Le nouveau pôle de cancérologie du CHU de Poitiers ouvrira l’intégralité de ses unités le 6 avril 2009. Visite en avant-première d’un hôpital de 135 lits et places qui privilégie autant le bien-être des malades que la haute technologie.
Une éclaircie de ciel bleu qui fend un nuage en deux, telle est l’allégorie du nouveau pôle de cancérologie du CHU de Poitiers. La sculpture signée Franck et Olivier Turpin accueille les malades à l’entrée d’un vaste atrium aux allures de jardin et de salle d’exposition. Le nouveau bâtiment de 13 000 m², spécialisé dans la lutte contre la maladie la plus meurtrière ressemble plus à hôtel qu’à un hôpital. Dès l’arrivée, il se détache du reste du site avec ses panneaux végétaux en façade. A l’intérieur, des couleurs qui flashent, la technique qui arrive à s’effacer derrière le confort, des lieux de restauration, un espace de rencontres et d’information(ERI), des pièces réservées aux familles, un salon d’esthétique, une balnéothérapie… les concepteurs ont voulu privilégier la vie et la relation humaine !
Une conjonction de circonstances favorables
Le regroupement des différents services de cancérologie en un seul centre a bénéficié de la dynamique nationale lancée par les plans cancer et hôpital 2007 remportant au passage une manne de 10 millions (20% de l’investissement). « Résultat : Poitiers est le premier CHU à se positionner aussi fortement sur le cancer en réunissant sur un bâtiment unique les examens, les consultations, les hospitalisations, les traitements les plus sophistiqués et la pharmacie. Pour que vive cette superbe réalisation, il a fallu inculquer un nouvel état d’esprit : ce n’est plus le malade qui se déplace dans un service, c’est l’expertise et le soin qui viennent à lui ; un changement radical pour certains de nos confrères ! » reconnaît avec une pointe d’ironie le Pr Allal, président de la commission médicale d’établissement. Aujourd’hui, traiter un cancer suppose la coordination de spécialistes d’horizons différents : oncologue, médecins d’organes, chirurgiens, hématologues, radiothérapeutes… Le pôle les réunit tous autour du malade et les responsables misent sur ces rencontres pour dynamiser les équipes et favoriser l’innovation. D’ailleurs un espace est réservé aux chercheurs au dernier étage. De nouvelles molécules ou de nouvelles stratégies thérapeutiques naîtront de cette synergie et cette proximité permettra aux patients d’en bénéficier immédiatement.
Un plateau technique imposant 3 accélérateurs neufs qui savent adapter l’émission des rayons au mouvement naturel de la respiration, le premier robot de reconstitution de chimiothérapie installé en France, un appareil de curiethérapie « haut débit » pour implanter des sources radioactives directement dans les tissus, des chambres stériles expérimentales pour patients venant de subir une greffe de moelle… Le pôle s’enorgueillit de disposer d’équipements high tech d’avant-garde qu’il a financés à hauteur de 14 millions d’euros.
L’hospitalisation de jour : une priorité. Les capacités d’accueil sont passées de 28 à 46 places réparties en lits-fauteuils et en chambres pour une personne. « Nous avons choisi de donner plus d’espace à cette prise en charge qui répond à une attente forte des patients. Le premier étage lui est consacré » explique le Pr Jean-Marc Tourani, coordinateur du pôle et oncologue.
« On gagne en visibilité et certainement en reconnaissance » poursuit le Pr Tourani. Etre établissement de recours implique aussi une organisation en réseau de manière à respecter la gradation des prises en charge. Et cela va même plus loin, les chimiothérapies pourront être préparées ici par notre robot et administrées dans l’établissement de proximité du patient : Châtellerault, Loudun, Montmorillon, Châteauroux ou encore Le Blanc. Ainsi le Pr Tourani met en oeuvre l’injonction « Occupons-nous des vivants » qu’il lançait dans le documentaire « Etats de service *».
« Le Poitou-Charentes était une des rares régions françaises à ne disposer d’aucun centre de lutte contre le cancer. La création du pôle régional de cancérologie du CHU vient combler cette carence et nous donne même quelques belles longueurs d’avance. Nous disposons désormais d’un lieu de soins unique au »top du top » dédié au traitement du cancer. Ce pôle répond à un fort besoin de la population locale et a vocation à rayonner bien au-delà de notre secteur sanitaire. Notre activité de cancérologie représentait déjà 25% des séjours des patients. Avec le pôle, nous allons non seulement diminuer la fuite régionale mais aussi augmenter l’attractivité extra régionale. Et puis, à l’heure où les autres établissements finalisent leurs plans de réduction des personnels, nous sommes fiers d’annoncer la création de 70 emplois sur ce site !» précise Jean-Pierre Dewitte, Directeur Général du CHU de Poitiers.
Chiffres clés du pôle régional de cancérologie
13 000 m² sur 4 niveaux
135 lits et places répartis en 46 places pour l’hôpital de jour, 30 lits pour l’oncologie médicale, 9 lits pour la thérapie physique, 26 lits pour l’hospitalisation de semaine et 24 lits pour l’oncologie hématologique dont 8 dédiés aux greffes de moelle osseuse
50 millions d’euros dont 36 millions d’euros pour le bâtiment, 8 millions d’euros pour les équipements d’imagerie et de radiothérapie et 6 millions d’euros pour l’ensemble de la structure.
Financement 80% CHU de Poitiers – 20% Plan hôpital 2007
Principales localisations des cancers chez les patients du CHU de Poitiers
1 200 : appareil digestif
1 000 : sein
800 : organes génitaux masculins
540 : appareil respiratoire
500 : peau
480 : lymphome
360 : voies urinaires
350 : organes génitaux féminins
340 : voies aériennes supérieures
*Etats de service est un documentaire sur le cancer réalisé par Jean-Paul Andrieu. Il a été tourné à l’hôpital Laënnec, entre octobre 1998 et février 2000, avec la participation des malades et de leurs proches, des médecins et notamment du Pr Jean-Marc Tourani, des infirmiers et de l’ensemble du personnel soignant.