S’il fallait chercher un slogan pour résumer le programme affiché, on aurait sans doute repris « l’avenir en commun. » Le 13 décembre dernier, la cité des congrès de Nantes a été le théâtre d’un rendez-vous inédit. Tout au long de la journée, représentants de l’hôpital et de la filière Healthtech ont partagé la scène des tables rondes, ateliers et autres rendez-vous d’affaires. Plus précisément, ils étaient un peu plus de cent soixante ambassadeurs des Centres Hospitaliers Universitaires à rencontrer près de deux cent soixante acteurs évoluant dans les technologies de la santé, à savoir une quinzaine de biotechs, plus de cent entreprises de santé numérique et intelligence artificielle, ou encore trente-cinq sociétés du dispositif médical. Industriels, membres d’instituts de recherche SATT (société d’accélération du transfert de technologies) et de fonds d’investissements étaient aussi de la partie.
L’objectif de cet événement tout neuf, piloté par la Conférence des Directeurs Généraux de CHRU et France Biotech : « créer des synergies entre les hôpitaux et la healthtech au service de la santé de demain » et “contribuer aux enjeux du Plan Innovation Santé France 2030.”
L’innovation, maître-mot
Au cœur de cette ambition affichée, la thématique de « l’innovation » en santé, qui est venue ponctuer dès 8h45 les prises de paroles de la conférence de presse inaugurale. « L’innovation c’est l’ouverture au monde des CHU, des industriels, des starts-up… et cette ouverture nous caractérise« , a ainsi déclaré Marie-Noëlle Gerain-Breuzard, présidente de la Conférence des Directeurs Généraux de CHRU, avant de lier le destin de l’hôpital public à cette même notion, incarnation de « l’espoir de retrouver demain des bouffées d’attractivité » après « trois années qui ont désorganisé la prise en charge et fatigué nos troupes. » Elle n’est pas la seule à en être convaincue.
Après Franck Mouthon, président de France Biotech qui a insisté sur le rôle d’accélérateur des innovations de ce premier « Connexion Day », ce fut au tour de Florence Favrel Feuillade, DG du CHU de Brest et présidente de la commission CRI de la Conférences de DG de CHU, d’en venir à cette volonté de » faire gagner la France et le système de santé que l’on a besoin de réenchanter » grâce aux « vagues d’innovations à venir« .
La condition sine qua non pour une transformation du système de santé
Plusieurs tables rondes se sont enchaînées jusqu’à la mi-journée, parmi lesquelles une Introduction sur les grandes tendances de l’innovation en santé animée par Lise Alter, Directrice Générale de l’Agence de l’Innovation en santé, puis, durant une heure, une proposition de Regards croisés sur les opportunités de partenariats entre Healthtech et Hôpitaux, échange auquel ont participé plusieurs personnalités des CHU comme Florence Favrel Feuillade, Stéphanie Decoopman (Directrice Générale Adjointe de l’AP-HP), Yann Bubien (DG du CHU de Bordeaux), et le Pr Karim Asehnoune (Président de la commission recherche et innovation de la Conférence des présidents de CME).
On retiendra notamment les voeux émis par ce dernier de lever le frein autour de la valorisation d’un projet ou d’une découverte au sein d’un CHU (propriété intellectuelle, création de valeur), de gagner en simplification et fluidité en amenant les porteurs de projets vers un guichet territorial/national unique, et en soutenant le plus précocement possible ceux qui ont les qualités requises pour devenir les « licornes » de demain.
Pitchs par les acteurs de l’innovation, « rendez-vous en B2B », sessions d’ateliers pratiques, articulés autour de trois axes (conditions d’émergence des innovations, accompagnement au développement, évaluation et accès au marché des produits et services) et déclinés sur différentes thématiques (Achat à l’hôpital : frein ou accélérateur de l’innovation ? / Partage des données et santé numérique : le partenariat au cœur de l’innovation / Renforcer l’attractivité de la France en recherche clinique pour les promoteurs etc.), autant d’interventions qui se sont succédées pour dire là encore l’impérieuse nécessité de collaborations entre les CHU et les entreprises en santé autour de projets innovants.
Un constat que partage François Braun, ministre de la Santé venu clôturer cette journée, qui a prévenu à son tour que la transformation en profondeur du système de santé se ferait grâce à des solutions innovantes, ou n’aura pas lieu.
Des soignants trop peu nombreux
A regarder les différents supports de sa communication, le doute n’est pas permis : pour la Conférence des DG, ce première édition du CHU HealthTech Connexion Day est un succès. En témoignent les « projets de travaux lancés suite aux échanges issus des ateliers, parmi lesquels : la structuration et expertise data, l’attractivité de la recherche clinique, la structuration des réseaux, l’anticipation des étapes d’accès au marché, le modèle économique. » Et si selon la Conférence des DG de CHU ces chantiers d’innovations doivent, à terme, servir « les patients, les soignants et les acteurs hospitaliers », on peut toutefois regretter la faible représentation des médecins, chirurgiens et personnels paramédicaux des 32 CHU français durant cette journée.
Ces derniers seraient pourtant tout autant concernés par l’innovation. Quelques heures plus tôt, le Pr Karim Asehnoune, Président de la CME du CHU de Nantes et Président de la commission Recherche et Innovation de la Conférence des Présidents de CME, indiquait les fortes attentes qu’ont les soignants des nouvelles technologies et de l’innovation, « une source de motivation importante« . Reste donc à espérer que ces personnels soignants soient plus nombreux lors de la prochaine édition de “CHU HealthTech Connexion Day”, qui doit se dérouler à Marseille l’an prochain.
Adrien Morcuende
Infos Utiles : La Healthtech en France
« D’après l’OMS, les technologies de la santé comprennent les médicaments, les dispositifs médicaux, les technologies d’assistance, les techniques et les procédures mises au point pour résoudre les problèmes de santé et améliorer la qualité de vie. Ces technologies sont utilisées dans tous les types d’établissements de santé, jouent un rôle majeur dans les systèmes de soins de santé contemporains et contribuent directement à la qualité des soins aux patients. »
(source France Biotech)
Quoi et combien ?
2000 entreprises dont 750 biotech, 1100 medtech et 200 entreprises d’e-santé.
La Healthtech est essentiellement composée de startups issues de la recherche publique.
Qui ?
78% des entrepreneurs sont médecins, chercheurs ou scientifiques.
Pour quoi ?
4000 innovations médicales en développement ou commercialisées dont
1900 issues des biotechs
2200 dispositifs médicaux
400 produits de santé digitale
Finalité des produits biotech :
- 35% : éradication de la maladie
- 26% : amélioration de l’espérance de vie
- 12% : à destination de la prévention
Finalité des produits medtech
- 28% : dépistage précoce
- 20% : éviter les complications
- 12% : améliorer l’espérance de vie
Finalité des produits e-santé
- 42% : amélioration de la prise en charge
- 25% : optimisation du parcours de soin
- 14% : diagnostic précoce
- 14% : optimisation de la recherche et du développement
Qui finance en France ?
En 2020, 39.1 milliards d’euros ont été levés par les Healtech françaises en capital.
Le capital-risque est la première source de financement de la Healthtech en France.
(Source Medquest)