Les collèges nationaux professionnels (CNP) de médecine intensive et d’anesthésie-réanimation médecine péri-opératoire ont adressé dix propositions à la Direction générale de l’organisation des soins (DGOS) pour anticiper une deuxième vague de Covid-19.
Réouverture de tous les lits fermés
La première proposition concerne l’ouverture de tous les lits de réanimation actuellement fermés, faute de personnel soignant (entre 550 et 600 lits), afin d’augmenter de façon pérenne et simple le capacitaire de lits de réanimation à 5.600 lits, proche des 6.200 lits existant en 2009.
Augmentation du ratio soignants/lit
Les CNP demandent également le renforcement du pool des infirmiers diplômés d’Etat (IDE) en réanimation en portant le ratio soignant de 1 IDE/2,5 lits de réanimation à 1 IDE/2 lits de réanimation avec une montée en charge dès le mois de septembre. Une évolution qui nécessite le recrutement de 3.000 à 3.500 IDE qui bénéficieront d’une formation selon le référentiel des compétences des IDE de réanimation. Le renforcement des personnels IDE est également attendu en surveillance continue (1IDE/ 4 lits).
Recensement des IDE compétents en réanimation
La troisième proposition porte sur le recensement dans chaque établissement de santé des personnels IDE compétents en réanimation, associé à des propositions de formations complémentaires pour les personnels travaillant hors réanimation. Une base régionale regroupant les IDE des établissements de santé publics et privés ayant une compétence en réanimation pourrait être créée de manière à constituer l’amorce d’une réserve sanitaire territoriale et nationale. Cette compétence en réanimation devra répondre au référentiel des compétences des IDE de réanimation (SRLF/SFAR) et être validée par les CNP-MIR, CNP-ARMPO et CNP-IDE (ainsi que par la Fédération nationale des IDE de réanimation).
Extension des secteurs de réanimation
Les collèges demandent aussi dans le cadre du plan Situation sanitaire exceptionnelle (SSE COVID-19) l’extension des secteurs de réanimation par l’utilisation des lits d’Unités de surveillance continue (USC) habituellement adossés aux réanimations et préalablement équipées de ventilateurs, puis dans un second temps des lits de réanimation dans les lits d’unités de soins intensifs avec des chambres individuelles en partie déjà équipées en matériel de monitoring qu’il conviendra de doter d’un ventilateur et des équipements de perfusion adéquats. L’extension des lits de réanimation est également attendue dans des chambres individuelles d’hospitalisation non équipées ou salles ouvertes de type surveillance post-interventionnelle. Ces nouveaux secteurs, idéalement mitoyens des réanimations pérennes, devront faire l’objet de pré-aménagements techniques dont la faisabilité doit être rapidement évaluée, de manière à assurer leur transformation facile en unités éphémères de réanimation. Ces trois étapes permettraient d’atteindre un objectif entre 150% à 250% du capacitaire autorisé.
Gouvernance et pilotage par des médecins réanimateurs
Cinquième point, la gouvernance et le pilotage des secteurs de réanimation classiques et des unités éphémères, doivent être assurés par les médecins responsables des secteurs de réanimation MIR et ARMPO.
Création de nopuveaux lits en réanimation
La sixième demande concerne la création de nouveaux lits de réanimation dans le cadre du plan SSE COVID-19 subordonnée à une approche RH approfondie portant notamment sur les ressources médicales et non médicales compétentes avec une expérience au quotidien en réanimation.
Recours à une autorisation temporaire de réanimation
Les établissements de santé disposant de secteurs d’USC non adossés à un secteur de réanimation pourraient par ailleurs utilement obtenir une autorisation temporaire de réanimation si le médecin responsable est un ARMPO ou un MIR. Leur vocation première serait alors d’assurer l’aval de prise en charge post-réanimation dans le cadre du réseau territorial.
Vérification de la disponibilité et du nombre suffisant de respirateurs
Il convient aussi de s’assurer de la disponibilité effective en respirateurs de réanimation et en appareils biomédicaux en nombre suffisant pour couvrir l’ensemble des lits de réanimation et d’USC adossées. Au-delà, il faut que les unités éphémères de réanimation puissent disposer à leur ouverture d’un équipement identique à celui des réanimations autorisées (au niveau local et/ou territorial) en dehors des techniques ECMO et des appareils d’assistance rénale, a priori réservés aux unités de réanimation autorisées. Les équipements destinés aux unités éphémères de réanimation doivent être disponibles sur place ou en réserve dans l’hôpital sous la responsabilité des responsables des secteurs de réanimation.
Organisation d’un réseau de soins critiques associant public et privé
La neuvième propostion à l’échelon régional et/ou infra régional porte sur l’organisation d’un réseau de soins critiques des établissements de santé publics et privés, adultes et pédiatriques, et sur l’élaboration d’un plan précisant pour chaque établissement les modalités d’une montée en charge graduée, la typologie de patients admis, et les conditions de l’évolution organisationnelle en fonction de la pression épidémique en sachant que l’existence d’unités mixtes COVID +/COVID- n’est pas impossible. Il est également suggéré de mettre en place, en lien avec l’ARS et les SAMU, des cellules territoriales de gestion et de coordination du réseau animées par des professionnels de la réanimation, afin d’envisager les transferts si nécessaires.
Définition des unités d’aval des secteurs de réanimation
Enfin, les CNP appellent à définir les unités d’aval des secteurs de réanimation destinés à faciliter le flux des patients en distinguant des secteurs d’USC non adossés à une réanimation, de médecine et de sevrage respiratoire.