Dans les hypercholestérolémies sévères, l’épuration sanguine, et plus précisément la LDL-aphérèse se présente comme une solution peu invasive mais méconnue. Elle consiste à «laver» le sang de l’excès de cholestérol qui peut se déposer sur les artères, grâce à une technique simple, similaire au principe de la dialyse rénale.
Une anomalie génétique en cause : le cholestérol familial
Si dans la plupart des cas l’excès de cholestérol est jugulé par des traitements appropriés simples, il existe des cas très sévères d’hypercholestérolémie généralement d’origine familiale. Il s’agit de l’anomalie génétique la plus fréquente en France puisqu’elle touche 1 adulte sur 500.
Les patients porteurs de ce type de d’hypercholestérolémie ont des valeurs de « mauvais cholestérol » (LDL-cholestérol) particulièrement élevées (+ de 2 g/litre pour des valeurs de référence inférieures à 1,30 g/litre), qui nécessitent des associations médicamenteuses. Lorsque les patients ne répondent pas à la thérapeutique mise en place (régime, médicaments) et s’ils ont présenté des problèmes cardiovasculaires dus à cet excès de mauvais cholestérol, la LDL-aphérèse est fortement indiquée.
«Laver» le sang de l’excès de cholestérol
Il s’agit d’une technique d’extraction des lipides les plus agressifs (le mauvais cholestérol ou LDL) pour la paroi des artères. Cette technique est peu invasive puisqu’elle est réalisée par ponction des veines périphériques des avant-bras. Au cours d’une séance de 2 à 3 heures, la totalité du sang est épuré du mauvais cholestérol tout en préservant le « bon cholestérol » (HDL-cholestérol). L‘hypercholestérolémie familiale étant une maladie génétique, l’organisme « se défend » en produisant à nouveau son stock de mauvais cholestérol en 15 jours ou 3 semaines. Il est donc nécessaire de répéter les séances d’extraction tous les 15 jours environ.
Une technique préconisée par les autorités de santé pratiquée au CHU de Toulouse depuis 9 ans mais encore trop méconnue
Les instances nationales, notamment l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM), et internationales préconisent la technique de LDL-aphérèse en cas d’échec des thérapeutiques classiques, en fonction des antécédents cardiovasculaires et du niveau de LDL-cholestérol.
Jusqu’à présent, seul le CHU de Toulouse réalisait cette technique dans le Sud- Ouest de la France (mise en place de ce procédé depuis peu à Bordeaux) grâce à l’initiative des Professeurs Jean Ferrières, Cardiologue* et Jacques Pourrat, Néphrologue**.
Actuellement, une quinzaine de patients, suivis par le Professeur Jean Ferrières, bénéficient de ce traitement qui se pratique, sous la responsabilité du Docteur Antoine Huart, dans l’Unité d’Aphérèse Thérapeutique installée dans le secteur d’Hémodialyse Périodique Adulte2 de l’Hôpital Larrey.
* Centre de Dépistage et de Prévention de l’Athérosclérose – Fédération de Cardiologie (Pr Didier Carrié – Pr Michel Galinier) – Pôle Cardio-Vasculaire et Métabolique
** Département de Néphrologie et de Transplantation d’Organes (Pr Lionel Rostaing – Pr Dominique Chauveau) – Pôle Uro-Néphrologie-Dialyse-Chirurgie Plastique-EFPChirurgie Générale et Gynécologique