En 2003, 2 818 personnes étaient prises en charge et suivies dans les services hospitaliers participants au système d’information hospitalier Aquitain. Ce recensement établi à partir du suivi réalisé par les principaux Centres Hospitaliers de Gironde, Pyrénées Atlantiques, Landes et Lot et Garonne donne un aperçu précis de l’évolution la prise en charge au long cours des personnes vivant avec le VIH en Aquitaine. Au total, entre 1985 et le 31 décembre 2003, 6 570 personnes vivant avec le VIH ont été dénombrées parmi lesquels 3/4 sont de sexe masculin. Chez les hommes, les homosexuels prédominent largement (48% des contaminations) et la transmission hétérosexuelle prédomine chez les femmes (51% des contaminations).
Le suivi épidémiologique fournit d’autres précieux renseignements…
Un baisse très nette des nouveaux cas
Le nombre annuel de personnes nouvellement dépistées (nouveaux diagnostics de séropositivité) puis prises en charge dans les hôpitaux aquitains participants a diminué de façon marquée depuis 1992 (264 nouveaux cas par an à l’époque) pour atteindre 114 nouveaux cas seulement en 2002 et 89 en 2003. Au moment du diagnostic de séropositivité, la moitié des patients a moins de 30 ans et 80% moins de 40 ans. L’âge au moment du diagnostic varie selon le sexe et le groupe de transmission ; les femmes sont plus jeunes que les hommes au moment du dépistage et, ce sont les toxicomanes qui sont les plus jeunes au moment de leur diagnostic de séropositivité (près de 70% ont moins de 30 ans). En 2003, plus de 60% des 63 nouveaux diagnostics chez les hommes résultent d’une contamination par voie homosexuelle (on ne note qu’un seul nouveau cas de contamination par toxicomanie intra-veineuse) et l’ensemble des 26 nouveaux diagnostics chez les femmes d’une contamination par voie hétérosexuelle.
Un dépistage encore trop tardif : Sur le plan clinique et biologique, 17,8% des patients sont au stade SIDA lors du premier contact avec l’hôpital et cette proportion n’a malheureusement pas baissé au fil des années malgré les multiples incitations au dépistage et à la prise en charge précoce.
L’Aquitaine : quatrième région de France Métropolitaine pour le nombre de cas de SIDA
L’InVS a recensé 2584 cas de SIDA domiciliés en Aquitaine entre 1978 et 2003, dont 18 pour l’année 2003 (données provisoires) ; ce qui place l’Aquitaine au quatrième rang des régions de France Métropolitaine. Parmi les 2 818 personnes vivant avec le VIH suivies à l’hôpital en 2003, 34 nouveaux cas de SIDA seulement ont été diagnostiqués et 36 décès enregistrés. Ceci s’explique par le fait que 81% de ces PVVIH adultes sont désormais traitées par des multithérapies hautement actives (au moins trois médicaments antirétroviraux).
Des co-infections qui compliquent la prise en charge : La plupart des patients décède toujours directement de pathologies liées au SIDA. La proportion de patients séropositifs pour le VIH co-infectés par les virus des virales B et C est élevée en Aquitaine : en 2003, 7% des PVVIH suivis à l’hôpital étaient porteurs également d’une hépatite B active et 27% d’une infection par le virus de l’hépatite C. Ces deux co-infections virales compliquent substantiellement la prise en charge qui doit désormais cibler deux voire trois virus.
Le VIH/SIDA reste un problème de santé publique en Aquitaine. Les arguments épidémiologiques sont en faveur d’une persistance de la transmission avec une proportion élevée de contamination par voie homosexuelle et une recrudescence des contaminations par voie hétérosexuelle, surtout chez les femmes. Il importe de continuer et même d’amplifier les efforts de prévention, de dépistage et de prise en charge précoce car l’infection bien traitée permet de garantir à ces personnes un projet de vie avec une infection chronique.
Epidémiologie du sida : 3 sources d’information
Les données sur l’évolution épidémiologique de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) en Aquitaine sont obtenues en 2004 par trois systèmes d’information qui sont :
– 1) la surveillance nationale par l’Institut de veille sanitaire (InVS) des cas de SIDA déclarés (déclaration obligatoire) et des nouveaux diagnostics notifiés dans le cadre de la déclaration de la séropositivité, obligatoire également depuis le début de cette année,
– 2) les données des Centres de Dépistage Anonyme et Gratuit (CDAG)
– 3) le système de surveillance des sujets infectés par le VIH et suivis dans les principaux Centres Hospitaliers de Gironde, Pyrénées Atlantiques, Landes et Lot et Garonne d’où émanent les données de cet article.
D’après un article rédigé par : François Dabis, Denis Lacoste et Sylvie Lawson-Ayayi
Source : Groupe d’Epidémiologie Clinique du SIDA en Aquitaine (GECSA) – INSERM U. 593 (ISPED, Université Victor Segalen Bordeaux 2) et CISIH (CHU de Bordeaux)
Contact : href= »mailto:gecsa@isped.u-bordeaux2.fr » – Tél : 05.57.57.11.40 (Dr Sylvie Lawson-Ayayi) ou 05.56.79.58.23 (Dr Denis Lacoste)