« Le CHU, c’est ma seconde famille ».Anny Lerda lui a consacré sa carrière commencée en 1962. Et si la retraite l’oblige à tourner la page, l’infirmière sortie du rang pour devenir cadre supérieur de santé, souhaite transmettre aux plus jeunes son témoignage, raconter le chemin parcouru. Combien l’hôpital s’est modernisé sur le plan médical et combien l’hôpital s’est amélioré sur les conditions de travail du personnel.
Son premier salaire : 50.000 F de l’époque (500 F). « On était payé en espèces raconte-t-elle non pas par virement bancaire, et chaque début de mois, pour récupérer sa paie ainsi que le bordereau de salaire, il fallait faire la queue au guichet de Pasteur ! »
« J’ai connu les heures à rallonge, le matériel qu’on réutilisait après lavage, les aiguilles qu’on faisait bouillir, les plateaux stérilisés à la flamme et les repas servis à la louche. Il n’y avait qu’un seul cahier de transmission. Aujourd’hui, chaque patient dispose de son dossier de soins infirmiers. Comme toutes les nouvelles technologies, la stérilisation, l’anesthésie, la chirurgie ont progressé. L’ambulatoire évite les séjours inutiles.
En gérontologie, on a instauré les consultations pluridisciplinaires prenant en charge les pathologies de la vieillesse. Sans même parler des locaux rénovés, ni de la 5e semaine de congés. C’est le jour et la nuit. »
Une révolution que Mme Lerda a vécu pleinement :« J’ai débuté au plus bas de l’échelle, comme agent de service hospitalier (ASH). Nous sommes une famille d’hospitaliers. Ma mère travaillait déjà comme aide-soignante. Mes trois soeurs ont suivi ainsi que mes enfants. »
Carrière, bien remplie ! Infirmière en réanimation respiratoire, en chirurgie viscérale, en traumatologie, elle est nommée surveillante enseignante à l’Ecole d’aide-soignante. Elle participe aux formations des agents redéployés (BIH, garage, cuisine etc).
Ensuite, elle est affectée en Gérontologie avant de devenir surveillante-chef dans le service du professeur Cassuto.
« Les années sida. Une expérience terrible avec tous ces jeunes qui mourraient, les mères inconsolables qu’il fallait soutenir, mais aussi quelle leçon sur la vie.
Mme Lerda a rédigé un mémoire pour son diplôme universitaire de psycho-oncologie et l’a intitulé « La place de la spiritualité dans les soins palliatifs ».
« Mon DU, je le dois à tous les patients qui m’ont appris à aller à l’essentiel, à relativiser, à apprécier les petits bonheur qui jalonnent notre quotidien. Dire que nous étions heureux et que nous ne le savions pas ».
De retour en gérontologie, c’est dans le service du Dr Pras que Mme Lerda termine sa carrière hospitalière, le 10 juin 2003.