Depuis la rentrée 2015, un atelier slam est proposé aux patients des unités Espace, Barbara et Salomé du CHU de Nantes. Sans jugement ni pression, il invite et incite les jeunes en souffrance à s’exprimer.
Roulement de tambour : les mains des participants battent la tablette devant eux. Applaudissements d’encouragement par les mêmes. Chacune à leur tour, Océane, Sylvie, Elsa, Christine se lèvent et lisent le texte qu’elles ont rédigé en un quart d’heure à partir d’un thème de leur choix : un mot au départ, puis d’autres, par association d’idées, constituent l’armature d’une poésie.
Quelques minutes pour dire leurs difficultés, leur désespoir, leurs espoirs, avec humour ou gravité…
Salut, nouveaux applaudissements nourris. Avec parfois un vrai talent, toujours avec sincérité et cœur, elles se livrent, elles disent, elles expriment, elles partagent : « Cela n’a rien d’évident pour la plupart, qui sont soit en situation de crise personnelle, scolaire ou familiale, soit souffrent de troubles alimentaires au long cours, explique Cécile Scoazec, cadre de santé de l’unité Espace. La plupart manquent de confiance en elles-mêmes. L’atelier slam les incite à s’exprimer et créer sans critique et sans crainte, avec le soutien très bienveillant de l’animateur qui respecte toujours les limites de chacun et incite sans obliger. »
Le projet naît lorsque Muriel Le Nigen, infirmière à l’unité Espace (psychiatrie 5, service du Dr Rachel Bocher), découvre le slam et pense que cette pratique serait très profitable aux patients dont elle s’occupe. L’idée est lancée, l’association « Lapins à plumes » contactée : son animateur, Thomas Charles, slameur, travaille déjà dans des services de soins, notamment à l’hôpital de Saint-Nazaire. Pour financer l’activité, trois unités unissent leurs moyens : Espace, Salomé et Barbara (service d’addictologie, Dr Stéphane Prétagut), accueillant en hospitalisation de jour ou durant un séjour à temps plein des patients très différents dans l’expression de leur mal-être, qui se côtoient le temps de l’exercice : « Ce mélange est très fécond, assure le Dr Julie Urbain, responsable de l’unité Espace. Les participants sont les premiers surpris de ce qu’ils parviennent à produire durant ce moment qui n’est pas présenté comme une thérapie mais participe pourtant bel et bien d’un travail sur la confiance en soi, dont les patients de ces unités (très majoritairement des jeunes filles) manquent si cruellement. Les rencontres, l’art et la créativité les aident à se construire. »
En pratique
Tous les 15 jours, l’atelier réunit une quinzaine de participants volontaires ainsi qu’un soignant de chaque unité, qui sont présents au cas où un patient en aurait besoin, mais prennent aussi part à l’exercice : « Nous ne devons pas être perçus comme des spectateurs. »