Au chapitre de la souffrance familiale, la violence des enfants à l’encontre de leurs parents fait l’objet d’une attention particulière de la part des services de pédopsychiatrie du CHU de Montpellier. Souvent confrontés à ce phénomène d’agressivité, les équipes ont mis sur pied un suivi spécifique et innovant pour accompagner les jeunes et soutenir leurs parents. L’enfant est suivi en psychothérapie avec souvent en parallèle une prise en charge médicamenteuse. Le programme montpelliérain comprend aussi la participation des parents à un groupe de psycho-éducation
Au chapitre de la souffrance familiale, la violence des enfants à l’encontre de leurs parents fait l’objet d’une attention particulière de la part des services de pédopsychiatrie du CHU de Montpellier. Souvent confrontés à ce phénomène d’agressivité, les équipes ont mis sur pied un suivi spécifique et innovant pour accompagner les jeunes et soutenir leurs parents. L’enfant est suivi en psychothérapie avec souvent en parallèle une prise en charge médicamenteuse. Le programme montpelliérain comprend aussi la participation des parents à un groupe de psycho-éducation où sont abordées les différentes stratégies de « guidance éducative » basées sur des thérapies comportementales et cognitives et la résistance non violente. Montpellier est le seul établissement en France à avoir mis sur pied une approche spécifique pour les enfants tyrans
Le groupe se déroule dans le service de MPEA du CHU de Montpellier ; il est animé par deux pédopsychiatres et une psychologue et regroupe une douzaine de familles. Les séances sont hebdomadaires étalées sur trois mois.
L’objectif est d’apprendre aux parents à développer des stratégies spécifiques pour reprendre le contrôle et éviter les escalades de violence de la part de leur enfant. Le programme inclut différentes étapes avec les objectifs suivants : comprendre les troubles de l’enfant et son mode de fonctionnement, sortir du secret et créer un réseau de soutien, gérer les crises de colères de l’enfant, renforcer la présence parentale. La résistance non violente est un programme développé à l’Université de Tel Aviv par le Pr Haim Omer qui a montré son efficacité dans des populations d’enfants et d’adolescents ayant des conduites à risque et des troubles du comportement. Cette approche est couplée à des techniques de Thérapie Comportementale et Cognitive utilisées dans les Programmes d’Entraînement aux habiletés Parentales validés dans les troubles du comportement.
Les parents maltraités, un sujet tabou
« Il existe un phénomène de honte et de culpabilité qui est encore aggravé par le fait que l’enfant se comporte bien à l’extérieur. Or il est essentiel que les familles se fassent aider. » insiste le Dr Nathalie Franc, responsable de la filière. Les parents sont dépassés ou n’osent pas en parler et voient la situation leur échapper. Ils n’arrivent plus à décider ni à poser des règles éducatives tandis que l’enfant tyran prend le pouvoir. Il adopte une conduite agressive directe, verbale ou physique contre les parents, souvent lors de crises de colère. Il peut aussi s’en prendre au matériel de la maison (casser des objets auquel le parent est attaché par exemple) ou parfois menacer de suicider ou de fuguer pour arriver à ses fins.
Souvent la tyrannie s’installe progressivement et de façon insidieuse alors même que l’enfant ne présente aucun trouble du comportement en dehors de la maison, ce qui retarde le repérage et la prise en charge. Toutes les familles peuvent être concernées. Celles qui sont très engagées dans l’éducation comme celles qui le sont moins. Les études montrent même que le risque augmente quand l’enfant est particulièrement investi : enfant aîné, unique ou adopté ou enfant ayant été malade dans l’enfance par exemple.
« L’enfant tyran » n’ est pas une catégorie psychiatrique reconnue. Cependant, son profil est habituellement relié au Trouble Oppositionnel avec Provocation (TOP) dans sa forme intra-familiale, et on retrouve classiquement chez ces enfants d’autres troubles psychiatriques associés : Trouble Déficit d’Attention Hyperactivité (TDAH), Trouble Anxiété de Séparation ou Trouble Obsessionnel Compulsif. Pour cette raison, il n’est pas possible de donner un pourcentage d’enfants touchés ni même un profil évolutif de ce taux mais les praticiens constatent une augmentation de ces troubles.