En dehors de votre rôle de responsable du Centre antipoison toxicovigilance , vous travaillez aussi sur la promotion et la prévention de la santé des hospitaliers. Parlez-nous de cette activité.
Depuis deux ans, le CHU d’Angers s’implique dans la prévention et la promotion de la santé pour ses professionnels. Nous essayons de développer différents axes en fonction des grandes questions sur les addictions, l’activité physique, l’alimentation etc. autour des habitudes de vie saines. Les professionnels de santé sont des personnes comme les autres mais pas complètement. Ils ont une activité professionnelle qui fait qu’ils ont peu de temps de loisir, donc leur activité physique n’est pas optimale. Ça a donc un intérêt, d’une part pour leur santé et d’autre part, pour leurs patients. Du moment où ils sont convaincus de la démarche de prévention de la santé, ils sont ambassadeurs d’une habitude de vie saine dont on connaît les effets sur la santé et la qualité de vie.
Ce programme, HAVISAINES (Habitudes de vie saine), repose sur quatre piliers que sont l’alimentation, le sport, l’alcool, le tabac. Pouvez nous parler de ce choix ?
Les piliers ont été choisis par rapport aux axes majeurs de promotion définis par les autorités sanitaires. Ce sont les quatre principaux facteurs. En réalité, il y en a beaucoup d’autres mais il faut bien commencer quelque part ! Ce qui est bien, c’est qu’on a pu faire participer l’ensemble de nos professionnels, dans la déclinaison de ces actions. Grâce à des enquêtes internes bien menées par nos collègues en 2022, on a pu à la fois avoir une idée des attentes et identifier des personnes qui pourraient nous aider à les réaliser.
HAVISAINES est porté par Céline Schnebelen, directrice adjointe à la Santé Publique notamment sur le CHU d’Angers et un médecin, Marie Brière, que j’ai récemment remplacé, en tant que porteur médical. On a aussi des chercheurs qui nous aident à fabriquer le projet et un groupe pluri-professionnel de soignants et d’agents administratifs et techniques. Car si, par exemple, on parle d’alimentation, on implique l’Unité de préparation culinaire du CHU. Quand on parle d’activité physique, on implique nos collègues des espaces verts. On peut y ajouter les aspects logistique, ressources humaines, et gestion.
On a tous les éléments pour réussir, dont des gens motivés, qui ont plein d’idées, qui sont demandeurs. Finalement, on y arrive en mettant des moyens qui ne sont pas si importants que ça. Et cela donne des professionnels de santé épanouis, même si, bien entendu, ça ne résout pas tout, compte tenu des problèmes actuels de notre société. C’est un petit plus qui fait qu’au CHU d’Angers, on se sent bien.
Vous parlez de programmes innovants. Quelles sont les actions que vous proposez à ces professionnels ?
Les méthodes des axes HAVISAINES sont à peu près toutes les mêmes. Au niveau de l’activité physique, on a demandé à nos professionnels ce qu’ils aimeraient avoir. La réponse a été « on aimerait bien avoir la possibilité de faire du sport au CHU. » Avec l’aide de certains collègues et de l’association sportive du CHU, on propose maintenant des cours de sport. Très prochainement, il va y avoir un parcours réalisé avec des équipements sportifs au sein du CHU. Au niveau de l’alimentation, un élément en particulier est ressorti : bien manger, c’est manger varié, des produits de qualité et pas forcément que de la viande. On a donc des demandes de menus diversifiés sur le plan végétarien. A partir de là, un plan d’action a été calé comme tout projet. Demain on ouvre le menu végétarien avec un test : le midi veggie.
Est-ce que vous avez des moyens pour évaluer cette progression du bien-être chez vos professionnels ou c’est encore trop tôt ?
C’est un peu tôt. C’est un projet qui a commencé il y a deux ans. L’année 2024 est déjà très riche en termes d’actions mais on voit bien qu’il faut du temps pour mettre en place les cours, trouver les financements etc. On voit qu’on pose toujours les mêmes questions sur les attentes, les attitudes de vie saines et sur l’état de santé. Ce qui est sûr, c’est que parmi les réponses et avec toutes les limites d’interprétations, on a l’impression qu’il y a quand même une petite amélioration. Est-ce qu’elle est significative ? Il est trop tôt pour le dire.
L’objectif final, au-delà du bien-être de ces professionnels, c’est qu’ils en deviennent eux-mêmes ambassadeurs auprès de leurs collègues et entourage ?
L’objectif c’est de se dire qu’un professionnel de santé qui se sent bien, s’occupera bien de ses patients. Je pense que c’est important de montrer que le CHU s’occupe de ses agents. En tant que professionnel de médecine du travail, je crois profondément qu’en ayant de bonnes conditions de travail, on fait un bon travail. Les habitudes de vie saines, ce n’est qu’un petit plus, mais c’en est un. Il y a aussi tout le travail de nos collègues de service de prévention santé au travail ou les partenaires sociaux en lien avec la direction, pour l’amélioration des conditions de travail. Néanmoins, ce petit plus va permettre un meilleur épanouissement, qui va occasionner du bon soin. En plus de ça, à partir du moment où on est ambassadeur d’une habitude de vie saine, on est capable de ne pas être dans des messages négatifs mais, au contraire, dans des messages positifs associés à la prévention.
Pensez-vous être un ambassadeur du bien-être ?
J’espère l’être. Je ne suis pas parfait, par exemple je ne déjeune pas le midi. Mais j’essaye de trouver un petit moment pour faire du sport, comme vous pouvez le voir avec mon vélo. Mais encore une fois, je crois au message sinon je ne le ferais pas.
Propos recueillis par Adrien Morcuende