Les conférences de santé publique organisées par le CHU de Nice abordent un phénomène de société récent : la dépendance des jeunes aux jeux vidéo.
Une addiction qui ne cesse d’inquiéter les familles
L’attachement excessif à la console ou à l’ordinateur relève moins du jeu lui-même que de la fragilité de la personne, sauf pour les jeux « en ligne » de simulation d’univers qui comportent plus de risques.
L’organisation de toute la vie d’une personne autour du jeu, ce qui ressemble à une toxicomanie, ne concerne heureusement qu’à peine 10% des consommateurs réguliers. Ceci dit, les jeux vidéo « accrochent » en provoquant un phénomène de « récompense» très puissant apportant un plaisir intense et une valorisation facile. Et c’est un piège redoutable car la puissance du lien dans l’interaction avec l’écran et dans la manipulation directe des images – la puissance du virtuel – surpasse et risque de remplacer le plaisir ordinaire du travail de la lecture, qui renvoie à celui de l’imaginaire. Dans tous les cas, c’est la fragilité de la personne qui est à l’origine de la dépendance et qui risque d’enfermer le sujet dans un système clos, notamment sous l’effet de facteurs favorisants comme les difficultés d’accès à l’autonomie liées l’adolescence, une personnalité timide, un entourage instable….
La dépendance correspond souvent à une fuite relationnelle, une compensation par rapport à des risques affectifs questionnant l’identité. Cet horizon de difficultés va fixer le jeu vidéo comme un baume médical sur une souffrance relationnelle. Mais ce médicament est très dangereux parce qu’il enferme le sujet dans un vrai piège. Parmi les conseils que nous pouvez donner aux familles inquiètes de l’intérêt de leur enfant pour les jeux vidéo, il semble important de leur proposer d’abord de dédramatiser le débat. On se doute bien que l’on ne peut pas faire machine arrière : la puissance informatique est celle du monde moderne et il nous faut l’assumer.
Bien plus, il faut savoir qu’il y a dans le modèle informatique du jeu vidéo des ressources pédagogiques et cognitives très puissantes, déjà utilisées dans l’enseignement, et même en thérapeutique.
Il est possible de s’intéresser aux jeux vidéo lorsqu’on est adulte, de se les faire expliquer et même d’en faire l’expérience ! Rien ne sert de croire que c’est en les interdisant que le problème va se résoudre. Le vrai problème est au joueur, à l’histoire de ses relations : famille, copains… « petite amie »…. et à l’équilibre de ses activités travail/détente et de ses loisirs : sorties, TV, cinéma, sport, lecture… Tout est dans la mesure.
Les conférences de santé publique se prolongent au Centre universitaire méditerranéen.