Dans un courrier adressé à Olivier Véran, la Fédération hospitalière de France alerte sur le manque transparence, de visibilité et les instructions contradictoires qui riquent de nuire au bon déroulement de la campagne vaccinale.
Anticiper ! Tel était le leitmotiv de la Fédération hospitalière de France lors de ses voeux adressés à la presse le 19 janvier. L’écho de multiples attentes en termes d’organisation et de gestion du système de soins, et notamment celle de voir préciser la mission des hospitaliers face à la crise du COVID-19. La question apparaît d’autant plus cruciale ces dernières semaines alors que s’accélère le déploiement de la vaccination avec les incertitudes et les difficultés qui l’accompagnent. Retards de livraisons, pénuries localisées, imprévisibilité des approvisionnements… Dans un courrier adressé au ministre des Solidarités et de la Santé le 21 janvier, Frédéric Valletoux s’inquiète, au nom de la FHF, de dysfonctionnements qui "s’apparentent à ceux survenus lors de la première vague" et alerte sur les entraves au bon déroulement de la campagne de vaccination dans les jours et les semaines à venir.
Une trop grande imprévisibilité des approvisionnements
"Nous renouvelons notre demande de transmission à tous les établissements pivots des prévisions de livraison des doses de vaccin", écrit le président de la FHF. "Dans l’hypothèse où il existerait une incertitude sur les volumes ou le rythme des approvisionnements, il est essentiel que les acteurs hospitaliers en soient informés immédiatement, de façon à éviter des dysfonctionnements en chaînes", prévient-il.
Des instructions contradictoires et des incompréhensions
Le dirigeant hospitalier pointe par ailleurs dans son courrier les "instructions contradictoires" auxquelles sont confrontés les établissements de santé et "qui engendrent des incompréhensions fortes".
"En pratique, bien souvent, ces injonctions contradictoires placent les établissements et leurs responsables médicaux ou administratifs dans une situation particulièrement difficile et injustifiée, souligne-t-il, regrettant que la responsabilité d’établissements soit "pointée localement à tort, alors même que les hôpitaux n’ont ni visibilité, ni pouvoir de décision, ni marge de manœuvre concrète pour jouer un réel rôle de coordination et d’action sur un territoire qui dépasse leur champ d’action, et sur lequel l’Etat seul peut assurer le pilotage attendu".
Un manque de coordination préjudiciable
Les responsables hospitaliers observent du reste "un manque de coordination préjudiciable entre les préfectures et les ARS, tant au niveau régional que départemental". Et ils doivent ainsi se contenter d’informations parcellaires et contradictoires de la part des différentes tutelles. Les acteurs de terrain doivent également faire face à des demandes multiples et redondantes de reporting de la part des différents niveaux nationaux, régionaux et départementaux. Face à ce constat, ils demandent "qu’un seul acteur soit référent et interlocuteur de la vaccination sur les territoires, en lien avec les cellules territoriales de vaccination".
Une clarification de la responsabilité des centres de vaccination
Dans ce contexte, une clarification de la responsabilité des centres de vaccination en fonction de la capacité à répondre des hospitaliers est aussi réclamée.
"Les centres congélo-porteurs ne doivent pas être rendus responsables de la répartition des vaccins sur le territoire. Cette responsabilité ne peut relever que des seules ARS", souligne le courrier de la FHF. Et de rappeler que la responsabilité des vaccins stockés dans les centres de vaccination non hospitaliers revient au responsable légal du centre de vaccination, et non à la PUI de l’établissement congélo-porteur.
Une meilleure définition des cibles prioritaires
L’élargissement très rapide des publics prioritaires, ainsi que la multiplication sans pilotage unifié du nombre de centres de vaccination, dans un contexte de volume de doses limité, conduit les établissements à devoir faire des choix entre les personnes à vacciner. "Ce qui n’est pas leur mission et cela les place dans une situation délicate et, à notre sens, anormale", s’indigne Frédéric Valletoux ."Nous demandons à ce que la priorisation soit revue et ajustée aux capacités réelles de
vaccination, afin de protéger au mieux les Français et de garantir le fonctionnement de notre système de santé et la disponibilité de ses professionnels". Et de rappeler à cet effet qu’il est fondamental de préserver la capacité des établissements à mobiliser leur personnel.
"La restriction apparente de l’accès à la vaccination des professionnels de santé met en danger leur capacité de mobilisation," conclut le président de la FHF.
Betty Mamane