Chronologie d’un combat pour la reconnaissance d’une faute avérée
– 10 janvier 2010 : séisme touchant l’agglomération de Port au Prince : selon les estimations, entre 100.000 et 300.000 décès.
– Janvier-octobre 2010 : malgré les craintes de certains, aucune épidémie n’est décelée dans les camps de personnes déplacées (plus d’un million de déplacés)
– Septembre 2010 : une épidémie se propage à Katmandou au Népal
– 9 octobre 2010 : un contingent de soldats népalais arrive en Haïti et s’installe dans un camp à proximité du village de Meye, au Sud de Mirebalais
– 18 octobre 2010 : des médecins cubains, appuyant l’hôpital de Mirebalais, alertent le ministère de la santé sur la survenue de plusieurs dizaines de cas de diarrhée aqueuse sévère à Meye puis à Mirebalais.
– 19-24 octobre 2010 : une mission épidémiologique haïtienne enquête sur place mais se voit interdire l’accès au camp militaire. Le rapport qui s’en suit sera tenu secret jusqu’à fin novembre, date où un exemplaire est remis au professeur Piarroux.
– 19-20 octobre 2010 : une épidémie d’ampleur exceptionnelle explose tout le long du cours du fleuve Artibonite, principal cours d’eau d’Haïti. On saura plus tard qu’elle succède au déversement d’une fosse septique du camp militaire dans un affluent de l’Artibonite.
– Octobre-décembre 2010 : l’épidémie se propage en nappe sur tout le territoire haïtien et atteint la République Dominicaine.
– 7-27 novembre 2010 : le docteur Renaud Piarroux, chef de service à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille et professeur à Aix-Marseille université est mandaté pour investiguer l’épidémie, identifier sa source et ses modes de propagation.
– 8 décembre 2010, le rapport du professeur Piarroux est publié. Il indique que la source de l’épidémie est un camp de soldats népalais dans le village de Meye.
– 14 décembre 2010, le Secrétaire Général de l’ONU ordonne une contre-enquête.
– Janvier-Mai 2011, un panel de scientifique est sélectionné par l’ONU pour se rendre sur le terrain et identifier l’origine de l’épidémie. Leur rapport confirme le lieu d’origine de l’épidémie (Meye), indique que les sanitaires du camp militaire et la gestion des fosses septiques ne permettent pas d’éviter la contamination de l’environnement, mais les auteurs se gardent d’attribuer la faute à l’ONU. Ils concluent que le choléra est dû à une conjonction de facteurs et n’est pas dû à la faute d’un individu ou d’un groupe d’individus
– Juillet 2011, l’étude du professeur Piarroux est publiée dans Emerging Infectious Diseases, le journal des Centers of Disease Control and prevention aux Etat-Unis.
– Août 2011, une étude de chercheurs danois et américains indique que les souches isolées en Haïti sont strictement identiques à un clone qui circulait au Népal quelques semaines auparavant.
– Automne 2011, une action en justice est lancée par des avocats haïtiens en lien avec des avocats américains. L’action, portée une première fois devant les tribunaux New-yorkais se solde par un échec, renouvelé en appel (décision notifiée le 18 août 2016) : l’ONU dispose d’une immunité qui l’empêche d’être poursuivie par une cour de justice nationale.
– Au fil des années, les preuves scientifiques s’accumulent montrant l’implication des casques bleus dans l’épidémie et mettant en lumière les tentatives de l’ONU pour étouffer l’affaire. L’ensemble de ces éléments sont colligés dans un livre intitulé Deadly River-Cholera and Cover-up in Post EarthQuake Haiti écrit par Ralph R Frerichs, un professeur de santé publique de l’UCLA (Los Angeles), et publié par Cornell University Press en mai 2016. Le livre décrit le parcours du professeur Piarroux et son combat pour faire connaitre la vérité.
– 18 août 2016, le professeur Philip Aslton, Rapporteur Spécial sur les Droits de l’Homme et l’Extrême Pauvreté, fait le point sur le dossier du choléra en Haïti et conseille fortement le secrétariat général de l’ONU de changer radicalement son approche à savoir : 1) reconnaître la faute de l’ONU, 2) présenter des excuses publiques, 3) s’engager beaucoup plus dans la lutte pour l’élimination du choléra et 4) assister les victimes. Dans ce rapport, Deadly River et le travail du Professeur Piarroux sont plusieurs fois mis en exergue et valorisés.