L’information santé en continu sous le soleil d’août avec : la sortie du palmarès du Point, la pétition contre les blouses qui laissent voir les fesses des patients et la perspective de nouveaux gains grâce à l’accueil de patients étrangers…
Palmarès du Point
Surprise : le palmarès des hôpitaux et cliniques dans 63 spécialités réalisé par le Point est paru le 23 août 2012 en pleine période estivale au risque de rater des lecteurs en vacances sous d’autres latitudes. Moins surprenant par contre le tableau d’honneur où triomphent une nouvelle fois les CHU de Toulouse, Lille et Bordeaux. Strasbourg gagne deux places et arrive en bas du podium suivi de Montpellier, de Nantes puis de Tours… Mais l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) n’est pas répertoriée ; la direction ayant refusé de transmettre les données d’activité détaillées de chacun des 4 établissements indispensables à la réalisation du classement par site. « Seules les données globales du siège ont été livrées » déplorent les auteurs du palmarès François Malye et Jérôme Vincent. Une décision collégiale assumée par le directoire de l’AP-HM qui, conformément aux dispositions sur la nouvelle gouvernance, a suivi l’avis de la Commission Médicale d’Etablissement, se positionnant contre le retraitement des données globales de l’AP-HM disponibles auprès de l’Agence Technique de l’information sur l’Hospitalisation (ATIH). Interrogé par Réseau CHU, le directoire de l’AP-HM a « regretté la position de la rédaction du Point, de ne pas avoir classe l’AP-HM malgré la disponibilité publique de ces données, en raison d’un choix éditorial indépendant respecté par l’Institution ». La controverse nourrit une enquête sur l’institution phocéenne. Selon les journalistes, le troisième groupe hospitalier de France « est en plein doute ». Les journalistes citent le rapport de la chambre régionale des comptes qui pointe certains versements et primes, l’activité libérale des médecins, et l’association culturelle. Mais le reportage insiste aussi sur les succès de l’établissement qui possède « une des plus belles unités au monde de radiochirurgie » dotée de deux Gamma Knife. La vaste réorganisation de l’institution, une réussite en ce qui concerne le service de chirurgie thoracique, restructuré et déplacé des hôpitaux Sud à l’hôpital Nord et le projet d’agrandissement de la chirurgie cardiaque. Interviewé, le directeur général Jean-Paul Ségade rappelle l’efficacité du plan de retour à l’équilibre : l’AP-HM affichait « en 2008 un déficit de près de 60 millions d’euros contre 14 aujourd’hui. Nous avons augmenté la production de soins. Cela va améliorer la productivité, l’activité et la qualité de la prise en charge.».
Parmi les autres sujets traités, le Point met en valeur le registre français des prothèses de cheville initié par le Dr Jean-Luc Besse des HCL le traitement express du cancer du sein en un jour, procédure qui allie lors de la même intervention l’enlèvement de la tumeur ou l’ablation complète du sein et la radiothérapie peropératoire. Une procédure expérimentée dans 8 centres dont les CHU de Brest, de Lyon Sud et à Saint-Louis (AP-HP).
Le Point dénonce également les pièges de l’esthétique et les conséquences parfois traumatisantes pour les patients (brûlures lors d’épilations au laser, chirurgie sexuelle féminine ratée par un médecin non qualifié…), les inégalités de traitement du cancer de la vessie et les « carences » de la prise en charge des attaques cérébrales (AVC), 3ème cause de mortalité chez l’homme, 2ème chez la femme et première cause de handicap acquis chez l’adulte.
Le site du Point mettra en ligne son palmarès à partir du 20 septembre prochain.
La blouse qui laisse voir les fesses des patients
« Dignité, mes fesses ! » Lancée en ligne le 31 juillet à l’initiative d’une kinésithérapeute, une pétition contre la chemise d’hôpital ouverte dans le dos qui laisse voir les fesses des patients fait le buzz sur les réseaux sociaux relate Le Monde le 9 août. Le même jour, Marisol Touraine, Ministre de la Santé s’est exprimée sur l’attention portée au respect de l’intimité et de la dignité des patients séjournant dans les hôpitaux publics.
« La solution existe » explique le CHU de Nîmes dans un communiqué en date du 14 août. L’établissement vient de commander 7 000 nouvelles chemises plus respectueuses de la dignité et de la pudeur du patient. Le modèle nîmois garantit l’intimité du patient grâce à une fermeture arrière par pression décalée. Le tissu se superpose, même en cas de mouvements la peau reste couverte par la blouse, des manches papillon facilitent les soins avec possibilité de les fermer lors de déplacements du patient.
Le marché des patients étrangers
En quête de nouvelles recettes, l’AP-HP entend prospecter du côté des patients originaires de pays du Moyen-Orient, de Chine ou de Russie et de l’Ex union soviétique. A terme ces malades fortunés pourraient représenter 1 % des patients traités par l’institution parisienne, a indiqué un de ses directeurs à l’AFP le 5 août, confirmant une information du JDD du même jour. L’AP-HP vient de signer un accord avec Globemed, un partenaire d’AXA basé au Liban. Elle attend le décret d’application pour que l’accord entre en vigueur.
Le sujet restait tabou remarque Anne-Laure Barret dans le JDD du 4 août 2012 « quand les Etats-Unis, l’Allemagne ou le Royaume-Uni soignent des malades du monde entier, la France demeure à l’écart du « tourisme médical », un phénomène mondial en augmentation. Actuellement l’AP-HP traite chaque année quelque 7.500 patients étrangers soit 1% de ses patients. Qui sont-ils exactement ? Des touristes secourus par les services urgences de la capitale, des sans-papiers bénéficiaires de l’Aide médicale de l’État (AME), des proches de ressortissants français qui se cotisent pour financer une opération délicate… et 30% de malades payants de leur poche ou couverts par une assurance, souvent originaires du Maghreb et du Proche-Orient, attirés par la médecine de pointe pratiquée dans des hôpitaux comme la Pitié-Salpêtrière ou Necker. En facturant les soins à un prix plus élevé que le tarif de la Sécurité sociale et en augmentant le nombre de malades concernés l’institution pourrait dégager plusieurs millions d’euros de marge et de résorber une partie de son déficit. Les recettes seront affectées à l’achat de matériel et à l’amélioration des conditions de travail des équipes a annoncé Stéphane Fériaut, directeur du développement. « L’accord pourrait rapporter jusqu’à 20 millions d’euros par an » rapporte l’AFP.
En 2012, l’AP-HP prévoit un déficit de 73,7 millions contre 90 millions en 2011, avant un retour à l’équilibre prévu pour 2013, selon ses chiffres officiels précise l’AFP.
« Les patients français ne seront pas lésés. Ils seront prioritaires » rassure Zohra Bensalem-Djenadi, la coordinatrice du projet à l’AP-HP
Autre piste source de revenus potentiels : le conseil expert
L’AP-HP vient de signer un contrat avec Pékin et se position sur le chantier su futur hôpital d’Hanoi et soutiendrait le Brésil dans le cadre du volet sanitaire des JO de 2016 note Anne-Laure Barret. Quant à l’AP-HM, elle s’apprête à accueillir 1 000 patients étrangers payants par an. « « On veut devenir le CHU de la Méditerranée, vendre l’ultra qualité de notre médecine dans le domaine de la chirurgie de la main, de la radio chirurgie, de l’ophtalmologie » confie Bastien Ripert, chef de cabinet du directeur de l’AP-HM. Les Hospices Civils de Lyon prévoient également de se positionner sur ce marché.
Télématin : les conseils santé des CHU aux aoûtiens
Pour son parcours santé de l’été, le journaliste Richard Zarzavatdjian a posé sa caméra à Bordeaux et prévenu les baigneurs des dangers de la physalie. A Brest, il a embarqué en compagnie de moussaillons-patients, à Limoges il a présenté Hémipass, le passeport qui facilite le retour à domicile des victimes d’AVC, à Montpellier il a alerté contre les risque du tatouage et à Rouen il a suivi la remise en forme des vacanciers sportifs. Les reportages ont été diffusés du lundi 13 au vendredi 17 août 2012.
Moody’s dégrade nos hôpitaux
Débat riche dans l’émission C dans l’air du 9 août 2012 consacrée à la dégradation de la note des CHU par Moody’s et ses conséquences sur le possible renchérissement des taux d’emprunt. L’émission a rempli sa mission didactique et a réussi à éclairer sur le financement des hôpitaux par la T2A et sur leur situation budgétaire actuelle. Un bémol cependant, le fait d’aborder dans le même temps les dossier sensible du paiement des journées de réduction du temps de travail (RTT) des médecins, et les initiatives concernant la recherche de nouvelles recettes sur le marché des patients étrangers fortunés a nui à la clarté du débat. L’émission peut être visionnée à l’URL http://www.france5.fr/c-dans-l-air/sante/moody-s-degrade-nos-hopitaux-36794
Marie-Georges Fayn
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