Importante découverte de l’équipe du Dr. Dominique Campion et du Pr. Didier Hannequin (Inserm U614-IFRMP, Faculté de Médecine et CHU – Hôpitaux de Rouen, dirigée par le Pr. Thierry Frebourg) concernant les bases génétiques de la maladie d’Alzheimer.
Ces travaux viennent d’être publiés dans Nature Genetics.
Depuis 10 ans le laboratoire de génétique du CHU – Hôpitaux de Rouen analyse dans les familles françaises les gènes APP et des présénilines dont les mutations sont à l’origine de formes héréditaires de la maladie d’Alzheimer caractérisées par un début précoce, avant 60 ans.
Les chercheurs rouennais ont été frappés par le fait que, dans certaines familles atteintes de maladie d’Alzheimer héréditaire, aucune mutation n’était détectable.
Puisque certains patients atteints de trisomie 21 présentent après 45 ans une maladie d’Alzheimer et que le gène APP est situé sur le chromosome 21, ils ont émis l’hypothèse qu’un excès de copies du gène APP pouvait également conduire à cette maladie.
Ils ont donc exploré des familles françaises atteintes de formes héréditaires de maladie d’Alzheimer, grâce à une nouvelle méthode permettant de doser les gènes, la méthode QMPSF développée par l’Inserm U614 et le laboratoire de génétique du CHU – Hôpitaux de Rouen.
Cette analyse a révélé effectivement, chez des patients présentant une forme héréditaire de maladie d’Alzheimer associée à des hémorragies cérébrales, une duplication du gène APP, c’est à dire que les patients avaient 3 et non 2 copies du gène comme dans la population générale.
En sondant par QMPSF le chromosome 21 autour du gène APP, les chercheurs ont eu la surprise de constater que, dans certaines familles, la taille du segment dupliqué correspondait à 15% du chromosome 21. Ces patients ont effectivement un chromosome 21 anormalement long et donc une microtrisomie 21 mais ne présentent aucun signe classique de la trisomie 21.
L’examen de leurs cerveaux réalisé par le Pr. Annie Laquerrière (Service d’Anatomopathologie du CHU – Hôpitaux de Rouen) a mis en évidence une accumulation massive du peptide Ab dans leurs neurones et dans la paroi des vaisseaux à l’origine de la maladie d’Alzheimer et des accidents vasculaires.
Ces travaux démontrent qu’une copie excédentaire du gène APP suffit à provoquer une maladie d’Alzheimer précoce, ce qui explique pourquoi les patients atteints de trisomie 21 peuvent développer cette maladie.
Ils confortent l’idée que la surproduction de la protéine APP pourrait être un des facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer de la personne âgée.
D’une façon plus générale, ces travaux confirment que des maladies héréditaires peuvent être dues à un surdosage génique.