La reconstruction extra corporelle des artères rénale est une intervention extrêmement lourde qui peut durer entre 4 à 6 heures. Cette chirurgie extra corporelle est indiquée dans les cas de lésions les plus complexes, responsables d’hypertension artérielle (HTA) sévère. Rares sont les patients éligibles et tout aussi rares sont les chirurgiens qui maîtrisent cette technique particulièrement délicate. Au CHU de Saint Etienne, au sein de l’unité de Chirurgie Cardio-Vasculaire du CHU, centre de référence national de chirurgie ex-vivo des artères rénales, les spécialistes opèrent le plus souvent de jeunes femmes qui souhaitent devenir mères mais ne le peuvent pas car la grossesse pourrait entraîner une rupture de leur artère rénale.
La chirurgie ex-vivo est indiquée lorsque les lésions touchent les branches de division situées profondément au niveau du hile du rein et qu’un traitement endovasculaire par des dilatations artérielles ou la mise en place de stent serait inefficace. Ce traitement traditionnel des rétrécissements aortiques est en effet adapté aux principales lésions des artères rénales à savoir les sténoses athéromateuses, les anévrysmes et les dysplasies (successions de rétrécissements – sténoses – et de dilatations) et aux lésions situées sur le tronc de l’artère rénale.
Le rein extrait de la cavité abdominale
L’opération ex-vivo des artères rénales est une reconstruction hors du corps de l’artère rénale également appelée auto transplantation rénale. Dans un premier temps, un greffon artériel (artère hypogastrique le plus souvent, veine saphène ou artère fémorale superficielle) est prélevé pour effectuer la réparation de la zone artérielle à traiter. Le rein est ensuite extériorisé de l’abdomen après clampage et section de l’artère rénale. Il est placé dans un plateau rempli de glace pilée stérile et perfusé sous pression avec une solution de conservation. Cette méthode de conservation, également utilisée pour les greffes de rein, permet de travailler jusqu’à 20 heures sur un rein non vascularisé. La réparation artérielle est alors effectuée après résection de l’artère pathologique. Après contrôle artériographique per opératoire pour s’assurer de l’absence de fuite au niveau des anastomoses, le rein est repositionné cette fois-ci dans la fosse iliaque, avec réimplantation de la veine rénale sur la veine iliaque et l’artère rénale réparée sur l’artère iliaque primitive. L’intervention dure entre 4 et 6 heures.
Une sécurité maximale
Il s’agit d’une chirurgie lourde, nécessitant la prise en charge post opératoire en service de soins continus pour une surveillance intensive de 24 à 48 heures et une hospitalisation dans le service de Chirurgie cardio vasculaire de 8 à 10 jours. La reprise de la fonction rénale, la normalisation des chiffres tensionnels, la restauration de l’autonomie et le contrôle de la douleur sont les principaux critères mesurés tout au long de l’hospitalisation.
Cette technique offre une sécurité maximale, en optimisant le confort du chirurgien, le contrôle de la bonne qualité du geste réalisé ainsi que la protection du rein. L’utilisation de greffons artériels comme matériel de substitution permet d’obtenir d’excellents taux de perméabilité à long terme. Parallèlement, les résultats en termes de contrôle de l’HTA sont très satisfaisants.
Pour préserver sa fertilité, on lui déplace l’utérus au niveau du nombril
Dans le cadre de la prise en charge d’une patiente atteinte d’un sarcome d’Ewing au niveau de la cloison recto-vaginale, le Pr Cherif Akladios, chef du pôle de gynécologie, obstétrique et fertilité aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, a réalisé un geste spectaculaire et inédit en France. En déplaçant son utérus au niveau de son ombilic, le chirurgien et son équipe ont sans doute permis à la jeune femme de préserver sa fertilité.