Traditionnellement réservé au corps médical, le geste très technique de poses de voies centrales est depuis le début de l’année pratiqué par les quatre infirmiers anesthésistes (IADE) très expérimentés, sélectionnés pour intégrer l’Unité d’Accès Vasculaire (UAV). Une première dans un CHU français !
« Auparavant, cet acte incombait aux médecins radiologues, chirurgiens ou anesthésistes qui l’accomplissaient en fonction des besoins et de leurs disponibilités ; or les pratiques n’étaient pas harmonisées et des problèmes de disponibilité des médecins se posaient » explique le Pr Vincent Piriou, chef du service d’anesthésie et réanimation. En créant cette unité et en déléguant cette pose, notre objectif était de professionnaliser au maximum la pratique, car on ne fait très bien que ce que l’on fait souvent ». Les quatre IADE ont été formés au Centre Léon Bérard, premier centre à expérimenter ce glissement de compétences. Dédiée exclusivement à la pose de voies veineuses centrales, l’UAV a vocation à prendre en charge des patients provenant des établissements du CHU, mais aussi des hôpitaux de la région, de l’Hospitalisation à Domicile (HAD) ou de la médecine de ville. 100 dispositifs sont posés en moyenne chaque mois.
Pour l’instant, les IADE posent uniquement des cathéters centraux insérés périphériquement (PICC lines (1)) mais la montée en charge progressive de l’unité les amènera également à poser dès l’automne des chambres implantables ou Port-a-Cath® (2). réservées aux patients fragiles recevant des traitements de longue durée – principalement des chimiothérapies, des antibiothérapies dans le cas d’infections chroniques ou pour permettre des transfusions ou une alimentation parentérale.
La création de l’Unité d’Accès Vasculaire (UAV) répond à un triple objectif
Mieux gérer le capital veineux des patients, éviter les ponctions veineuses inutiles et douloureuses, améliorer le confort des patients hospitalisés sont quelques-uns des multiples avantages générés par la création de l’Unité d’Accès Vasculaire. Ce nouveau service est issu d’un protocole de coopération établi avec l’ARS et validé par la HAS. Cette convention autorise une délégation de la pose de cathéters centraux à des personnels soignants.
Contrairement aux cathéters périphériques les plus souvent posés qui nécessitent d’être changés tous les 2 à 3 jours, les cathéters centraux n’impliquent qu’une ponction unique d’une grosse veine, sous échographie, qui va permettre aux patients de recevoir des traitements sur une longue durée. Sont concernés les patients hospitalisés sur une période supérieure à 7 jours et pouvant aller jusqu’à plusieurs mois, voire années.
L’échographie est un allié de taille pour effectuer ces gestes techniques et délicats. Elle permet de repérer ces grosses veines, favorisant une meilleure qualité et rapidité de pose et par conséquent, un plus grand confort pour les patients. On limite ainsi le risque de thrombose et d’infection pouvant être lié à ce geste. Pour aider au développement de cette toute jeune unité, l’association de lutte contre la douleur Hôpital 2000 a récemment offert un appareil d’échographie à l’équipe soignante.
Les coopérations entre professionnels de santé permettent aux professionnels de s’engager à leur initiative et sur la base du volontariat, par dérogation aux conditions légales d’exercice, dans une démarche de coopération ayant pour objet d’effectuer entre eux des transferts d’actes, d’activités de soins ou de réorganiser leur mode d’intervention auprès du patient (art 51 de la loi HPST). Dans ce cas, le protocole est limité aux établissements posant au moins 1 000 voies veineuses centrales par an dont au moins 5 par soignant et par semaine, et 20% par les médecins délégants.
L’Unité d’Accès Vasculaire (UAV) : des progrès tangibles en matière de qualité et de sécurité des soins
Depuis janvier, plus de 800 cathéters de type PICC line ont été posés, soit une centaine par mois, avec un taux voisin de 100% de ponctions réussies dès le premier essai, grâce au repérage échographique. Les patients apprécient la réduction des délais de prise de rendez-vous entre 2 et 3 jours, contre plusieurs semaines auparavant. Le temps de pose d’un cathéter a diminué au fur et à mesure que l’expertise de l’équipe s’est affirmée. De 43 minutes en moyenne en janvier, il est passé à 15 minutes aujourd’hui (3). Une performance qui permet bien sûr de prendre en charge de plus en plus de patients mais aussi de se concentrer sur la relation au patient plutôt que sur le geste en lui-même. Pour Annie, IADE à l’UAV, « confier cette mission aux IADE a libéré du temps pour les médecins tout en renforçant l’approche relationnelle, qui est une composante forte du métier de soignant. Les patients en sont très satisfaits ».
Afin de faire profiter un maximum de soignants de leurs nouvelles compétences, et d’améliorer la prise en charge des patients en aval, les membres de l’équipe UAV proposent actuellement des formations aux infirmiers des services concernés par la pose de voies veineuses centrales et ont également mis en place une hotline interne et à destination des médecins et infirmier(e) de ville pour les questions techniques sur la pose et l’entretien de ces dispositifs.
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1 Le PICC line est un cathéter central inséré par une veine périphérique du bras puis avancé jusqu’à ce que la terminaison repose dans la partie distale de la veine cave supérieure.
2 Le port à cath (PAC) est un boitier (réservoir ou chambre) implanté en sous cutané sous l’épaule et raccordé à un cathéter veineux central.
3 Entre l’entrée et la sortie du patient de salle, le temps moyen a par conséquent été réduit ; il est passé de 1h30 en janvier, à 45 minutes aujourd’hui.