme de 21 ans – qui a pénétré dans le CHU a pu être arrêtée et placée en garde à vue, tout comme le passager du véhicule. Trois plaintes de fonctionnaires de police, dont l’un a été blessé au genou, ont été déposées ainsi que cinq par le personnel hospitalier pour violences ».
Le 24 janvier, La République du Centre nous apprend que deux jours plus tôt, vers 21 heures, un homme s’est introduit dans un service de chirurgie du centre hospitalier d’Amilly, a porté des coups à des soignants et cassé du matériel, fou de rage après le décès de son père. «Ce dimanche 24 janvier, l’auteur des coups contre le personnel de l’hôpital a été placé en garde à vue et a reconnu les faits qui lui sont reprochés, selon le procureur de la République, Loïc Abrial. Au terme de sa garde à vue, il sera présenté au parquet, ce lundi 25 janvier, en fin de journée, mis en cause pour des faits de violences aggravées sur personnel soignant, menaces de mort et dégradation de bien public. Dans la journée du samedi 23 janvier, des plaintes ont été déposées, tant par la direction de l’hôpital que par les victimes, des soignants du service. La direction annonçait également mettre en place un soutien psychologique pour le personnel. »
Le 25 janvier, C’est La Dépêche qui nous informe de l’agression d’une médecin urgentiste à l’hôpital de Saint-Gaudens: «Le 20 janvier 2020, *Héléna, 25 ans, enceinte se présente aux urgences de l’hôpital de Saint-Gaudens. Elle souffre de céphalées. Accueillie par le personnel hospitalier, elle est placée dans un box. Soudain, elle insulte avec des mots fleuris le personnel hospitalier notamment une médecin urgentiste : "Salope, pute, je vais pas me foutre à poil". Puis elle quitte les urgences mais revient rapidement et profère de nouvelles insultes: "Sale perverse, j’ai envie de te frapper, de te buter". Puis, elle lui crache au visage à trois reprises, et avec ses deux mains porte un coup violent sur la poitrine du médecin, qui est projetée en arrière. Avant de quitter les lieux, menaçante elle lance: "Toi je te retrouve, je te tue". La victime ressent une vive douleur au niveau du thorax, mais cette agression a surtout causé un choc post-traumatique avec stress. 2 jours d’ITT sont délivrés par un médecin légiste. »
Traduite devant la justice, «la prévenue au casier vierge écope de 3 mois de prison assortis d’un sursis probatoire de 18 mois comportant obligation d’indemniser la victime; 500 € pour préjudice moral et 500 € pour frais de justice.»
Hélène Delmotte