La lithiase urinaire, plus communément connue sous le nom de calculs urinaires, est une pathologie fréquente et en constante augmentation dans les populations occidentales. Première responsable : une alimentation trop riche en protéines et en sel. L’action des urologues en charge de cette pathologie souvent très douloureuse (colique néphrétique) s’appuie sur 3 axes : soulager la douleur, aider à l’élimination du calcul et prévenir les récidives. C’est autour de ce dernier objectif qu’est ouverte, depuis septembre 2010, une consultation multidisciplinaire dédiée, unique en Lorraine.
Détails avec le Pr Jacques Hubert, chef du service Urologie qui a travaillé pour cela en collaboration avec le service Néphrologie du Pr Luc Frimat.
La « maladie de la pierre » comme on l’appelait autrefois, se traduit par l’apparition dans un conduit de l’organisme, ici les voies urinaires, d’une masse minérale appelée calcul. Un régime alimentaire trop riche en protéines et en sel est l’une des principales causes de la recrudescence de la lithiase urinaire dans les pays occidentaux. Les symptômes qui doivent alerter : des coliques néphrétiques et des douleurs lombaires. « Les patients traités au CHU de Nancy bénéficient d’une prise en charge de qualité globale et complète, à la configuration unique dans la région », assure le Pr Jacques Hubert.
Après l’examen d’imagerie (échographie ou scanner) qui révèle la présence du calcul, sa dimension et sa localisation exactes dans la voie urinaire, la priorité est de soulager la douleur du patient en faisant baisser la pression des urines dans le rein. Soit grâce à des médicaments, soit par l’introduction d’une sonde urétérale, déviation provisoire entre le rein et la vessie. « Dans 80 % des cas, le traitement se fait en ville car la médication suffit à faire évacuer les petits calculs, précise le Pr Hubert. Mais pour les calculs plus résistants, les patients sont pris en charge en établissement hospitalier. » Au CHU de Nancy, deux méthodes sont utilisées et choisies selon la nature du calcul : un endoscope introduit par les voies naturelles pour pulvériser le caillou et extraire les fragments ou le lithotriteur par lequel des ondes extracorporelles sont dirigées et concentrées sur le calcul en se servant d’un liquide comme conducteur, grâce à un coussin rempli d’eau sur lequel est allongé le patient.
Une fois la douleur soulagée et le calcul éliminé, chaque patient pris en charge au CHU de Nancy, ou à la demande du médecin de ville, est alors orienté vers la « Consultation lithiase urinaire, Bilan métabolique et Prévention des récidives » des services d’Urologie et Néphrologie. Objectif des médecins, infirmières et diététicienne de la consultation : prévenir autant que possible l’apparition de nouveaux calculs, les récidives étant très fréquentes.
Pour ce faire, la première étape est de connaître l’origine du calcul. Quelle que soit la méthode de traitement utilisée, l’important est donc de récupérer le caillou après son élimination. « En parallèle à un dosage du sang et des urines, le caillou est analysé par spectrométrie infrarouge au laboratoire de biochimie à l’hôpital Central. Cette analyse permet de déterminer sa nature exacte, d’identifier ses composants. Pour résumer, cela reviendrait pour une pierre à définir si elle est constituée de granit ou de grès », illustre le Pr Hubert. C’est ce qui permet au médecin d’avoir une orientation sur l’origine de l’apparition du calcul. Si la cause est alimentaire, c’est la diététicienne qui prend le relais. L’enquête diététique sur les habitudes alimentaires du patient aboutit à des conseils et à un réajustement de son régime. Les aliments les plus souvent mis en cause dans les calculs urinaires sont le lait, le chocolat noir et certains végétaux comme la rhubarbe auxquels il faut surtout ajouter un manque d’hydratation régulière.
Avec la prévention alimentaire, la consultation lithiase est aussi l’occasion de dépister des maladies qui n’auraient pas été diagnostiquées ou tout du moins plus tardivement. « Car la lithiase peut être le premier signe d’une pathologie plus grave comme l’hyperparathyroïdie et aboutir à une insuffisance rénale cite le Pr Hubert. Ce sont des maladies pour lesquelles nous sommes en mesure d’agir spécifiquement, au-delà de l’élimination des calculs urinaires. Et s’agissant parfois de maladies familiales, l’information peut être élargie aux proches du patient pour les encourager à se faire dépister à leur tour. »
En moyenne, 10 patients sont accueillis par jour de consultation au CHU. « Le traitement de la lithiase à Nancy est d’ailleurs ancré dans son histoire, aime à rappeler Jacques Hubert. En effet, le roi Stanislas avait créé au 18e siècle une Bourse pour soutenir la prise en charge des « calculeux », terme désignant ces patients à l’époque, comme on peut encore le lire sur le socle de la statue du Duc de Lorraine place Stanislas. »