En Avril 2002, le Pr Cribier, chef du service de cardiologie du CHU de Rouen, réalisait en première mondiale l’implantation d’une valve cardiaque par voie non chirurgicale. Aujourd’hui, le service de cardiologie du CHU de Rouen évalue un nouveau modèle de valve particulièrement performant. Une première en France !
Une technique innovante reconnue mondialement
Le rétrécissement de la valve aortique est une maladie cardiaque très fréquente et grave qui ne peut être traitée que par remplacement de la valve malade par une valve artificielle. Ceci nécessite une opération chirurgicale lourde, à coeur ouvert, régulièrement pratiquée (150 000 cas par an) et donnant d’excellents résultats, mais dont les risques peuvent être considérés dans un tiers des cas comme trop élevés. Ces nombreux malades, souvent âgés, qui ne sont pas considérés comme de bons candidats à ce type de chirurgie cardiaque, sont de ce fait condamnés à court terme.
nouveau modèle de valve cardiaque qui autorise une implantation sans aucun geste chirurgical, par ponction directe de l’artère fémorale
Pour pallier cette situation, l’équipe du Pr Cribier du CHU de Rouen a tout d’abord initié dès 1985 la technique dite de « dilatation valvulaire aortique au ballonnet » qui a connu un grand succès mais qui s’est révélée insuffisante pour le maintient de bons résultats à long terme. Après 20 ans de recherche en laboratoire et chez l’animal, une valve aortique artificielle a été développée par la même équipe, pouvant être implantée sans chirurgie cardiaque, par simple cathétérisme cardiaque sous anesthésie locale. Pour les patients dont les artères fémorales sont de calibre trop petit, elle peut être également mise en place par chirurgie mini-invasive, une chirurgie beaucoup moins lourde et mieux tolérée que la chirurgie traditionnelle. En 2007, l’équipe du Professeur Bessou au CHU de Rouen, a été la première équipe en France à tester cette autre modalité d’implantation.
La technique d’implantation par voie fémorale consiste à introduire la valve dans l’artère au pli de l’aine. Elle est ensuite poussée jusqu’au coeur sous contrôle radiologique, positionnée à l’intérieur de la valve aortique malade, puis libérée par gonflage d’un ballonnet sur lequel elle a été préalablement sertie. Une fois en place, le flux sanguin peut à nouveau s’écouler normalement à travers cette prothèse valvulaire, aboutissant à la guérison du patient.
Depuis 2002, cette technique a connu un véritable engouement international. Près de 10000 patients ont été ainsi traités dans le monde. La technique est actuellement utilisée en Europe dans plus de 150 centres et connaît une croissance exponentielle. Une large étude (1200 patients, 24 centres) vient de s’achever aux Etats-Unis avec randomisation contre la chirurgie traditionnelle.
En avril 2008, le CHU de Rouen devenait l’un des deux centres d’entraînement européen pour ces techniques d’implantations valvulaires et a déjà formé plus de 500 médecins français et étrangers. Aujourd’hui, l’équipe du Pr Cribier a pour la première fois en France appliqué avec succès sur deux patientes une nouvelle technique simplifiée et prometteuse qui était très attendue, utilisant un nouveau modèle de valve, un nouveau système de mise en place et un introducteur de plus petite taille dont les avantages sont multiples.
Cette nouvelle technique concerne davantage de patients car elle permet l’introduction de la valve dans des artères de calibre réduit, jusqu’alors non utilisables pour la voie fémorale.
De plus la pose de la valve est pratiquée par ponction directe de l’artère fémorale, sans aucun geste chirurgical. Jusqu’à présent, l’introduction du stent contenant la valve se faisait par une incision permettant de « dénuder » l’artère, au niveau du pli de l’aine.
Aujourd’hui, 2 patientes de plus de 80 ans ont pu bénéficier au CHU de Rouen de cette amélioration importante de la technique d’implantation d’une valve cardiaque qui devrait aboutir à une expansion encore plus rapide des indications.