22 patients atteints d’un cancer du pancréas non opérable et/ou avec des métastases ont accepté de participer au premier essai clinique coordonné par le Pr Louis Buscail, service de gastro-entérologie de l’hôpital Rangueil au CHU de Toulouse. Cette étude lancée en 2010 avait pour objectif de réaliser une première évaluation de l’efficacité clinique de la thérapie, de définir les doses efficaces et d’apprécier la sécurité du procédé.
Résultats : chez les patients métastasés, aucune amélioration n’a été constatée. En revanche, chez les patients porteurs d’une tumeur localisée et avancée, celle-ci n’a pas progressé durant l’expérience et très faiblement à 6 mois. Le taux de survie après un an est encourageant dans ce deuxième groupe. Les injections ont entraîné peu d’effets secondaires, les gènes thérapeutiques semblent avoir atteint leur cible et s’être exprimés. Ces résultats positifs autorisent la mise en place d’un essai clinique de phase 2 avec un plus grand nombre de patients prévu pour 2016. L’effet de l’anticancéreux gemcitabine seul sera comparé à l’effet de la thérapie génique avec gemcitabine.
Les travaux viennent d’être publiés dans la revue Molecular Therapy.
Le cancer du pancréas fait partie des cancers foudroyants : le taux de survie à un an est faible, et à peine 2% des personnes atteintes sont encore en vie 5 ans après le diagnostic. Effectivement, le pancréas, une glande importante dans la digestion et la régulation du sucre dans le sang, est caché derrière divers organes.
Son dysfonctionnement est difficile à dépister et quand on finit par diagnostiquer la tumeur, la maladie est déjà à un stade avancé. Autre difficulté, la propagation de la tumeur facilitée par la proximité des autres organes et du réseau de vaisseaux sanguins. Quant aux traitements conventionnels utilisés pour d’autres types de cancers, ceux-ci ne s’appliquent pas ou mal au pancréas.
Plusieurs équipes de scientifiques toulousains travaillent depuis une dizaine d’années sur une thérapie qui améliorerait les perspectives de survie. Ils ont mis au point une thérapie génique qui sensibilise les cellules cancéreuses au traitement chimique déjà utilisé, la gemcitabine, une molécule qui prend la place d’une des bases azotées de l’ADN et entraîne la mort des cellules lors de leur division. Un autre gène thérapeutique restaure la fonction d’un récepteur à une hormone, la somatostatine, car les chercheurs ont observé qu’il avait un fort effet anti-tumoral.
Maude Bernardet
Source : L. Buscail et coll. First-in-man phase I clinical trial of gene therapy for advanced pancreatic
cancer: safety, biodistribution and preliminary clinical findings. Molecular
Therapy, édition en ligne du 14 janvier 2015.
Partenaires : Institut universitaire du cancer Toulouse Toulouse Rangueil-Larrey, CHU de Toulouse, INSERM, Institut universitaire du cancer Toulouse-Oncopole, Université de Toulouse III- Paul Sabatier