Les CHU ont célébré leur 60e anniversaire en se tournant résolument vers l’avenir : leur rapport sur les CHU de demain a été présenté aux ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur. Le 12 décembre, veille de l’ouverture des Assises, Agnès Buzyn s’était rendue au chevet des victimes de l’attentat de Strasbourg rendant un nouvel et bel hommage aux équipes soignantes.
Près de 300 participants se sont retrouvés au Futuroscope pour les 16es Assises nationales hospitalo-universitaires, les 13 et 14 décembre 2018. Parmi les moments forts, la présentation du rapport sur le CHU de demain par les six conférences en présence d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. «Pour leurs 60 ans les CHU s’offrent une cure de jouvence», titre ainsi Christelle Destombes dans la Gazette Santé Social.
Comme le rappelle Hospitalia : « Faire évoluer le modèle et le positionnement du CHU dans ses trois dimensions soins-enseignement- recherche », « répondre dans le cadre de la stratégie nationale de santé aux enjeux de l’organisation territoriale », « favoriser la recherche et l’innovation en santé pour que le modèle français conserve sa reconnaissance internationale », tels étaient les enjeux soulignés dans la lettre de mission adressée le 10 novembre 2017 par les ministres des Solidarités et de la Santé et, de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Une mission aujourd’hui collégialement accomplie par M Jean-Pierre Dewitte, président de la Conférence des directeurs généraux de CHU, le Pr Michel Claudon, président de la Conférence des présidents de CME de CHU et son successeur le Pr François-René Pruvot, le Pr Jean Sibilia, président de la Conférence des doyens des facultés de médecine, le Pr Gilles Roussel, président de la Conférence des présidents d’université, le Pr Bernard Muller, président de la Conférence des doyens des facultés de pharmacie et le Pr Corinne Taddei-Gross, présidente de la Conférence des doyens des facultés de chirurgie dentaire."
Propositions phares
«Le déploiement de nouvelles "synergies avec l’université" en proposant au doyen un siège au directoire du CHU (et vice-versa) est l’une des propositions phare», relève le Quotidien du Médecin. Une autre recommandation consiste à créer des « réseaux de CHU » – sur le modèle réclamé par la Cour des comptes – mais aussi « en redéfinissant la notion de recours », a indiqué le Pr François-René Pruvot, président de la conférence des présidents de CME de CHU. Autre idée forte du secteur : la création d’une quatrième mission (dotée d’un financement distinctif) de « prévention et de promotion de la santé » en plus du soin, de la recherche et de l’enseignement. La ministre de la Santé s’y est montrée favorable. Question financement encore, les CHU ont réclamé la « sanctuarisation d’une enveloppe dédiée à la recherche et à l’innovation » en dehors de l’ONDAM. Et ils souhaitent le financement intégral des « charges générées par la formation initiale et continue, ainsi que la permanence des soins des juniors et ce sur une enveloppe dédiée indépendante de la T2A. (…), Si les ministres ont salué le travail réalisé par les six conférences, elles n’ont pas pris d’engagement définitif. La concertation continuera. Des chantiers de réflexions « sur la base des propositions » du rapport sur les CHU seront ouverts en janvier.»
« Je n’ai pas d’inquiétude pour l’avenir des CHU. Le modèle français du CHU est totalement d’actualité, il a une très forte valeur ajoutée et la seule question qui doit se poser est comment augmenter encore cette valeur ajoutée », a exprimé Agnès Buzyn lors de la présentation de ces travaux.
Le rapport de la Cour des Comptes de janvier 2018 préconisant une réduction du nombre de CHU en France semble donc bel et bien enterré. Mais comme l’a exprimé Jean-Pierre Dewitte, président de la Conférence des DG de CHU et DG du CHU de Poitiers à La Nouvelle République : « Il ne suffit pas de dire qu’il faut garder les 30 CHU de France. Il faut qu’ils acceptent de travailler en réseau, si possible à l’intérieur d’une même région. Ce qui ne veut pas dire qu’il y aura un numéro un et les autres. Tout le monde ne fera pas tout mais il faut accepter de sortir d’une situation de concurrence pour passer à une relation de complémentarité, en reconnaissant où sont les compétences les plus fortes. Et ce qui est valable pour les soins l’est aussi pour la recherche. Cela veut dire que des chercheurs de Poitiers peuvent travailler avec des équipes de Bordeaux ou Limoges et même hors du cadre de la région.»
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L’innovation, ADN des CHU
Les bouleversements introduits par les données numériques, l’intelligence artificielle ou encore la génomique ont également fait l’objet de présentations et de débats particulièrement riches. « Un positionnement commun des CHU sur les innovations en santé doit être développé et c’est ce que nous proposerons», a déclaré Catherine Geindre, Directrice générale des Hospices civils de Lyon, et nouvellement élue Présidente de la conférence des Directeurs généraux, en ouverture de la table ronde sur l’innovation en médecine le 13 décembre.
Une présidente à la tête de la conférence des Directeurs généraux
Catherine Geindre Directrice générale (DG) des Hospices civils de Lyon (HCL) depuis mai 2017, a en effet été élue le 12 décembre à l’unanimité pour succéder à Jean-Pierre Dewitte à la présidence de la Conférence des directeurs généraux de CHU. Elle en assurait la vice-présidence depuis 2015, rappelle Décision Santé, tandis qu’ Hospimedia relève qu’elle sera en 2019 la première femme à occuper ce poste.
« Je remercie Jean Pierre DEWITTE, mon prédécesseur, pour le travail accompli ces dernières années. Je suis heureuse et honorée d’avoir été élue à ces fonctions de Présidente de la Conférence. C’est une responsabilité importante dans une période où les débats et les enjeux sont nombreux autour de la place et du rôle pivot que doivent tenir les centres hospitalo-universitaires dans le système de soins français. Je compte m’appuyer sur l’expertise et l’expérience avérées de mes collègues pour conduire les travaux qui devront alimenter ces réflexions et éclairer les décisions des pouvoirs publics en la matière. Les CHU sont le fleuron de la médecine française ; leurs missions spécifiques de recherche, d’innovation et de soins d’excellence et de recours sont au cœur des enjeux de santé de demain », a déclaré Catherine Geindre.
Hommage aux équipes strasbourgeoises
A la veille des Assises, Agnès Buzyn s’était rendue à l’hôpital de Hautepierre à Strasbourg. Après s’être rendue au chevet des victimes de l’attentat, elle a salué le "travail remarquable" des professionnels de santé et évoqué devant l’APM "un moment d’échange assez intense et très émouvant qui montre que les soignants sont toujours présents, très mobilisés [et] très engagés".
50 millions pour la psychiatrie
Cette fin d’année est également marquée par l’annonce le 21 décembre d’Agnès Buzyn relative à l’allocation d’une enveloppe de 50 millions d’euros à la psychiatrie, « un secteur en crise », comme le rappelle Doctissimo. « Cette enveloppe bénéficiera à l’ensemble des régions et contribuera également à réduire les inégalités de financement existant aujourd’hui entre celles-ci. Cette mesure confirme la priorité que la Ministre, dès son arrivée, a souhaité donner à la psychiatrie et qu’elle a confirmé dans le cadre de Ma Santé 2022. En 2019, l’accompagnement et la transformation de la psychiatrie seront poursuivis. Cela se traduira par la préservation renouvelée des moyens de la psychiatrie dans la campagne budgétaire à venir, par la création d’un fonds d’innovation en psychiatrie doté de 10 millions d’euros et par la priorisation des moyens et capacités d’accueil en pédopsychiatrie dans les territoires », précise le ministère.
Hélène Delmotte
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