Acteur majeur en cancérologie, l’AP‐HP traite près de 50 000 patients chaque année dont 32 000 nouveaux cas. Pour assurer cette activité qui représente 40 % de l’activité totale de cancérologie d’Île‐de‐France, l’AP‐HP peut s’appuyer sur l’expertise de ses équipes en mesure de soigner les cancers les plus fréquents comme les formes rares. Son leadership lui permet aussi de constituer des cohortes exceptionnelles de patients pour la recherche clinique. Consciente de son rôle social et même sociétal, l’AP‐HP a fait du combat contre le cancer et pour la vie « après le cancer » une priorité stratégique. Aujourd’hui, l’institution adopte le Plan cancer III dont la déclinaison a fait l’objet d’un rapport signé du Pr Serge Uzan, Doyen de la faculté de médecine Pierre et Marie Curie. Qualité, Sécurité, Recherche, Excellence sont les valeurs qui inspirent ce "cercle vertueux » …
Le « Plan cancer III à l’AP-HP »
Pour l’AP-HP, toute personne malade -indépendamment de sa situation sociale ou ses revenus- doit avoir les chances les plus élevées de guérir et de réduire le plus possible les conséquences négatives de la maladie sur sa vie quotidienne. Le patient ne doit jamais être seul face à son parcours de soins et doit toujours se sentir accompagné.
Une ambition reprise sous forme de charte avec 5 engagements clairs :
– la Qualité : avec publication des indicateurs
– la Rapidité : des délais de prise en charge connus à l’avance
– l’Innovation : l’accès à l’innovation, aux essais cliniques
– l’Egalité : un parcours de soins équitable et sans contrainte en particulier matérielle
– le Soutien : un dispositif d’accompagnement tout au long de la maladie et après la phase de traitement initial.
Cette charte est déclinée en 10 objectifs forts qui figureront dans le plan stratégique 2015/2019 de l’AP-HP avec à la clé des évolutions tangibles pour le patient :
– Garantir des rendez-vous dans des délais rapides pour qu’il n’y ait pas de perte de chances pour les patients;
– Coordonner la programmation des consultations et des explorations pour éviter aux malades d’avoir à revenir plusieurs reprises à l’hôpital quand l’ensemble de ses examens peuvent être réalisés dans la même journée;
– Systématiser un programme personnalisé de soins, de suivi et d’accompagnement en lien avec l’offre sanitaire et médico-sociale territoriale existante;
– Augmenter le nombre de malades bénéficiant des innovations thérapeutiques, en pouvant être intégrés dans des protocoles de recherche clinique.
Focus sur 7 grands axes
Médecine personnalisée
Les progrès amorcés en génétique, biologie moléculaire, en protéomique, en imagerie médicale, en thérapeutique et sur les aspects sociétaux de la médecine vont accélérer la personnalisation de la médecine. Une évolution qui s’inscrira dans un parcours personnalisé autour de l’individu, de ses difficultés, de ses handicaps et ira jusqu’aux caractéristiques moléculaires de sa tumeur ;
L’approche « patient traceur » sera généralisée afin de suivre le « parcours » du patient et de s’intéresser à sa prise en charge globale, aux interfaces et aux collaboration interprofessionnelle et interdisciplinaire. Ce dispositif doit intégrer systématiquement la dimension médico‐psycho‐sociale pour un meilleur accompagnement, par la détection précoce de la précarité, du risque de renoncement de soins du fait des restes à charge et de toutes les sources de vulnérabilité. À côté des réunions de concertation pluridisciplinaires habituelles, des réunions de concertation pluridisciplinaire médicosociale seront instaurées.
Organisation de filières spécifiques destinées aux patients présentant des facteurs de risque de cancer, en créant notamment des « Centres d’identification et de prévention du risque de cancer » (CIPRC).
Soins de support : généralisation des plateformes d’accès à ces soins sur le modèle des expériences pilotes déjà réalisées. A ce titre toute activité de chirurgie cancérologique devra être en lien avec une unité de prise en charge de la douleur.
Privilégier toutes les alternatives à l’hospitalisation conventionnelle : diagnostics en un jour, chirurgie ambulatoire, Hospitalisation à domicile, domo médecine, télémédecine, etc. Le développement de la chimiothérapie ambulatoire et de la chimiothérapie orale sera poursuivi et renforcé.
La vie du patient au décours du traitement du cancer doit d’emblée être envisagée avec des actions permettant au patient de substituer un projet de vie à un objectif de lutte pour sa survie. Cela sera désormais formalisé dans le plan personnalisé de l’après cancer : PPAC. Par exemple, l’AP‐HP dispose d’une force quasi exclusive dans le domaine de l’oncofertilité. Dés la phase initiale une préservation de la fertilité doit être proposée aux patients qui sont en âge d’en bénéficier. Il en va de même de la chirurgie reconstructrice après chirurgie radicale : l’AP‐HP s’engage sur la voie d’une chirurgie reconstructrice systématiquement offerte sans reste à charge pour les patients.
La réponse à la question des soins palliatifs fera l’objet d’une réflexion spécifique. En effet, les lits intégrés (LISP) sont souvent préférés par les patients et les soignants aux USP situées en dehors de ces services . Quoiqu’il en soit un besoin de places supplémentaires doit être satisfait en intégrant urgences et soins de suite et de rééducation (SSR).
La relation avec la ville est essentielle. Elle doit inclure les professionnels médico‐psycho‐sociaux. Le lien avec les médecins traitants fera l’objet de conventions spécifiques. Ces derniers seront intégrés à l’organigramme et aux filières de soins de l’AP‐HP. Cette relation privilégiée peut prendre la forme de nouvelles relations au sein d’un collège des correspondants que l’AP‐HP souhaite mettre en place.
Le Dossier Informatisé et le Dossier Communiquant Cancer doivent atteindre le niveau attendu pour de tels enjeux.
Reconnaissance et partage
Création d’un label « cancer AP‐HP » unique et identitaire pour les seules structures AP‐HP acceptant de mettre en oeuvre ces critères de qualité et pour les structures hors AP‐HP souhaitant leur « affiliation » à cette démarche. Un label associé à une charte de prise en charge des patients atteints de cancer lorsqu’ils s’adressent à l’AP‐HP.
La formation des professionnels comme celle des usagers doit être généralisée et doit s’adapter aux nouveaux modes de prise en charge en tenant compte de l’émergence du « patient expert ». L’AP‐HP a un projet d’Institut de formation dédié aux patients et aux usagers à l’Hôtel Dieu qui pourrait répondre à la fois à l’éducation thérapeutique et à la formation des « patients experts » et des représentants des usagers.
Le site Internet dédié au cancer qui ne sera pas un simple portail « attractif » mais un outil à la disposition des médecins et des patients .Outre la description précise de l’offre de soins, il devra par son interactivité faciliter la préparation du parcours dans nos hôpitaux.
Equité territoriale
L’objectif clairement poursuivi et celui que chaque patient d’Île‐de‐France bénéficie du même niveau de prise en charge quel que soit son point d’entrée dans le système de soins. L’AP‐HP par sa mission H et U et son implantation dans des zones de population à fort index de précarité, doit jouer ce rôle d’animateur territorial en élaborant des conventions claires avec les autres établissements de l’Ile de France pour formaliser la stratification des parcours de soins, les échanges de soignants (PM et PNM), avec une politique pour favoriser l’inclusion des patients hors AP‐HP dans les essais cliniques et la participation des Centres Hospitaliers Généraux à l’enseignement.
Les patients pourront ainsi bénéficier d’une véritable « égalité territoriale » combinant des soins de proximité chaque fois que cela est possible et un accès à des soins de recours sans retard chaque fois que cela est nécessaire. La création de RCP régionales et/ou territoriales doit être promue comme « vecteur » de Service Public Territorial de l’AP‐HP.
Ressources humaines et investissements
Spécialisation des professionnels et nouveaux métiers, seront concernés, les infirmières d’annonce, de coordination, clinicienne, TEC/ARC, équipe de Soins de supports et de soins palliatifs, bio‐informaticiens, etc.
Matériels : Imagerie, Biologie moléculaire, Plateformes de génomique, Radiothérapie, Chirurgie, Endoscopie et Radiologie interventionnelle et Logistique (Informatisation, Télémédecine…).
La Radiothérapie reste un des piliers du traitement des cancers, d’où la nécessité du renouvèlement et de la modernisation du parc actuel.
Immobilier : l’humanisation de certains locaux est une priorité. La Création de nouvelles structures Immobilières doit tenir compte des nouveaux parcours de soins en particulier ceux concernant des alternatives à l’hospitalisation conventionnelle.
Recherche – Innovation
Recherche : améliorer et augmenter l’efficience de son organisation et sa visibilité par la création d’un guichet unique « Cancer‐AP‐HP » pour la réponse aux Appels à Projets, la gestion administrative et financière des projets, la valorisation, le développement des actions visant à augmenter les taux des inclusions. Une recherche multidisciplinaire sur la dimension médico‐économique sera instaurée en individualisant un axe Cancer et des projets de recherche concernant les inégalités face au cancer.
Pour faciliter la mise en œuvre de l’ensemble des mesures de cette stratégie, l’AP‐HP doit fédérer ses forces actuellement reparties dans les 12 groupes hospitaliers.
La labellisation depuis 3 ans des structures actuelles a été une démarche à la fois restructurante et essentielle pour une meilleure lisibilité de l’offre de soins, mais il est indispensable de franchir une nouvelle étape à savoir la structuration autour de 3 grands centres fédératifs ou Clusters, reposant sur le même « découpage » territorial que celui proposé par l’ARS. Pour être efficaces ces clusters disposeront pour chacun d’entre eux de la possibilité de traiter tous les types de cancer, à tous les âges, avec des moyens équivalents. Chacun de ces clusters aura à traiter un nombre de nouveaux patients se situant entre 10 et 12 000.
Accès à l’innovation diagnostique et thérapeutique par la recherche clinique et translationnelle est un droit essentiel des patients que l’AP‐HP placera au centre de ses préoccupations. Cette dimension académique est une force que l’AP‐HP doit à ses relations privilégiées et essentielles avec les universités, l’Inserm le CNRS et certains groupes coopératifs de recherche.
Suivi
Un observatoire de suivi et d’évaluation des actions, impliquant des usagers, des soignants, des élus et des personnalités qualifiées, pourra être mis en place et garantir une transparence assumée. Cet observatoire sera chargé annuellement, de publier les indicateurs qui définissent le label « Cancer AP‐HP ».
En savoir plus sur le rapport « Plan cancer III à l’AP-HP »
Ce rapport avait été demandé en janvier 2014, dans le cadre de la préparation du plan stratégique 2015/2019 de l’AP-HP. Le groupe de travail a travaillé en étroite liaison avec l’Institut National de lutte contre le Cancer –INCa.
La mission était composée des différents acteurs de la lutte contre le cancer :
‐ les patients et les usagers en tant qu’acteurs de leur propre prise en charge et de celle d’autres patients atteints de cancer selon la Stratégie Nationale de Santé
‐ des responsables administratifs car la mise en œuvre de ces mesures nécessitera leur implication,
‐ des soignants (non médicaux ou médicaux, soignants et chercheurs) engagés dans la prise en charge de patients atteints de cancer,
‐un spécialiste de santé publique lui‐même issu du monde de la cancérologie a été essentielle.
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