Préoccupé par les conséquences du nouveau dispositif de financement à l’activité, le CHU de Fort de France, insiste sur la nécessité de mieux prendre en compte le contexte géographique, économique et social de la Martinique ainsi que les missions et le rôle de l’établissement au sein de la caraïbe.
L’insularité et l’éloignement de la métropole obligent le CHU à assurer des services hautement spécialisés, mais qui ne pourront être « rentabilisés » par la T2A du fait d’un bassin de population limité (380 000 habitants en Martinique). Il en va ainsi, pour la chirurgie cardiaque, le service des brûlés ou encore pour certains laboratoires très spécialisés. « Au nom de la rentabilité, faut-il renoncer à des services qui seront obligatoirement toujours plus coûteux que leurs homologues de métropole? Ces activités qui doivent être maintenues, au nom du principe d’égalité d’accès aux soins, devront être financées en tout ou partie dans les MIGAC et non uniquement par le biais des tarifs.
Par ailleurs, Le CHU reste très attentif à ce que les activités à caractère général comme les activités de réseau, les consultations médicales lourdes ou spécifiques, la permanence sociale, la consultation médico judiciaire, la médecine du travail? soient intégralement financées dans les MIGAC.
Autre facteur handicapant : l’environnement économique et social difficile des Antilles
Les hôpitaux martiniquais ont accumulé au cours des années des créances irrécouvrables auprès des populations en situation précaire et des ressortissants des pays étrangers voisins. Ainsi, le montant des créances dues par des patients ressortissant des îles voisines s’est élevé pour le CHU à environ 3,5 millions d’euros pour la seule année 2004 (soit 27% des factures émises au titre des produits hospitaliers). La précarité de la population est également à l’origine de nombreuses créances irrécouvrables. Un quart des habitants de la Martinique n’ayant pas accès aux dispositifs de couverture maladie complémentaire, cela conduit le CHU à constater chaque année, un volume de créances qui seront difficilement recouvrées d’environ 2 millions d’euros. Pour pallier ces impayés, les responsables hospitaliers proposent également d’intégrer le financement des créances irrécouvrables dans les MIGAC.
Quant aux missions enseignement et recherche (MERRI), la récente création de l’UFR de médecine (1984-1987) et sa mise en place progressive, sont difficilement compatibles avec les modalités actuelles du financement des MERRI dans le cadre de la T2A. Des enveloppes spécifiques devront être définies pour permettre au CHU de se hisser au même niveau que les autres CHU de métropole.
Désavantagé par le contexte économique et social de la Martinique, le CHU de Fort-de-France plaide pour qu’il soit tenu compte de ses spécificités. Ceci devrait se traduire par un relèvement du niveau des MIGAC. «C’est à cette condition que le CHU pourra continuer à offrir des prestations équivalentes aux autres établissements de métropole » déclare Annie Ramin, Directeur Général.