C’est ce qui s’appelle se donner les moyens. Aux Hospices civils de Lyon, trois hôpitaux de jour (Mère Enfant, la Croix Rousse et Lyon Sud) se consacrent désormais à la prise en charge des patientes souffrant d’endométriose, soit 10% des femmes en France. Un parcours de soins voué à réduire une errance diagnostique considérable, entre sept et dix ans en moyenne après l’apparition des premiers symptômes. Quant au parcours de soin et à l’accompagnement, ils restent encore trop rares ; une réalité que l’on peut déplorer, surtout lorsqu’on connaît les douleurs, les contraintes mais également les risques que cette pathologie engendre. Si la prise en soin tarde trop, la patiente peut notamment voir se développer une hypersensibilité au niveau de l’endomètre, et donc des douleurs chroniques qui seront difficiles à soigner.
Une unité de temps et de lieu pour un diagnostic complet
C’est à cela que répondent les trois structures lyonnaises. Adressées par un soignant prescripteur, les patientes se retrouvent ainsi plongées au cœur d’un véritable parcours de soin, leur permettant d’obtenir directement une évaluation exhaustive de leur pathologie. Le Pr Pierre-Adrien Bolze (chef de service adjoint du service de chirurgie gynécologique et oncologique – obstétrique de l’hôpital Lyon Sud) insiste sur le gain de temps qu’apporte ce dispositif : « La collaboration entre les professionnels médicaux permet ainsi aux patientes d’accéder en un temps record aux expertises diagnostiques et thérapeutiques des Hospices Civils de Lyon. » L’autre intérêt de ces unités hospitalières, toutes indépendantes les unes des autres dans leur fonctionnement, est d’homogénéiser les pratiques cliniques. En une journée, les patientes concernées se voient remettre leur évaluation et une synthèse clinique. Aux HCL, on veut en finir avec l’errance diagnostique.
Un fonctionnement millimétré
Pour pouvoir augmenter leur capacité d’accueil, les trois structures fonctionnent selon une organisation précise, encadrée par une équipe pluridisciplinaire. Ainsi, une large palette de soignants – gynécologues, échographistes, radiologues, médecins spécialistes en fertilité, chirurgiens digestifs, chirurgiens urologues, kinésithérapeutes, diététiciens, psychologues ou encore des infirmières – sont à l’œuvre pour offrir une prise en charge de l’endométriose dans toutes ses dimensions. Actuellement, une dizaine de patientes sont attendues par semaine. Les trois structures ont cependant bon espoir d’en accueillir davantage au cours de l’année.
“[L’idée] est de placer les patientes au centre de l’organisation de soins et de les inscrire dans un parcours adapté à leur pathologie, avec une dimension diagnostique, une prise en compte du projet de fertilité éventuel, une dimension préopératoire si nécessaire ainsi qu’une prise en charge globale avec soins de support.”
Sophie Waremboug, praticien hospitalier, service de gynécologie obstétrique aux Hospices Civils de Lyon.
L’endométriose, une maladie encore (trop) peu connue
Infertilité, douleurs pelviennes chroniques, troubles urinaires, digestifs et psychoaffectifs, extension des lésions aux organes voisins de l’endomètre etc. Voilà un bref résumé des conséquences de l’endométriose, maladie qui impacte considérablement le quotidien de nombreuses femmes. Rencontrée en septembre 2022 lors d’une interview pour CHU Média, Elodie Chantalat, chirurgien gynécologique et anatomiste au CHU de Toulouse, revenait sur les causes de cette errance : « On a des patientes qui, pendant leurs règles, nous disent « j’ai mal à l’épaule. » C’est aussi pour ça qu’on a une errance diagnostique, on tarde à diagnostiquer l’endométriose parce que la douleur peut être très atypique. »
Océane Rolland avec les Hospices Civils de Lyon
Pour aller plus loin, notre dossier santé sur l’endométriose est à lire ici.